Le canonisé de Paul Verlaine

Un mendiant de Rome

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Le martyrologe romain fait aujourd’hui mémoire d’un grand mystique romain, l’un des plus romains des saints français, saint Benoît-Joseph Labre (1748-1783) qui a aujourd’hui une grande descendance spirituelle.

Originaire d’Amettes, dans le nord de la France, il naquit dans une famille de quinze enfants. Il était si attiré par les choses spirituelles dès sa jeunesse que ses parents l’orientèrent vers le sacerdoce. Mais il ne réussissait pas à apprendre quoi que ce soit, et ce fut un échec.

Echecs encore du côté de la vie religieuse: trop jeune, trop fragile, trop austère, trop angoissé, trop de peines intérieures…

Mais sa confiance reste intacte. il écrit à ses parents: « Le bon Dieu m’assistera et me conduira dans l’entreprise qu’Il m’a Lui-même inspirée. »

Il se fait alors pèlerin sur les routes d’Europe, de sanctuaire en sanctuaire, d’expérience mystique en expérience mystique: il a trouvé sa vocation de pèlerin pauvre, « sans domicile fixe ».

Saint-Jacques-de-Compostelle, Rome, Lorette, puis Rome à nouveau, où il s’arrête, à 29 ans, et où il entre dans le tiers-ordre franciscain. Son austérité le pousse à faire le voeu de … ne pas se laver.

Il s’éteint à Rome, en l’église Sainte-Marie-des-Monts, épuisé, à 35 ans. Dans les semaines qui suivirent ses funérailles, plus de cents guérisons miraculeuses eurent lieu sur sa tombe.

Son ignorance était vraiment sainte: « Je sais peu de choses de la sainte Trinité, mais ce que j’en sais me transporte ».

Les traits paisibles du visage de ce saint ont été saisis par un masque mortuaire conservé à Rome en l’église Sainte-Marie-des-Monts, et par un portrait réalisé par Antonio Cavalucci qui avait observé le saint au cours d’une extase.

Il a été béatifié en 1860 et canonisé le 8 décembre 1881, par Léon XIII. Paul Verlaine a dit de lui: «Saint Benoît-Joseph Labre, la seule gloire française du XVIIIe siècle, mais quelle gloire!» 

Il lui a consacré ce sonnet dans « Amour » (1888), à l’occasion de sa canonisation:

Comme l’Église est bonne en ce siècle de haine,
D’orgueil et d’avarice et de tous les péchés,
D’exalter aujourd’hui le caché des cachés,
Le doux entre les doux à l’ignorance humaine,

Et le mortifié sans pair que la Foi mène,
Saignant de pénitence et blanc d’extase, chez
Les peuples et les saints, qui, tous sens détachés,
Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,

Comme un autre Alexis, comme un autre François,
Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
Pratiquant la douceur, l’horreur de l’Évangile !

Et pour ainsi montrer au monde qu’il a tort
Et que les pieds crus d’or et d’argent sont d’argile,
Comme l’Église est tendre et que Jésus est fort !

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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