La vie consacrée à Rome: un renouveau en marche

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Réflexions du P. Agostino Montan, C.S.I.

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La vie consacrée à Rome vit un renouveau « en marche » estime le P. Agostino Montan, de la congrégation de Saint Joseph (Joséphins du Murialdo), directeur du Bureau pour la Vie consacrée du vicariat de Rome. Il propose cette réflexion sur la vie consacrée à l’occasion de la prochaine fête du 2 février.

Rappelons qu’à l’occasion de la fête de la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple de Jérusalem, le pape Benoît XVI présidera, en la basilique Saint-Pierre, la messe avec les personnes consacrées présentes dans son diocèse.

HOMMES ET FEMMES DE LA VIE CONSACREE

DU DIOCESE DE ROME :

EN MARCHE VERS UN RENOUVEAU

En ce moment l’Eglise se sent fortement investie de deux missions: raviver la foi, selon l’invitation de Benoît XVI et son motu proprio Porta Fidei, redécouvrir la joie de croire en s’engageant pour une nouvelle évangélisation (synode des évêques sur La nouvelle évangélisation). Deux engagements fondamentaux que la vie consacrée à Rome, sous ses différentes formes et expressions, assume avec sérénité, confiance et courage. Il n’est pas difficile de le prouver.

Je pense à la relecture des documents conciliaires et à l’étude du Catéchisme de l’Eglise catholique qui est proposée, en leur sein, par l’Ordo Virginum, par les Instituts Séculiers, par de nombreuses communautés de vieille et nouvelle tradition présentes à Rome, mais je pense aussi aux instituts engagés dans les services de charité auprès de personnes seules, pauvres, malades et aux instituts présents dans les divers domaines de la vie sociale et de la culture. On doit prendre acte qu’il y a des hommes et femmes qui vivent leur consécration en communauté ou seuls, qui savent montrer, chaque jour, que « la foi a une signification culturelle et éducative, capable de promouvoir et garantir une vraie humanité » (CEI, Message pour la 17ème journée de la vie consacrée).

Aujourd’hui l’opinion publique est attentive à deux champs d’action où les instituts, surtout religieux, sont particulièrement présents: l’école et la santé. Dans beaucoup de cas, les centres scolaires et de santé de ces instituts, sont des centres d’excellence, capables d’offrir des services de qualité et hautement qualifiés qui répondent à de profonds besoins sociaux et dont les coûts sont nettement inférieur à ceux que l’on trouve dans des structures publiques parallèles. Il suffit de penser à la formation professionnelle que proposent et soutiennent les instituts consacrés à l’éducation, aux centres de recherche dans le domaine sanitaire. Une partie seulement des tensions et des difficultés que traverse l’école et la santé sont imputables aux institutions religieuses elles-mêmes. On perçoit un manque de volonté générale à créer de nouveaux projets, un manque d’orientations et de lois qui dépassent les schémas idéologiques en retard sur tous les fronts. Il suffit de regarder les autres pays européens pour se rendre compte des retards  que nous avons chez nous.

Mais l’aspect que je tiens tout particulièrement à souligner concerne la vie consacrée elle-même : quelle réflexion fait-elle sur elle-même ? Comment s’ « auto-évangélise-t-elle » et comment se renouvelle-t-elle ? Chez les consacrés, hommes et femmes, il y a une forte attention aux recommandations faites par le synode sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise: «que les communautés de Vie consacrée ne manquent jamais d’une formation solide à la lecture croyante de la Bible  ». La vie consacrée, avait rappelé le Synode, « naît de l’écoute de la Parole de Dieu et accueille l’Evangile comme règle de vie » (n. 83). La vie consacrée n’est,  essentiellement, rien d’autre que vivre à la suite du Christ, chaste, pauvre et obéissant, jusqu’à devenir une « ‘exégèse’ vivante de la Parole de Dieu » (Benoît XVI). Il serait trop long d’énumérer toutes les initiatives entreprises par les instituts pour offrir une solide formation biblique à ses membres.

Les personnes consacrées ont un autre point de référence qui est l’Eucharistie.  Ils savent, en dépit de tous les services qu’ils doivent rendre, que le but principal de leur vie est d’être des témoins de l’invisible, de contempler les vérités divines, de vivre en lien constant avec Dieu. Le concile Vatican II, n’a pas hésité à dire de la vie consacrée que celle-ci « en attestant davantage l’existence d’une vie nouvelle éternelle acquise par la Rédemption du Christ, rendra plus forte son annonce de la  Résurrection à venir et la gloire du Royaume des cieux » (Lumen gentium, 44). Les nouvelles Règles des instituts de vie consacrée réservent une grande place à l’Eucharistie, vu non pas come un geste de dévotion, mais comme un sacrement qui transforme la vie en une adoration continue. Dans la vie individuelle et communautaire des consacré(e)s, l’adoration, une forme de prière pas toujours facile, occupe une place importante. Les fidèles laïcs eux-mêmes, y sont souvent associés.

Le troisième point important est celui qui a considérablement influencé la vie consacrée et son évolution depuis le concile Vatican II : la référence à l’Eglise. La nouvelle vision qui s’est développée au sein de l’Eglise, a contribué à donner à la vie consacrée, à façonner en elle, une nouvelle façon d’être « Eglise ». A Rome aussi.

Redonnant vigueur à la vocation d’Eglise mystère-épouse du Christ propre à  l’Ordre des Vierges: des femmes qui « émettent la sainte proposition de suivre le Christ de plus près, sont consacrées à Dieu par l’évêque diocésain selon le rite liturgique approuvé et, unies en noces mystiques au Christ Fils de Dieu, se consacrent au service de l’Eglise  » (Rite, Consécration des vierges). A Rome, l’identité précise du groupe des vierges consacrées, point de référence pour des itinéraires de formation communs, ne cesse de grandir. Dans notre diocèse aussi,  la pratique de la consécration des veuves, connue depuis le temps des apôtres, ne tardera pas à revenir. L’idée d’ordre des veuves est en effet en train de faire son chemin.

Donnant une nouvelle physionomie à la vocation d’Eglise-communion au plan de la vie fraternelle en communauté, au plan des rapports d’autorité et d’obéissance, dans les relations avec l’Eglise locale. Je voudrais souligner le programme des religieuses de Rome: faire en sorte que les communautés, de plus en plus formées de membres venant de divers pays, ne soient plus seulement des communautés internationales mais des communautés interculturelles, où l’on dialogue, où l’on s’écoute, se pardonne, où chacun est aidé à réaliser sa vocation, où l’on ne critique pas les autres cultures mais les respecte, où l’on cherche à les connaître et les accueille. L’accueil des projets de pastorale diocésaine par des personnes consacrées, leur présence dans les structures diocésaines est un autre signe de la nouvelle manière de se sentir « Eglise » et de se rapporter à l’Eglise locale. Toutefois, dans ce domaine, celui des relations ecclésiales, il y a encore du chemin à faire. Sortir de l’individualisme, montrer le charisme dont on est porteur, être présents dans les chantiers de l’Église avant même d’être reconnus, par un style de vie évangélique lisible, se faire connaître aussi comme étant des chercheurs de Dieu : c’est tout cela qui est demandé aujourd’hui à la vie consacrée.

Rome, 21 janvier 2012                                     P. Agostino Montan

                                                                   Dire
cteur Bureau pour la Vie Consacrée

Traduction de Zenit: Océane Le Gall


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Agostino Montan

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