La visite « ad limina » : un échange de dons

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Par Mgr Baldisseri

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La visite « ad limina » des évêques est « un moment de communion », un « échange de don », une occasion de « croissance de la collégialité », déclare Mgr Baldisseri.

Mgr Lorenzo Baldisseri, secrétaire de la Congrégation pour les évêques, explique le sens des visites «ad limina apostolorum», dans L’Osservatore Romano en italien du 6 janvier 2013.

Benoît XVI a conclu en novembre dernier, par la dernière audience aux évêques français, son premier cycle de rencontres avec les pasteurs du monde entier, dans le cadre des visites ad limina apostolorum (cf. Zenit du 30 novembre 2012).

Un échange de don

« Visite ad limina apostolorum » signifie « visite au seuil des Apôtres », rappelle Mgr Baldisseri, et en ce sens les évêques sont invités à se rendre à Rome pour « voir le successeur de Pierre, accomplir un pèlerinage aux tombes des apôtres Pierre et Paul, fondateurs de l’Eglise de Rome et exprimer et renforcer l’unité et la collégialité de l’Eglise ».

L’archevêque rapporte que les évêques sont toujours « profondément touchés » par « la visite aux tombes des apôtres » et par « la rencontre personnelle avec le pape ». La visite, ajoute-t-il, s’élargit également aux divers dicastères romains, selon un calendrier établi.

Toutes ces rencontres permettent un « fructueux échange d’information », afin « d’améliorer », parfois de « corriger » la vie des Eglises locales. Entre les diverses rencontres, les évêques se réunissent pour prier dans chacune des quatre basiliques majeures, suivant une liturgie spéciale prescrite pour cette occasion, précise Mgr Baldisseri.

Selon l’archevêque, les visites ad limina « ont une importance particulière pour l’Eglise comme communion », où tous les membres, « selon leurs propres fonctions, charismes et ministères », édifient le corps de l’Eglise.

Dans ce cadre, la visite ad limina est « l’expression de la sollicitude pastorale de tous les évêques unis au pape », elle est « un moment de communion », un « échange de don », une « croissance de la collégialité ».

Les évêques présentent de leur côté un « rapport sur l’état de leur diocèse », rédigé selon un formulaire élaboré par la Congrégation pour les évêques, qui comprend de nombreux détails dont « la description territoriale, l’organisation du diocèse, la population, l’état de la  vie chrétienne, le nombre de prêtres, paroisses, écoles catholiques, etc ».

Ce rapport, souligne l’archevêque, constitue une « source précieuse », notamment pour « étudier la vie des Eglises locales à une période déterminée de l’histoire ».

Dimension universelle et particulière 

Ces visites traditionnelles remontent au Nouveau Testament, fait observer Mgr Baldisseri : « la première trace de ce genre de visite se trouve dans la lettre aux Galates, où saint Paul raconte qu’après sa conversion et le début de son apostolat parmi les païens il s’est rendu à Jérusalem pour consulter Pierre. Et puis 14 ans plus tard il a accompli une seconde visite ».

Cependant, précise l’archevêque, c’est seulement avec le Concile de Rome en 743 que le pape Zacharie a systématisé la visite ad limina des évêques. La coutume s’étant ensuite affaiblie au cours des siècles, le pape Sixte V l’a rétablie en 1585 avec la constitution Romanus pontifex.

Elle est insérée dans le code de droit canon de 1917, puis dans le code – toujours en vigueur – de 1983 et dans la constitution apostolique sur la Curie romaine Pastor bonus (1988). Les canons 399 et 400 du Code de droit canonique prescrivent un rythme de visite quinquennal, qui est parfois plus long dans la pratique.

Pour l’archevêque, la régulation canonique des visites ne porte pas préjudice à la communion : elle est « le signe de l’importance que l’Eglise attache au rapport entre l’évêque de Rome et les autres évêques ». Un rapport qui ne peut être seulement « spontané ou sporadique », mais « régulier et ordonné », car il s’agit de « la vie de l’Eglise dans sa dimension universelle et particulière ».

En ce sens, insiste-t-il, la visite ad limina n’est pas « un simple acte juridico-administratif, protocolaire », mais une occasion « d’enrichissement, de participation aux espérances de l’Eglise », le tout « dans une attitude d’écoute sous la conduite de l’Esprit Saint » afin « d’accomplir la mission d’évangélisation selon les exigences du moment de l’histoire où se trouve l’Eglise ».

Par ailleurs, ajoute Mgr Baldisseri, entre les visites, le rapport entre les évêques et le Saint-Siège n’est pas interrompu : il se fait entre autres « localement, à travers les nonces apostoliques », que chaque évêque peut rencontrer lorsqu’il l’estime nécessaire.

De même, les « voyages apostoliques », qui sont habituellement « à caractère pastoral », s’insèrent dans ce « rapport continu entre les évêques et le pape », qui n’est autre que le « rapport de communion entre les membres du collège épiscopal ».

En 2013, ce sera au tour des évêques italiens d’accomplir leur visite ad limina. La Conférence épiscopale italienne tient une place particulière, fait remarquer l’archevêque, car « le pape est l’évêque de Rome, et a donc un lien étroit avec les évêques italien : nous pourrions dire que le pape est “évêque italien” ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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