Le card. Herranz rend hommage au cardinal hongrois Mindszenty

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Grande figure de la liberté de conscience en Hongrie

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ROME, Dimanche 7 mai 2006 (ZENIT.org) – Le cardinal Julain Herranz, président du conseil pontifical pour l’Interprétation des Textes législatifs, a présidé, vendredi soir, 5 mai, une célébration eucharistique à l’occasion du 31e anniversaire de la mort du serviteur de Dieu le cardinal Jozsef Mindszenty. Il fut un héros de la résistance hongroise pour la liberté de conscience sous les totalitarismes du XXe s.

Le cardinal Herranz a présidé cette célébration, annuelle, dans la magnifique église San Stefano Rotondo, dans le quartier du Coelius, rouverte au public pour l’occasion.

Il était entouré de prêtres et de séminaristes du collège germano-hongrois de Rome, de la communauté catholique hongroise de Rome, aux chants profonds, et de leurs amis d’Italie et d’ailleurs. Un rafraîchissement les a réunis dans le jardin à l’issue de la célébration.

Rappelons que la cause de béatification du cardinal Jozsef Mindszenty, archevêque d’Esztergom et primat de Hongrie, est passée le 19 mars 1994 de l’archidiocèse de Vienne à celui d’Esztergom-Budapest, avec pour postulateur un Salésien de Don Bosco, le P. Janos Szöke.

Le pape Jean-Paul II lui même a évoqué à diverses reprises la grande figure du cardinal Jozsef Mindszenty (1892-1975), que la persécution communiste condamna aux travaux forcés, le 8 février 1949.

Le cardinal hongrois fait partie de ces grandes figures de pasteurs qui, dans les pays de l’Est de l’Europe, ont combattu pour la liberté de leurs peuples au moment de l’occupation nazie ou du régime communiste soviétique, comme le cardinal croate Louis Stepinac, béatifié le 3 octobre 1998, le bienheureux martyr Mgr Eugène Bossilkov, Passioniste, en Bulgarie, le cardinal Stepan Wyszynski en Pologne, Mgr Joseph Beran à Prague, le cardinal Jossyp Slipyi (1892-1984) en Ukraine.

Dans une lettre de février 1990 adressée au cardinal László Paskai, primat de Hongrie, Jean-Paul II écrivait : « L’intrépide cardinal archevêque d’Esztergom, a donné à la famille catholique un exemple de vertus excellentes. Avec la dignité d’un grand pasteur d’âmes il a su porter la couronne d’épines qu’on lui faisait porter, et a laissé le souvenir de la noble figure d’un homme d’Église qui sut prier et souffrir pour son peuple pendant de longues années ».

Le cardinal Mindszenty était né le 29 mars 1892 dans une famille de paysans de Mindszent, aux confins de l’Autriche. Ordonné prêtre en juin 1915, il enseignait la religion et écrivait dans des journaux. Et il fut emprisonné quelques mois par des rebelles communistes dès 1919. Par la suite il exerça différents ministères, et en mars 1944, il fut nommé évêque de Veszprém. Il fut fait prisonnier pendant l’occupation nazie, de novembre 1944 à avril 1945. Puis c’est l’entrée des troupes soviétiques. Or, en 1945, Pie XII le nomme archevêque d’Esztergom, faisant ainsi de lui le primat de Hongrie, avant de le créer cardinal en 1946.

Deux ans plus tard, le régime communiste décida d’exproprier les écoles, y compris les institutions catholiques, malgré la ferme opposition du cardinal. Il fut arrêté le 26 décembre de la même année. Pendant 33 jours et 33 nuits il fut torturé, humilié et interrogé. L’épreuve avait duré trop longtemps, et ses tortionnaires lui arrachèrent la signature de ce qu’ils appelaient une « confession complète » de crimes qu’il n’a jamais commis. À côté de sa signature, il ajouta les initiales « C.F. », ce qui signifie « coactus feci », autrement dit, « J’ai signé sous la contrainte ». Lucide, il avait écrit à ses confrères évêques, six jours avant son arrestation, le 20 décembre, qu’il considérait comme nulle et invalide toute déclaration faite à la suite d’une incarcération.

Quelques jours après la nouvelle de son arrestation, le pape Pie XII déclarait : « Nous connaissons très bien les mérites de cet excellent pasteur ; nous connaissons sa ténacité, et la pureté de sa foi ; nous connaissons sa foi apostolique pour la protection de l’intégrité de la doctrine chrétienne, et la revendication des droits de la religion ». Après un procès monté de toutes pièces, et qui ne dura que 3 jours, du 3 au 5 février 1949, il fut condamné, le 8 février, aux travaux forcés à perpétuité, pour « haute trahison, espionnage, menace pour la sécurité de l’État et trafic de devises ». Il fut détenu en différents lieux jusqu’au soulèvement hongrois contre l’occupation soviétique, en octobre 1956. Mais sa liberté ne dura que 4 jours, la révolte étant écrasée dans le sang dès le 4 novembre, par l’intervention des chars soviétiques. C’est alors qu’il demanda l’asile politique à l’ambassade des États-Unis à Budapest, et il y demeura jusqu’au 28 septembre 1971. Il eut alors la douleur de devoir quitter sa patrie et son diocèse.

Après un court séjour à Rome, il s’établit à Vienne, pour être moins loin de son peuple. En septembre de la même année, Paul VI lui-même, au cours du synode des évêques, le présentait comme « un exemple d’une fermeté intrépide dans la foi et d’un infatigable service de l’Église ».

En 1974, le cardinal Mindszenty publia ses « Mémoires ». Il y répond à toutes les fausses accusations du régime communiste hongrois. À l’époque de son refuge à l’ambassade américaine, en effet, il avait refusé l’amnistie que le gouvernement lui offrait : cela aurait signifié se reconnaître coupable des crimes qui lui étaient reprochés. En revanche, il demanda l’annulation de sa condamnation et sa réhabilitation. Il s’éteignit en 1975, à Vienne, sans l’avoir obtenue. Elle ne surviendra qu’en 1990.

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ZENIT Staff

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