Lancez-vous dans des entreprises courageuses, visez de grands objectifs

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Discours aux évêques du Brésil

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CITE DU VATICAN, Mardi 10 septembre 2002 (ZENIT.org) – « Unis pour la mission! » : L’Osservatore Romano en français (cf. vatican.va, ‘information, Services d Journaux) de ce 10 septembre publie sous ce titre la traduction intégrale du discours de Jean-Paul II aux évêques brésiliens de la région du Parana, en visite ad limina le samedi 31 août.

Le texte a cette citation comme sous-titre: « Duc in altum: lancez-vous dans des entreprises courageuses, osez vous fixer de grands objectifs ».

Dans la matinée du samedi 31 août 2002, Jean-Paul II a en effet reçu en audience les évêques de la Conférence épiscopale du Brésil (Région Sud II), à l’occasion de leur visite « ad limina Apostolorum ». Au cours de la rencontre. Le pape leur a adressé le discours suivant:

Vénérables frères dans l’épiscopat,

1. C’est avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue, évêques de la Région Sud II du Brésil, alors que vous êtes réunis à Rome à l’occasion de la visite « ad limina Apostolorum ». Celle-ci est destinée à exprimer le lien de communion qui unit chacun de vous et vos communautés locales au Successeur de Pierre, appelé à confirmer ses frères et ses sœurs dans la foi (cf. Lc 22, 32). Je vous salue avec une affection fraternelle, en reprenant les paroles de l’Apôtre: que la grâce et la paix de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus-Christ, soient avec vous (cf. Rm 1, 7). Par votre intermédiaire, j’adresse ce même salut aux prêtres, aux religieux, aux fidèles laïcs des Eglises particulières du Paraná, que vous présidez dans la charité.

2. Je remercie l’Archevêque de Cascavel, Mgr Lúcio Ignácio Baumgaert-ner, pour les paroles aimables qu’il a voulu m’adresser au nom de votre région, car elles expriment les sentiments d’union fraternelle de tous les évêques avec le Successeur de Pierre et avec l’Eglise qui, des quatre points cardinaux, est unie à ce Siège apostolique. Cela n’a-t-il pas été le point central de l’une des conclusions que le Synode des Evêques de l’année dernière a voulu exprimer?

« Ce n’est que si l’on perçoit clairement », comme je l’ai affirmé à l’occasion de la solennelle concélébration eucharistique conclusive, « l’unité profonde et convaincue des pasteurs entre eux et avec le Successeur de Pierre, ainsi que des évêques avec leurs prêtres, qu’une réponse crédible pourra être apportée aux défis provenant de l’actuel contexte social et culturel » (Homélie, n. 4; cf. ORLF n. 45 du 6 novembre 2001).

L’Eglise qui est au Paraná se mesure avec confiance aux perspectives lancées par les « Directives générales de l’Action évangélisatrice du Brésil », qui sont le fruit de Tertio millennio adveniente. En lisant vos rapports quinquennaux, j’ai pu constater des progrès évidents dans l’organisation des diocèses et dans le développement de nombreuses actions pastorales, que chaque Ordinaire local, avec ses agents de pastorale, assume avec courage et détermination, pour faire face aux exigences de la nouvelle évangélisation. Je voudrais bien sûr faire référence à cela, mais la prémisse sera toujours cette ecclésiologie de communion préconisée avec insistance au cours du dernier Synode. L’Eglise universelle désire recommencer, en ce début de millénaire, en étant unie au Successeur de Pierre et les évêques étant unis entre eux.

3. Unis pour la mission!
En diverses occasions, au cours de mon pontificat, j’ai voulu mentionner les deux grands axes des exigences de la communion: « Que le dépôt de la foi soit conservé dans toute sa pureté et son intégrité », ainsi que « l’unité de tout le Collège des Evêques sous l’autorité du Successeur de Pierre » (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America, n. 33), dans la mesure où le plein exercice du Primat de Pierre est fondamental pour l’identité et la vitalité de l’Eglise.

En outre, l’une des tâches qui revient précisément à la Conférence nationale des Evêques du Brésil est de manifester sa sollicitude à l’égard de l’Eglise et de sa mission universelle, à travers la communion et la collaboration avec le Siège apostolique et à travers l’activité missionnaire, en particulier ad gentes. C’est pourquoi chaque Evêque doit encourager les évangélisateurs de son propre diocèse, et surtout sa propre personne, à rester pleinement fidèle à la doctrine catholique, en prêtant une attention constante à la conformité de l’explication de la Parole à la Révélation confiée par le Maître divin au Magistère ecclésiastique. Ajoutons qu’une telle identité suppose une claire harmonie disciplinaire et doctrinale avec l’épiscopat mondial, afin de conserver, en même temps que celui-ci, le lien essentiel avec le Pape.

A l’enseigne des projets pastoraux qui pourront être définis au cours des prochaines années, comme fruit de notre rencontre fraternelle, et en tenant compte du projet d’évangélisation de l’Eglise au Brésil sur le thème « Etre Eglise au nouveau millénaire », approuvé par la Conférence nationale des Evêques du Brésil en 2000, je souhaite que l’on puisse parcourir cette « voie commune à toute l’Eglise », partagée par l’épiscopat brésilien.

4. « A l’aube du troisième millénaire, la figure idéale de l’évêque, sur laquelle l’Eglise continue de compter, est celle du Pasteur qui, configuré au Christ dans la sainteté de vie, se prodigue généreusement pour l’Eglise qui lui est confiée, en portant en même temps dans son cœur la sollicitude pour toutes les Eglises présentes sur toute la terre » (Homélie de conclusion du Synode des Evêques, 27 octobre 2001, n. 3; cf. ORLF n. 45 du 6 novembre 2001).

C’est de cette affirmation que naissent le fondement et l’espérance de ce que le Synode, en abattant les barrières d’une formulation circonscrite à un simple diocèse ou à un pays, a voulu re-proposer à tous les évêques, Successeurs des Apôtres. Duc in altum, avancez en eau profonde! Lancez-vous dans des entreprises courageuses, osez vous fixer de grands objectifs, assurés que Dieu ne perd pas les batailles. Aspirez même aux plus beaux charismes. Quel est le plus beau charisme, sinon celui de la sainteté personnelle?

L’image du Bon Pasteur, qui donne la vie pour ses brebis, revient ici (cf. Jn 10, 15). Le Bon Pasteur n’est pas seulement celui qui guide avec efficacité et méthode ses brebis, même si ces éléments sont nécessaires à tout travail humain, et encore davantage s’il s’agit de guider les âmes. Il doit surtout être bon. Tout programme pastoral, la catéchèse à tous les niveaux, la cura animarum en général de tout le peuple fidèle, qui tire sa sainteté de Jésus, Pasteur suprême, doit recevoir à travers la vie et le témoignage de l’Evêque et du clergé son encouragement immédiat, son modèle. S’il en était autrement, tout travail serait vain. Seul Dieu est bon (cf. Mc 10, 9) dit le Seigneur, mais pour Lui, avec Lui et en Lui, nous participons à la grâce qui nous a été donnée, afin de la rendre féconde, non pas comme une propriété, mais comme un don à administrer. Toute la bonté et tout le bien viennent du Très-Haut, dispensateur de tout bien (cf. Jc 1, 17).

L’Evêque d’Hippone notait à juste titre l’insistance avec laquelle le Seigneur demandait à Pierre: « M’aimes-tu? Pais mes brebis », car il s’agit d’un avertissement sérieux pour tous ceux qui ont la responsabilité de guider un troupeau: « Cela signifie: si tu m’aimes, en paissant, ne pense pas à toi-même, mais à mes brebis; guide-les comme étant miennes, non comme les tiennes! Cherche en elles ma gloire et non la tienne, ma propriété et non la tienne, mes intérêts et non les tiens! Ne sois pas comme ceux qui, aux moments du danger, n’aiment qu’eux-mêmes et tout ce qui dérive de ce principe, qui est à la racine de chaque mal. Que ceux qui paissent les brebis du Christ ne s’aiment pas eux-mêmes! Qu’ils n
e les paissent pas comme étant les leurs, mais comme celles du Christ! » (Traité sur l’Evangile de saint Jean, 123, 5; CCL 36, 678-680). D’où la grande responsabilité de savoir comment sont administrés les biens qui vous seront confiés.

Tous les cinq ans, les évêques viennent à Rome, mais pas pour une simple question de routine administrative, c’est-à-dire pour présenter un rapport sur l’état de leur diocèse. Il s’agit, en réalité, de présenter l’état de leur propre âme et, en conséquence, de leur sainteté personnelle et de leur propre troupeau. Aucun évêque ne peut se soustraire à cette exigence divine « redde rationem villicationis tuae »: réponds de ton ministère et des âmes qui t’ont été confiées (cf. Lc 16, 2). La fidélité à ses propres engagements, les intentions, et les expériences effectuées auprès du Siège apostolique devront donc être confiées au Divin Consolateur, afin qu’à l’avenir, elles renforcent l’âme de tout le diocèse, en le conduisant à se rapprocher toujours plus de la Patrie céleste.

5. Avec ces prémisses, je vous répète à nouveau: « Duc in altum! L’amour de Dieu nous exhorte! « Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16).

Au cours des dernières années, j’ai répété de nombreuses fois l’appel à la nouvelle évangélisation. Et je le fais encore une fois pour rappeler, en particulier, qu’il faut ranimer le zèle apostolique dans toutes les couches de la société du Paraná et du Brésil tout entier, en exhortant les individus et les communautés à un effort quotidien pour l’engagement missionnaire. La proposition doit être faite, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’affirmer, « aux adultes, aux familles, aux jeunes, aux enfants, sans jamais cacher les exigences les plus radicales du message évangélique » (Novo millennio ineunte, n. 40).

Je connais bien les efforts accomplis par cette région dans le service destiné à tous les hommes et à toutes les femmes, en particulier aux pauvres et aux laissés-pour-compte, dans le dialogue avec les chrétiens non catholiques et avec les membres des diverses religions et cultures, dans la véritable annonce, destinée aux catholiques qui vivent dans des régions reculées, et dans le témoignage de la communion ecclésiastique qui doit être vécue par ceux qui participent à la vie de l’Eglise.

J’ai également pu constater, dans les divers plans d’action pastorale, l’accent placé sur la jeunesse, la famille, la catéchèse, les vocations et les moyens de communication sociale. Je souhaite que l’on poursuive également l’effort visant à accompagner de façon adaptée la pastorale des enfants.

Toutefois, dans le contexte de la Région Sud II, l’épiscopat du Paraná s’est distingué dans la préparation des plans et dans leur réalisation, par sa bonne organisation, son dynamisme, son équilibre et son affection collégiale, qui se sont manifestés dans les assemblées, dans le travail de groupe, dans les commémorations diocésaines, et en particulier dans la promotion des vocations et des séminaires. Le Paraná possède un clergé nombreux et contribue également à l’envoi de nouveaux prêtres dans des régions situées au-delà des frontières de la province et à la gestion et aux échanges dans les communautés nippones-brésiliennes.

Dans cette ligne d’action, il faut également poursuivre l’engagement pour la catéchèse à tous les niveaux, en particulier dans la façon de vivre les Sacrements. Je sais que dans certains diocèses, les fidèles préfèrent pratiquer des formes de religiosité populaire (processions, neuvaines etc..) et éprouvent une certaine difficulté lorsqu’il s’agit de participer activement à la liturgie. Je renouvelle donc mon appel, afin que l’on utilise tous les moyens possibles pour faire en sorte que le peuple puisse accéder aux Sacrements, en particulier à ceux de la Pénitence et de l’Eucharistie, en y étant dûment préparés. La présence des Mouvements apostoliques, nombreux et dymaniques, qui œuvrent dans une « pleine harmonie ecclésiale et en obéissance aux directives émanant des pasteurs » (Novo millennio ineunte, n. 46), soutient la pastorale diocésaine de manière particulière.

Dans de nombreux cas, son action peut être déterminante pour contribuer au processus permanent de conversion, qui est propre à l’évangélisation, et promouvoir ainsi une société plus juste et réconciliée avec Dieu. C’est pourquoi l’apostolat des laïcs revêt une importance déterminante pour rapprocher de nombreux hommes et femmes de Dieu, car c’est dans les milieux qui leur sont familiers, dans le monde du travail, dans leur foyer domestique et dans la société en général, que le rôle des laïcs devient incontournable et, souvent, irremplaçable.

Il faut également considérer que le phénomène de l’immigration, que vous connaissez depuis plusieurs générations, reçoit aujourd’hui une impulsion croissante des régions frontalières, dont les populations latino-américaines cherchent dans votre pays un meilleur niveau de vie. Je rends grâce à Dieu pour votre souci constant de conserver des contacts réciproques avec les Conférences épiscopales des pays proches, afin d’harmoniser graduellement les diverses pastorales et d’accueillir les plus pauvres avec générosité et dignité. Je confie également à l’action des pasteurs et des prêtres la mission de veiller sur l’influence toujours négative des sectes, de part et d’autre de la frontière.

Le caractère joyeux et hospitalier de votre peuple ne doit pas se laisser entraîner par la tendance conformiste et utilitariste d’avoir recours à des solutions à court terme. On ne répète jamais assez qu’il est « utile de faire une révision des méthodes pastorales adoptées, de façon que chaque Eglise particulière ait pour les fidèles une attention plus personnalisée dans le domaine religieux, qu’elle renforce les structures de communion et de mission, et qu’elle utilise les occasions d’évangélisation que présente une religiosité populaire purifiée; ainsi sera rendue plus vive la foi en Jésus-Christ de tous les catholiques » (Ecclesia in America, n. 73).

C’est par ce même esprit de communion, qui doit guider la vie pastorale de chaque diocèse, que se distinguent les nombreuses congrégations religieuses qui, en particulier dans le domaine de l’instruction, offrent une contribution fondamentale à la formation de la jeunesse et, en outre, à la pastorale des vocations. Je connais bien l’effort accompli par les religieux en ce sens et, de façon particulière, dans la mission ad gentes. Le Brésil pourra sans aucun doute être le berceau de vocations missionnaires généreuses pour l’Afrique et l’Asie.

Et si le Seigneur permet parfois que ces terres soient arrosées par son sang, que toute l’Eglise sache que le martyre, communion singulière avec le Christ Rédempteur, est une source de grâces extraordinaires pour le Peuple de Dieu.

6. Très chers frères, telles sont les brèves réflexions que je partage aujourd’hui avec vous, en cherchant à vous offrir tout mon encouragement dans le Seigneur et à vous soutenir dans votre ministère en faveur de son peuple.

Tout ce que vous avez accompli au cours de ces années est précieux aux yeux de Dieu. Toutefois, cette rencontre constitue une occasion providentielle pour donner une impulsion à votre engagement pastoral. Je prie avec une grande ferveur afin que vous réussissiez dans cette importante tâche pastorale, de façon à ce que l’Eglise au Paraná resplendisse de toute sa gloire, comme Epouse du Christ, qu’Il a choisie avec un amour infini. Alors que je confie votre mission apostolique à l’intercession de la Vierge Marie, qui est de tout temps l’Etoile de l’Evangélisation resplendissante, je vous donne de tout cœur, ainsi qu’aux prêtres, aux religieux et aux fidèles laïcs de vos diocèses, ma Bénédiction apostolique
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© L’Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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