Le célèbre biographe du pape, George Weigel, analyse le pontificat de Jean-Paul II

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Entretien accordé à Zenit

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ROME, dimanche 19 octobre 2003 (ZENIT.org) – A l’occasion du 25ème anniversaire du pontificat de Jean-Paul II, Zenit a demandé à George Weigel, l’auteur de la célèbre biographie de Jean-Paul II « Témoin de l’espérance », d’expliquer quel est, selon lui l’impact du pontificat de Jean-Paul II.

Q : Quel regard l’histoire portera-t-elle selon vous sur le pontificat de Jean-Paul II ? De quoi se souviendra-t-elle ?

George Weigel : J’espère que l’histoire se souviendra de Jean-Paul II comme du grand témoin chrétien de notre époque. C’est la base de tout ce qu’il a fait pour changer le monde et redynamiser l’Eglise. Il croit fermement que Jésus Christ est la réponse à la question que pose chaque vie humaine. C’est la conviction qui anime son ministère en tant qu’évêque de Rome.

Et c’est la conviction qui se cachait derrière les moments les plus importants de son pontificat : l’appel « n’ayez pas peur » lors de son élection comme pape ; son pèlerinage épique en Pologne en juin 1979, qui a changé le cours de l’histoire du monde ; ses deux discours aux Nations Unies ; ses rendez-vous avec les Sandinistes au Nicaragua en 1983 et les émeutiers du Chili en 1987 ; son pèlerinage en Terre Sainte pendant le grand Jubilé de l’an 2000. C’est aussi la conviction qui traverse comme un fil lumineux tout son enseignement.

Q : Quels sont selon vous les trois plus grands accomplissements de Jean-Paul II ?

La grande question pour l’Eglise catholique à la fin du deuxième millénaire de son histoire était : l’Eglise peut-elle donner une raison cohérente, convaincante, et complète de sa foi et de son espérance ?

Jean-Paul II a répondu à cette question par l’affirmative : à travers le Catéchisme de l’Eglise Catholique, à travers son propre magistère et à travers sa remarquable capacité à rendre les convictions catholiques « vivantes » dans l’histoire, comme dans la chute du communisme européen.

Le renouvellement de l’Eglise et l’impact sur le monde vont de pair. Ce n’est pas facile de définir trois grandes réalisations dans ce cadre mais comme réalisations emblématiques on pourrait citer le Catéchisme, le pèlerinage de 1979 en Pologne et le grand Jubilé de l’an 2000.

Q : Certains conciles oecuméniques comme ceux qui ont traduit les efforts de réforme du 15ème siècle n’ont pas toujours eu beaucoup de succès. Après les troubles des années 60 et 70 peut-on dire que le pape Jean-Paul II a contribué à sauver Vatican II ?

George Weigel : Le Concile Vatican II n’a pas fourni de « clés » d’interprétation pour comprendre ses enseignements, contrairement à d’autres conciles. Certains conciles ont écrit des credo, ont voté de nouvelles lois, ont condamné des hérésies, fournissant ainsi des « clés » pour comprendre le concile en question.

Le Concile Vatican II n’a pas fait cela. La tâche de fournir ces « clés » est donc revenue à ce pontificat : à travers le propre magistère du pape, et à travers l’achèvement du travail de plusieurs synodes d’évêques.

Q : Le Saint Père a attribué le fait d’avoir survécu à l’attentat du 18 mai 1981 à l’intercession de la Vierge Marie. Quelle a été l’influence de sa dévotion mariale sur son pontificat ?

George Weigel : Le pape a toujours proposé la Vierge comme modèle pour tout disciple du Christ, et je crois que ça a été son thème marial le plus important.

Jean-Paul II semble se ranger aux côtés de Hans Urs von Balthasar selon lequel tout vie chrétienne est d’une certaine manière formée à l’image de Marie dont le « fiat » a rendu possible l’Incarnation et est en quelque sorte le commencement de l’Eglise.

Le pape insiste aussi sur le fait que toute piété mariale est centrée sur le Christ et trinitaire. Comme lors des Noces de Cana, Marie renvoie toujours à son fils : « Faites tout ce qu’il vous dira » ; et puisque son fils est à la fois fils de Marie et fils de Dieu, en nous renvoyant à Lui elle nous renvoie au cœur de la Trinité même.

Q : Quelle seront selon vous les principaux objectifs du prochain pontificat ?

George Weigel : Continuer à proclamer l’Evangile de manière persuasive, à l’image de Jean-Paul II ; permettre à l’Eglise de « digérer » le riche magistère de ce grand pontificat ; penser sérieusement au défi de l’islam et apprendre à faire la distinction entre l’islam authentique et les forces islamiques radicales et politisées ; concevoir de nouvelles façons d’établir des liens entre le témoignage moral de la papauté et la diplomatie du Saint Siège.

Q : Si Jean-Paul II pouvait revivre son pontificat depuis le début, y a-t-il des choses qu’il ferait différemment ?

George Weigel : Je ne crois pas que l’esprit du Saint Père fonctionne de cette manière. Ses décisions sont le fruit d’une prière intense ; il les confie au Seigneur ; il sait qu’il rendra compte à Dieu de sa gestion.

C’est comme cela qu’il voit les choses du passé, même si je devrais ajouter que l’une des qualités les plus caractéristiques du pape est qu’il est résolument tourné vers l’avenir. La question qu’il se pose en permanence est : qu’est-ce que l’Esprit Saint nous demande de faire maintenant ?

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ZENIT Staff

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