Le cardinal Turckson évoque le soutien spirituel de l’Afrique à l’Europe

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ROME, Mercredi 24 Février 2010 (ZENIT.org) – Aujourd’hui, les Eglises d’Afrique se sentent le devoir d’aider les anciennes Eglises missionnaires, a affirmé le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, dans une interview accordée à L’Osservatore Romano, le 24 février.

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Dans cette longue interview, il évoque aussi les blessures de l’Afrique, ce continent de 50 Etats « avec des cultures, des histoires, des économies, des expériences politiques » si différentes. Il y souligne l’importance de la « solidarité » : une des « vertus à travers lesquelles l’Afrique peut contribuer à donner un sens à la recherche de la paix dans le monde ».

Le cardinal Turckson a rappelé la manière dont les Eglises « de plus anciennes traditions » (comme les Eglises d’Europe et d’Amérique du Nord) ont contribué à établir les « Eglises en Afrique ». Il a notamment évoqué le « danger réel » qui les guette si « la tendance à l’abandon de la foi, qui se répand toujours plus dans les anciennes terres missionnaires, (…) devait prévaloir ».

« Aujourd’hui, les Eglises d’Afrique éprouvent un sentiment de piété filiale face à certaines situations et se sentent le devoir de soutenir les Eglises dans la terre d’origine de leurs missionnaires, même avec les misérables ressources qu’ils ont », a-t-il affirmé. C’est pourquoi « ils envoient souvent un de leurs prêtres pour éviter qu’une église ‘antique’ doive fermer par manque de prêtres ». Aujourd’hui, il y a « toujours plus de prêtres africains dans le monde ». « Et c’est une grâce du Seigneur ».

Ce qui blesse l’Afrique

Le cardinal africain, récemment nommé à la tête du Conseil pontifical Justice et Paix, a également rappelé combien l’Afrique souffre d’être « aux yeux du monde comme une petite zone de campagne homogène, dans laquelle un problème concerne tout le monde ».

A ses yeux, il faudrait que « ceux qui s’occupent ou parlent de l’Afrique prennent conscience du fait qu’il s’agit d’un grand continent composé de 50 Etats, avec des cultures, des histoires, des économies, des expériences politiques différentes ». Il a évoqué la nécessité de « spécifier les pays » et de cesser de « parler de manière générique d’une Afrique qui a toujours dû souffrir du manque de paix ».

« A part les ‘causes naturelles’ (comme l’environnement hostile des déserts et des forêts pluviales), le manque de paix et de justice dans certaines parties du continent n’est pas à imputer au cœur africain », a-t-il ajouté.

Le cardinal Turckson a évoqué combien l’Afrique prend conscience de cette réalité : le manque de paix « a principalement un rapport avec la politique, la mauvaise gouvernance, avec l’exaspération des différences ethniques et religieuses, avec l’économie qui maintient l’Afrique dans une simple condition de marché pour les pays ‘manufacturiers’, avec le besoin que le monde a de ses ressources minières, avec les nouvelles formes de colonialisme, quand ce n’est pas d’esclavage, et avec des impositions de nature religieuse ». « Et les Africains commencent à prendre conscience de cette réalité ».

La relation entre humanité et création 

Le président du Conseil pontifical Justice et Paix a enfin évoqué la « solidarité » comme « une des vertus à travers lesquelles l’Afrique peut contribuer à donner un sens à la recherche de la paix dans le monde ». « Cela vaut non seulement en ce qui concerne la relation avec les autres nations et les autres peuples – en vertu desquels la solidarité se traduit en sollicitude et responsabilité réciproque – mais aussi en ce qui concerne la relation entre humanité et création ».

« La dépendance de la vie humaine de la création réclame donc une solidarité entre l’homme et la nature, et demande une utilisation sage et responsable des ressources naturelles », a-t-il affirmé. « Dans beaucoup de pays, cette relation entre l’homme et la nature est réglée par des lois et des accords précis ». « Là où cela ne se passe, comme dans certaines régions d’Afrique, l’abus de la création devient une vraie menace pour la vie et pour la paix de l’humanité ».

Marine Soreau

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ZENIT Staff

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