Le christianisme peut être « un pont vers l’avenir » pour les musulmans

Intervention du cardinal Foley à un congrès sur l’exode des chrétiens au Moyen-Orient

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ROME, Mardi 8 décembre 2009 (ZENIT.org) – Dans un Moyen-Orient toujours plus rongé par l’instabilité, les chrétiens, protagonistes d’un véritable exode, peuvent être pour les musulmans un pont vers l’avenir.

C’est ce qu’a affirmé le cardinal John P. Foley, Grand Maître de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, vendredi 4 décembre en intervenant à la Norwegian School of Theology d’Oslo (Norvège) sur le thème « L’exode des chrétiens de Terre Sainte : défi pour une paix durable ».

Dans son discours, le cardinal Foley s’est dit inquiet de voir les chrétiens continuer leur exode de Terre Sainte, ces chrétiens dont le taux de présence dans la région, il y a 60 ans, était de 20% et qui, aujourd’hui, est descendu à moins de 2%.

« La présence des chrétiens en Terre Sainte aujourd’hui est source d’espérance pour la compréhension, la paix et la réconciliation », a-t-il déclaré.

Pour le cardinal Foley, le christianisme est « un pont d’avenir pour le monde arabo-musulman » dans la mesure surtout où « les chrétiens du monde occidental ont appris et porté certaines valeurs et certaines perspectives extrêmement importantes », comme la séparation entre l’Eglise et l’Etat ou l’idée que la dignité et la liberté humaine exigent le respect de la conscience de l’individu, ceci portant à la « liberté de culte ».

« Ceci est bouleversant pour le monde islamique », qui doit toutefois « intégrer ces valeurs dans sa vie quotidienne » s’il veut « entrer pleinement dans la société moderne », a-t-il poursuivi.

Etant « transnational, transétique et transculturel », le christianisme, a rappelé le cardinal Foley, est du reste un don pour tous.

« Jésus est venu sauver tout le monde. L’Esprit Saint a soufflé sur tout le monde. La mission de l’Eglise est pour tout le monde, a-t-il déclaré. Et l’Eglise catholique, l’Eglise universelle, a cette dimension », « elle sert tout le monde ».

Un long déclin

Le cardinal Foley a rappelé que depuis la fin de la première guerre mondiale, qui a mis fin à 400 années d’hégémonie ottomane, « les chrétiens ont commencé à décliner partout » au Moyen-Orient.

Les raisons de ce phénomène, a-t-il relevé, sont multiples, à commencer par le fait que les chrétiens « tendent à être très bien instruits par rapport à la majorité de la population, et, comme nous le savons, il semblerait que plus les niveaux d’instructions et les opportunités économiques pour la famille sont élevées, et plus petites sont les dimensions de cette dernière ».

Un autre raison de ce déclin est bien entendu l’émigration, due en premier lieu au fait que «  les chrétiens, dans beaucoup de pays, se sentent socialement exclus, voire discriminés », dans la mesure où « les niveaux plus élevés du système politique et social sont réservés aux musulmans ».

Selon le cardinal, l’émigration n’est pas un mal en soi, mais implique une perte, car, « avec l’exode des chrétiens c’est tout un patrimoine et une culture qui se perdent ».

D’un autre côté, il estime « compréhensible que les chrétiens et d’autres au Moyen-Orient aspirent à une vie meilleure », la présence chrétienne reposant alors entre les mains « d’une petite minorité courageuse, alors que dans d’autres régions du monde il y a du travail, des possibilités d’instruction, un avenir et la liberté ».

Dans ce contexte, le défi important est de « créer un climat pour une migration sûre », avec des lois qui permettent aux chrétiens de vivre sur leur terre s’ils le souhaitent ou de s’en aller, sans dispositions qui « nient l’entrée, limitent les mouvements et restreignent la citoyenneté ».

« Il est paradoxal » que nous nous préoccupions de ce que les animaux migrent librement sans rencontrer d’obstacles et que l’on ait moins d’attentions pour les êtres humains, a commenté le cardinal Foley.

« Et dans les migrations, a-t-il ajouté, comme le voyons chez les oiseaux, les abeilles, les saumons ou les éléphants, les migrants reviennent toujours. Pourquoi les chrétiens ne peuvent-ils pas revenir au Moyen-Orient si la situation sociale, culturelle et historique les attire ? ».

Du reste, a-t-il commenté, le christianisme « est un mouvement » : « la mission des chrétiens est de se répandre dans le monde », car l’évangélisation c’est répandre le Royaume de Dieu, et comme ils partent ils peuvent rentrer.

Devant un tel panorama, en plus d’assister tous ceux qui restent dans leur patrie, il faut accueillir celui qui migre et favoriser son arrivée, en demandant par exemple des politiques de migration moins restrictives, estime le cardinal Foley.

« Notre mission, a-t-il conclu, est d’aider les chrétiens à survivre en Terre Sainte, en les soutenant au plan financier, personnel, en leur rendant visite et en organisant chez eux des pèlerinages, en encourageant l’instruction et le développement de ceux qui vivent sur place et en nous engageant dans ce courageux combat pour la justice et la paix ».

Roberta Sciamplicotti

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ZENIT Staff

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