Le Christ continue de ressusciter des jeunes dont le cœur est « mort »

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Homélie du dimanche 2 juillet, du père Raniero Cantalamessa

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ROME, Vendredi 30 juin 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 5, 21-43

Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord du lac. Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait. Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – Elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement. Car elle se disait : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » A l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondaient : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : ‘Qui m’a touché ?’ » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait ce geste. Alors la femme, craintive et tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Mais Jésus reprit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre pour annoncer à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de la synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Il ne laissa personne l’accompagner, sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui l’accompagnent. Puis il pénètre là où reposait la jeune fille. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher -elle avait douze ans. Ils en furent complètement bouleversés. Mais Jésus leur recommanda avec insistance que personne ne le sache ; puis il leur dit de la faire manger.

© AELF

Talitha koum, jeune fille, lève-toi

Le passage de l’Evangile de ce dimanche est constitué de scènes qui se succèdent rapidement, dans des lieux différents. Il y a tout d’abord la scène sur les rives du lac. Jésus est entouré d’une grande foule lorsqu’un homme se jette à ses pieds et le supplie : « Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive ». Jésus interrompt son discours et se met en route avec l’homme, en direction de chez lui.

La deuxième scène se déroule en chemin. Une femme qui souffrait d’hémorragies s’approche discrètement de Jésus pour toucher son manteau et est guérie. Tandis que Jésus parlait avec elle, des gens arrivent de la maison de Jaïre pour lui annoncer : « Ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, qui a tout entendu, dit au chef de la synagogue : « Ne crains pas, crois seulement ».

Et nous voici à la scène cruciale, dans la maison de Jaïre. Une grande agitation règne, les gens pleurent et hurlent, comme il est compréhensible face à la mort d’une adolescente. « Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui l’accompagnent. Puis il pénètre là où reposait la jeune fille. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : ‘Talitha koum’, ce qui signifie : ‘Jeune fille, je te le dis, lève-toi !’ Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher -elle avait douze ans. Ils en furent complètement bouleversés. Mais Jésus leur recommanda avec insistance que personne ne le sache ; puis il leur dit de la faire manger ».

Ce passage de l’Evangile soulève une observation. Le degré d’historicité et de vraisemblance des évangiles est sans cesse débattu. Nous avons récemment assisté à la tentative de mettre sur le même plan, comme s’ils avaient la même autorité, les quatre évangiles canoniques et les évangiles apocryphes du II-IIIe siècle.

Cette tentative est tout simplement absurde et trahit une bonne dose de mauvaise foi. Les évangiles apocryphes, surtout les évangiles d’origine gnostique, furent écrits plusieurs générations après, par des personnes qui avaient perdu tout contact avec les faits et qui plus est, ne se préoccupaient pas le moins du monde de rigueur historique, leur seul but étant de mettre les enseignements de leur école sur les lèvres du Christ. Les évangiles canoniques en revanche, furent écrits par des témoins oculaires des faits et des personnes ayant été en contact avec les témoins oculaires. Marc, dont nous lisons cette année l’évangile, fut en lien étroit avec l’apôtre Pierre dont il tient de nombreux épisodes centrés sur lui.

Le passage de ce dimanche nous offre un exemple du caractère historique des évangiles. Le portrait précis de Jaïre et son appel à l’aide angoissé, l’épisode de la femme rencontrée le long du chemin vers sa maison, l’attitude sceptique des messagers envers Jésus, la ténacité du Christ, les gens qui pleurent l’enfant décédée, le commandement de Jésus repris dans la langue originelle, l’araméen, l’attention émouvante de Jésus qui demande que l’on donne quelque chose à manger à l’enfant ressuscitée. Tout fait penser à un récit remontant à un témoin oculaire des faits.

Et à présent, une brève application à la vie, de l’évangile de dimanche. Il n’existe pas que la mort du corps ; il existe aussi la mort du cœur. La mort du cœur est lorsque l’on vit dans l’angoisse, le découragement ou une tristesse chronique. Les paroles de Jésus : « Talitha koum, jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » ne s’adressent donc pas uniquement à des garçons ou des filles décédés mais aussi à des garçons et des filles vivants. Combien il est triste de voir des jeunes… tristes. Et il en existe énormément autour de nous. La tristesse, le pessimisme, l’absence d’envie de vivre, sont toujours des choses négatives mais lorsqu’elles touchent des jeunes, cela serre le cœur encore davantage.

En ce sens, Jésus continue de ressusciter aujourd’hui des garçons et des filles morts. Il le fait à travers sa parole et également en leur envoyant ses disciples qui, en son nom et avec son amour, répètent aux jeunes d’aujourd’hui son commandement : Talitha koum : lève-toi ! Recommence à vivre.

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ZENIT Staff

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