Le 15 août à Lourdes : la tradition de la prière "pour la France"

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Entretien avec le père Jesús Castellano Cervera, ocd

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ROME, jeudi 29 juillet 2004 (ZENIT.org) – L’Eglise célèbre cette année le 150e anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception. Ce dogme nous aide à redécouvrir en profondeur l’expression « pleine de grâce », déclare le père Jesús Castellano Cervera, carme déchaux, consulteur de la Congrégation vaticane pour la Doctrine de la Foi.

C’est pour célébrer cet anniversaire que le pape se rendra à Lourdes les 14 et 15 août prochains. En apparaissant à Bernadette en 1858, la Vierge confirmait le dogme de l’Immaculée Conception proclamé par le magistère.

Dans cet entretien accordé à Zenit le père Castellano explique l’origine et la portée de ce dogme.

Quelle est l’histoire et la signification de ce dogme ?

P. Castellano Cervera : L’histoire de ce dogme est complexe et longue. Elle remonte à la compréhension du mystère de Marie dans sa relation privilégiée avec Dieu et avec le mystère du salut, auquel elle est associée depuis le premier instant de son existence, comme remplie de la grâce et de l’amour de Dieu.

Pouvez-vous nous parler de l’évolution du dogme ?

P. Castellano Cervera : Cette conscience s’est d’abord développée au niveau de la foi du peuple, dans la compréhension de sa conception comme un moment de grâce; avant tout à partir des Evangiles apocryphes, qui racontent la grâce de la rencontre de ses parents Joachim et Anne. C’est de ce récit que vient la fête de la Conception de Anne dans la liturgie byzantine, célébrée depuis le VIIIe siècle, le 9 décembre.

Cette fête est introduite autour du Xe siècle en Occident et célèbre explicitement la conception de Marie sans péché originel. Elle s’étend au calendrier universel sous Sixte IV, en 1476 comme une formulation très belle, mais lamentablement réduite à la simple mémoire de la « Conception de Marie » dans le Missel de 1570.

La piété populaire et la célébration liturgique suscitent un grand débat parmi des théologiens de tendances opposées. D’un côté il y a les théologiens qui défendent la conception de Marie sans péché originel, et d’un autre côté ceux qui la nient pour affirmer que Marie a dû elle aussi être touchée par la Rédemption du Christ.

Duns Scoto donne la clé théologique de la compréhension du mystère en affirmant que Marie a été préservée du péché originel en prévision des mérites du Christ. Le sentiment des fidèles, la liturgie et la théologie reçoivent finalement la confirmation du Magistère de l’Eglise qui, après différentes étapes, parvient à définir le Dogme de l’Immaculée Conception avec Pie IX qui publie, le 8 décembre 1854, la Bulle « Ineffabilis Deus ».

Quelles sont les raisons qui ont conduit à la définition de ce dogme ?

P. Castellano Cervera : Avant tout une meilleure compréhension des données de la révélation, dans la Bible et dans la Tradition de l’Eglise, fondement de toute définition dogmatique, avec l’aide de l’Esprit Saint qui conduit l’Eglise à la plénitude de la vérité.

En particulier, on a redécouvert dans toute sa profondeur l’expression « pleine de grâce », les paroles de l’Ange à Marie lors de l’Annonciation, comme révélatrices de la condition de Marie devant la Trinité depuis le début de son existence et de comment elle a été voulue depuis toute éternité dans le projet de Dieu: « Toi qui es et qui as toujours été remplie de la grâce de Dieu ».

A la lumière de ce mot clé, on voit aussi toute la réalité de Marie comme collaboratrice du Christ dans la rédemption. Celle qui est appelée à collaborer en tant que Mère du Rédempteur dans sa victoire sur le péché et sur la mort ne pouvait pas, même un seul instant, se trouver en dehors de la grâce de Dieu.

Mais outre cet aspect négatif – l’absence de péché originel – Marie est présentée dès le premier instant de sa vie comme la Fille bien-aimée du Père, la Mère du Fils Rédempteur, le tabernacle de l’Esprit Saint, Toute Sainte, façonnée et faite créature nouvelle par l’Esprit Saint, infiniment aimée de Dieu.

C’est la plénitude de la compréhension du dogme, comme il est également expliqué dans la « Lumen Gentium » (n. 56) et dans la belle préface actuelle de la solennité de l’Immaculée Conception qui la chante également comme Mère de l’Agneau immaculé, commencement et figure de l’Eglise, Epouse sans ride et sans tache.

Il est ainsi clair que Marie est une exception du péché originel et qu’en Elle le projet originel de Dieu et le destin futur de l’Eglise appelée à être pour toujours « sainte et immaculée dans l’amour », reste intact.

Comme affirmait Max Thurian, « Immaculée conception » signifie qu’en Marie tout est grâce depuis le début et qu’Elle est le témoin que tout vient de Dieu, et que Marie répond à cela avec une liberté d’amour absolue, non abîmée par le péché.

Quelle est la signification du voyage du Saint Père à Lourdes ?

P. Castellano Cervera : Lourdes est le lieu où Marie confirma, par son apparition à Bernadette en 1858, la vérité de son Immaculée Conception proclamée par le Magistère. Depuis le début, Lourdes est un lieu charismatique enveloppé dans une présence particulière du mystère et de la maternité spirituelle de Marie Immaculée comme remède pour les malades du corps et de l’âme.

C’est un lieu thérapeutique au sens le plus beau du terme, c’est-à-dire où Marie continue d’exercer sa protection et sa fonction maternelle caractéristique en faveur des frères du Christ, malades dans leur corps et leur esprit à cause du péché qui a introduit dans le monde la maladie et la mort, la faiblesse physique et morale.

Le pape souligne ces aspects par sa présence; il vient célébrer le 150e anniversaire de la définition du Dogme de l’Immaculée là où l’on a reçu une confirmation spéciale de la part de la Vierge Marie elle-même, et comme pèlerin, il porte en sa personne la faiblesse de ce monde et l’imploration de la présence spirituelle de Marie pour guérir les plaies de notre société, qui a besoin de l’Evangile de l’espérance.

Marie est l’expression de la charité de Dieu envers l’humanité. C’est pour cela qu’elle est apparue à Lourdes ? Et qu’elle continue d’être notre Avocate ?

P. Castellano Cervera : La présence maternelle de Marie accompagne toujours la vie de l’Eglise et de tous les fidèles, et même de toute personne qui lui a été confiée par le Christ depuis la Croix. Cette présence devient dans certaines circonstances particulières, une « épiphanie », une manifestation visible et solennelle; dans ce cas, pour indiquer que l’Immaculée conception est un mystère de foi et de salut, une manifestation de l’amour de Dieu qui vainc le péché et la mort et un signe d’espérance pour tous.

Ceux qui à Lourdes ont fait l’expérience de la guérison des maladies du corps et de l’esprit, les nombreuses « pneumapathologies » de notre humanité, sont témoins d’une présence spéciale de Marie qui appelle à la conversion et à la vie nouvelle, source de réconciliation avec Dieu et avec les frères.

Marie, unie à l’Esprit Saint, notre Avocate, continue d’être, comme nous l’invoquons dans le « Salve Regina », « notre avocate », celle qui prie pour nous, qui nous protège du mal et du malin, et qui nous inspire et nous pousse à vivre dans le Christ.

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ZENIT Staff

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