Le Christ, les saints, n´ont pas "lutté contre des moulins à vent!"

Print Friendly, PDF & Email

Prédication du Vendredi saint

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Vendredi 13 avril 2001 (ZENIT.org) – Le Christ, les saints, n´ont pas « lutté contre des moulins à vent! », s´exclamait le P. Raniero Cantalamessa, au terme de sa prédication du Vendredi saint en la basilique Saint-Pierre. Le Prédicateur de la Maison pontificale centrait son homélie sur le fait que le Christ n´a pas seulement vaincu par sa Passion, sa mort et sa Résurrection, le péché et la mort, mais le démon. Nous donnons ce compte rendu de l´homélie d´après des notes prises au vol de la prédication.

La liturgie de la Passion du Christ était présidée par le pape Jean-Paul II dont le trône était placé devant le pilier de droite – où se trouve la niche de saint Longin – entourant l´autel de la Confession de Saint-Pierre. Rappelons que ces piliers ont été aménagés par le pape Urbain VIII pour abriter des reliques de la Passion du Christ. C´est le Bernin qui a sculpté lui-même la statue de saint Longin, le soldat qui avait frappé de sa lance le côté du Christ en Croix et a vu en jaillir « aussitôt » du sang et de l´eau (Jn 19, 34). Selon la tradition, le soldat se convertit et mourut martyr. La lance de Longin aurait été offerte au pape Innocent VIII (1484-1492) par le sultan Bajazet, fils de Mahomet 1er, en 1492.

Depuis le pupitre placé devant l´autel de la Confession, le prédicateur de la Maison pontificale a donné l´homélie, comme c´est la tradition, le Vendredi saint, après la lecture de la Passion du Christ. Les fidèles étaient ainsi en prière depuis une heure lorsque le P. Cantalamessa prit la parole. L´homélie allait être suivie par l´intercession solennelle, la vénération de la Croix « Voici le bois de la Croix, salut du monde », et la sainte communion.

Selon le récit de l´Evangile de Luc, disait le Capucin, après les tentations, le démon s´éloigna du Christ « jusqu´au temps fixé ». C´est l´interprétation « unanime » de tout le Nouveau Testament, souligne le prédicateur, que le Christ, selon les paroles de l´Epître aux Hébreux est venu « réduire à l´impuissance par sa mort celui qui avait le pouvoir de la mort, le diable ».

Mais, rappelle le prédicateur, l´apôtre Pierre appelle les fidèles dans sa lettre à la tempérance et à la vigilance parce que le « démon » est comme « un lion rugissant cherchant qui dévorer ».

Le P. Cantalamessa souligne le « caractère dramatique » de cette lutte du chrétien: lors du baptême – et du renouvellement des promesses de son baptême, le baptisé « renonce » en effet à Satan et professe sa « foi au Christ ». Le prédicateur ajoute aussi que le démon « veut le mal, mais fait le bien », car Dieu permet désormais son action uniquement pour « la purification et l´humilité de ses élus ». Et de citer les paroles d´un « Spiritual » qui dit: « Ce vieux Satan est fou, il m´a tiré dessus pour tuer mon âme; il a mal visé, et il a tué mon péché! »

Nous luttons désormais « contre la chair et le sang »: « le diable lui-même s´est sécularisé! », remarque le P. Cantalamessa. Le monde moderne, explique-t-il a comme une « allergie » lorsqu´on parle du démon. On préfère y voir « la somme du mal moral », un « mythe », ou « l´inconscient collectif », ou encore « l´aliénation collective ». Ce qui a provoqué de vives réactions lorsque le pape Paul VI a rappelé qu´il s´agissait « d´un être vivant, spirituel », « perverti » et « pervertisseur ». Des théologiens eux-mêmes, faisait-il remarquer sont « intimidés » et n´en parlent pas. On préfère des interprétations « mythologisantes » ou « psychanalytiques »? Or, il existe un niveau où « l´explication pathologique ne suffit pas ».

« Le résultat de ce silence? » interroge le prédicateur. « Le démon chassé par la porte revient par la fenêtre »: superstitions, mages, horoscopes, amulettes, sectes sataniques, etc. C´est un « phénomène social » qui assume des proportions « démesurées » dans une société soi-disant « rationnelle » et « technique ».

La meilleure preuve de l´existence du démon, continue le prédicateur ce ne sont pas tant les formes « inhumaines » du mal, ou sa recherche de « doublures », de « sosies », pour se fondre avec le monde comme un « caméléon ». La meilleure preuve de son existence, dans notre histoire « c´est la vie des saints ». Là, explique le P. Cantalamessa, il est « à découvert », « noir sur blanc ». Dans l´Evangile, son existence n´éclate pas d´abord dans les « libérations » ( où est la limite avec le pathologique?) mais dans les Tentations du Christ, affirme le prédicateur.

De même, dans la vie des saints, comme François d´Assise: c´est le même, explique le Capucin, qui chante le Cantique des Créatures et lutte contre le démon. Sainte Catherine de Sienne: c´est la même qui intervient dans la vie politique de son pays et est, selon la mot de ses confesseurs « martyrisée par les démons ». Padre Pio: c´est le même qui fait construire cet hôpital énorme et ultra moderne de la « Maison du soulagement de la souffrance », à San Giovanni Rotondo, où se trouve son couvent de Capucin, et qui doit lutter aussi contre les démons. Il ne faut pas « diviser » leur vie, par « honnêteté » et par cohérence « psychologique », dit-il.

Le Christ, les saints, conclut le prédicateur, n´ont pas « lutté contre des moulins à vent! » Il ne faut pas cacher cette « lutte souterraine », ces « rugissements du lion ». Mais alors pourquoi souvent, ne l´entend-on pas? Parce qu´on le cherche dans les « livres », explique le prédicateur. Il n´aime pas les « livres », les « bibliothèques », les « tables rondes ». Ce qui l´intéresse, ce sont « les âmes ». C´est donc là, insiste le P. Cantalamessa, qu´on le trouve!

Une certaine culture qui se déclare athée, ne peut reconnaître le démon: ce serait « tragique » de ne pas croire à Dieu et de croire au diable, explique le prédicateur. « Il y aurait de quoi désespérer », dit-il. Alors, on croit avoir à faire à des représentations allégoriques, « comme cet astronaute soviétique qui n´avait pas rencontré Dieu dans le ciel ». « Il n´avait pas cherché du bon côté! »

Mais il faut aussi ramener le « démon » à sa juste dimension. On peut en faire un « égal » de la divinité bonne, comme dans certaines « religions dualistes ». Or la Bible enseigne qu´il s´agit « d´une créature de Dieu qui a mal tourné ». Il reste cependant aussi une « obscure réalité », « un mystère », mais pas « l´unique Mystère de la Vie ». « Nous croyons en Dieu et en Jésus-Christ », mais nous ne mettons pas notre foi dans le démon! S´exclame le prédicateur. Et la confession de foi: » ´Jésus est le Seigneur´ est un exorcisme infaillible », dit-il en ouvrant les bras en croix.

On peut aussi le voir « partout ». Or, « le démon se réjouit lorsqu´il est accusé, explique S. Augustin, cité par le prédicateur, si cela te conduit à ne pas confesser ton péché ».

Le prédicateur invitait alors l´assemblée à se réjouir avec le Vainqueur, le Christ, à « s´agenouiller devant le Vainqueur » et à « embrasser le Crucifix ».

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel