Le Christ et la culture : les deux grandes passions de Mgr Ravasi

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Confessions du président du Conseil pontifical de la culture

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ROME, Jeudi 10 décembre 2009 (ZENIT.org) – Le président du Conseil pontifical de la culture, Mgr Gianfranco Ravasi a une si grande mémoire que si on lui demande comment il a découvert sa vocation au sacerdoce, il remonte jusqu’aux premières années de vie.

Né en 1942, Mgr Ravasi se souvient d’un épisode vécu alors qu’il n’avait que quatre ans et demi. La Seconde Guerre mondiale venait tout juste de finir. Il voit le soleil se cacher derrière une colline et entend un train qui passe, le sifflement de la vapeur… « Ce son a quelque chose de mélancolique : il renvoie à ton esprit cette idée de départ », confesse-t-il à ZENIT.

« Et je me souviens très clairement de cette sensation profonde que j’ai eue de la fragilité des choses. C’était quelque chose qui me faisait comprendre le sens de la mort ou, du moins, le fait de ne pas être totalement en sécurité ici. Je crois que cet élément fut un élément important dans ma recherche de Dieu », ajoute-t-il.

Puis, discernant sa vocation et entrant au séminaire, il commence à déchiffrer et à comprendre cette sensibilité et cette nostalgie de l’infini qu’il avait toujours senties comme un appel à participer et à faire participer les autres à l’Eternité, à travers sa vocation au sacerdoce.

« A l’époque, je sentais désormais que choisir Dieu était comme choisir le sens ultime de la vie », explique-t-il.

La foi au travers de la culture

Mgr Ravasi a hérité de sa mère sa passion pour la lecture. Très jeune il lisait déjà Platon, saint Augustin, Pascal, Kierkegaard, Dostoïevski, entre autres auteurs. « Fondamentalement, on voit une ligne de ceux qui exaltent l’intuition, l’illumination plus que l’acquisition ».

Mgr Ravasi est aussi un grand mélomane. Il écoute en particulier Bach et Mozart, de la musique baroque et contemporaine.

Il découvre aussi ce lien très fort qui unit l’art et la spiritualité dont, selon lui, « le but ultime est de faire découvrir à travers des instruments finis la parole, les images, les sons, et de représenter l’infini ».

« Si je veux mieux comprendre la passion du Christ, avec ‘La passion selon Matthieu’ de Bach j’entre en profondeur dans une dimension spirituelle », souligne-t-il.

Mgr Ravasi ne cache pas non plus son admiration pour l’art, bien qu’il dise ne pas savoir en créer ou produire : « J’ai tellement de respect et d’admiration pour le génie que je ne peux pas, je ne veux pas imiter, ça serait faire quelque chose de disgracieux ».

L’art d’écrire (à la main)

Mgr Ravasi a désormais perdu le compte des livres qu’il a écrits. Il estime en avoir écrit à peu près 150. Il aime écrire la nuit : « je dors peu, quatre heures me suffisent et je me sens reposé comme si j’en avais dormi huit ».

Il écrit toujours à la main, n’utilise jamais l’ordinateur. Pas très porté pour les travaux manuels, il pense que c’est justement pour cela qu’il ne s’y connaît pas beaucoup en nouvelles technologies (même si un groupe de ses admirateurs est sur Face book). C’est un grand chercheur mais il n’utilise jamais « Google » comme outil.

Il a par contre besoin de références bibliographiques ; il est capable de se souvenir à quelle page se trouve une chose qu’il a lue 10 ans auparavant et d’aller la rechercher. « Les personnes cherchent sur Google quelque chose sur l’espérance et trouvent 58.000 possibilités. Comment font-ils ? Moi je n’en ai peut-être que 300, mais je sais lesquelles choisir et où », commente-t-il.

Parmi ses livres, il dit avoir surtout aimé écrire « 500 curiosités de la foi », « Brève histoire de l’âme » et les commentaires des psaumes et du Cantique des Cantiques, ainsi que des articles pour le journal « Avvenire ».

Appelé par Dieu

Le président du Conseil pontifical de la culture, ordonné prêtre dans le diocèse de Milan, dit avoir vécu sa vocation sacerdotale en trois étapes : dans sa jeunesse, lorsqu’il a enseigné pendant 20 ans à la Faculté théologique du nord de l’Italie ; puis lorsqu’il a été préfet de la Bibliothèque ambrosienne de Milan et enfin, aujourd’hui, dans sa fonction actuelle.

Pendant 22 ans, ce grand bibliste a dirigé les cycles de rencontres de lectio divina au centre d’études San Fedele de Milan. En général, cela se passait durant le Carême ou l’Avent de chaque année.

C’est aussi un ami des moyens de communication : il écrivait quotidiennement, sauf le lundi, un article sur « Avvenire », le journal de la Conférence épiscopale italienne, et a dirigé et animé sur la chaîne de télévision privée italienne Canale 5 une émission appelée « Les frontières de l’Esprit ». « J’ai commencé à recevoir des lecteurs ou des auditeurs, dont 20% de non croyants, 5.000 lettres par an », rapporte-t-il.

Pour Mgr Ravasi, avoir été nommé par le Saint-Siège au poste de président du Conseil pontifical de la culture fut une grande joie. « Je ne suis pas un homme de curie, un homme de carrière. C’est une nouvelle perspective, non plus de l’Italie mais de l’Eglise universelle ».

Quand on lui demande quels éléments ne peuvent manquer dans la vie d’un prêtre, Mgr Ravasi renvoie à des lieux symboliques que tous ceux qui sont appelés à cette vocation ne doivent jamais perdre de vue.

Le premier est l’agenouillement, car « l’invocation, la prière, la primauté de la grâce est fondamentale ». Puis il y a la «  table de travail », où le premier livre posé doit toujours être la Bible.

Mgr Ravasi confesse qu’il est de caractère plutôt pessimiste et insatisfait de la fragilité humaine, mais déclare que le service du Christ par la culture est une mission qui le comble et un excellent outil pour dialoguer avec le monde laïc.

Aussi juge-t-il son sacerdoce « très serein, très joyeux, en dépit de toute difficulté ».

Propos recueillis par Carmen Elena Villa

Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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