Le concile Vatican II : « la plus grande grâce du XXe s. », par Marco Roncalli

Jean-Paul II « se sentait fils de Jean XXIII »

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Pour Marco Roncalli, historien, petit neveu et biographe du pape Jean XXIII-Angelo Roncalli, le Concile Vatican II a été « la plus grande grâce du XXe s. »

Le lien entre les deux papes canonisés ensemble, c’est justement le Concile, explique-t-il. Il cite cette expression du P. Xavier Léon-Dufour, sj : une canonisation c’est une « grande provocation » ! Ce n’est pas un « prix pour super héros ». Les deux papes ne se font « pas d’ombre », car Jean-Paul II « se sentait fils de Jean XXIII ».

Il souligne que la principale raison qui a poussé Jean XXIII à convoquer un concile est d’ordre « pastoral », avec trois principaux objectifs : « l’ouverture de l’Eglise au monde moderne, le retour à l’unité des chrétiens, et envoyer un message de justice et de paix ».

Genèse d’un concile

Autant d’idées déjà semées par des théologiens qu’il allait réhabiliter : il s’appuyait sur le renouveau liturgique, le renouveau biblique et patristique, les progrès de l’oecuménisme, et la nouvelle importance du rôle des laïcs.

Il a rassemblé ces questions, comme un « père », un « berger », un « pasteur ». Certes des dossiers existaient déjà, nourris sous les pontificats de ses prédécesseurs, Pie XI et Pie XII. Mais Jean XXIII a abordé les questions selon son style : Jean XXIII les ne fait pas étudier, la seule consultation qu’il fait est celle de son secrétaire d’Etat Domenico Tardini (+ 1961), et il prend sa décision.

Il est vrai, souligne l’historien, que son expérience l’avait préparé : comme nonce apostolique, en Bulgarie – au contact de l’orthodoxie, et de la synodalité vécue – et en Turquie – au contact de l’islam – ; comme historien du Concile de Trente ; sa connaissance du ministère pastoral de saint Charles Borromée.

A Paris que l’historien définit « la nonciature la plus importante du monde », il a eu à sa disposition des sources incroyables, des rencontres, à l’époque de l’épuration de l’après-guerre en France, de la confrontation avec la laïcité, de la Nouvelle théologie, des prêtres ouvriers. La France, explique encore Roncalli, « se réveillait après une période difficile », et le nonce avait une « vision pastorale diplomatie vaticane » : « il a interprété de façon forte cette dimension pastorale », pour une Eglise aux « portes ouvertes ».

Il a rencontré « toute la France, a précisé l’historien, y compris les protectorats, la Tunisie, l’Algérie, où les plus petites fêtes de paroisse, et encore la conférence de paix à laquelle a participé le frère du futur pape Paul VI, Ludovico Montini.

L’Eglise, comme un jardin fécond

Et surtout, pour lui l’Eglise n’était pas un « musée » mais un « jardin à cultiver » sans rien inventer : tous « les éléments de sa vitalité se trouvent déjà à l’intérieur ».

Ainsi, pour comprendre pleinement le Concile « il faut voir ce qui a précédé et aussi ce qui est venu ensuite » : « le pape Jean a été le secrétaire d’un grand évêque, il a participé à différents synodes, comme non, il a été au contact des synodes des Eglises orientales, et son intérêt est bien connu, en tant qu’historien, pour le Concile de Trente ».

Marco Roncalli souligne que « la préparation, qui a duré 44 mois, a été plus longue que le Concile même ».

Pour ce qui est du nom de « Vatican II », il a été donné par le pape Jean XXIII le 4 juillet 1959 à Saint-Pierre, « quand il a décidé qu’il se serait appelé ainsi et que cela n’aurait pas été le prolongement de Vatican II », (inachevé en raison de la situation politique internationale de l’époque), ni sa « conclusion » : ce serait un « nouveau concile ».

Le salut de l’humanité

La bulle officielle de convocation du Concile s’intitule « Humanae Salutis » et parle du concile de Trente pour s’en différencier.

Pour le pape Jean il s’agissait, continue l’historien, de  « proposer la force de la foi dans sa capacité d’attirer »,  et non pas de prononcer « des excommunications », « des anathèmes » : il donne ces indications « importantes » et « très précises ».

Il veut « proposer la saine doctrine du Saint-Esprit, la force de la foi et sa force d’attraction et d’invitation ».
Du point de vue de la méthode de travail, il a décidé de « ne pas intervenir dans la préparation » et le travail de la « commission » ad hoc, il a invité les évêques à être « responsables », à « comprendre leurs propres situations », il a en quelque sorte « obligé les pasteurs à se connaître, à être acteurs ».

Le 8 décembre, à la fin de la 1ère session il a affirmé « la sainte liberté des enfants de Dieu » qui a émergée au Concile.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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