« La Trinité se révèle dans le Christ comme Dieu de l’histoire »

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Intervention du card. Castrillón Hoyos

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CITE DU VATICAN, Mercredi 22 décembre 2004 (ZENIT.org) – Le cardinal Dario Castrillón Hoyos présente dans l’allocution ci-dessous une vidéoconférence sur le thème : « Le Dieu de l’Histoire », organisée par son dicastère, la congrégation pour le Clergé (cf. www.clerus.org) , le 18 décembre dernier.

« Le Dieu de l’histoire »

 » Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté : par le Christ, Verbe fait chair, les hommes ont, dans le Saint Esprit, accès auprès du Père, et deviennent participants de la nature divine « . Cette affirmation de la Constitution dogmatique conciliaire Dei Verbum (n. 2) exprime la vérité sur Dieu un et trine, qui entre en personne dans l’histoire de l’humanité, et qui vient non seulement parler de lui-même à l’homme, mais aussi indiquer le chemin sur lequel chaque homme peut le rencontrer, le connaître et participer, grâce à Lui, à sa vie trinitaire.

Le Dieu transcendant, qui  » habite la lumière inaccessible  » (1 Tm 6,16), s’est fait Dieu proche, l’Emmanuel, le  » Dieu avec nous  » (Mt 1,23), de sa libre initiative, en entrant dans le temps et les lieux humains au moyen de son Verbe éternel fait chair. L’Éternité assume le temps créé, qui devient ainsi histoire de la miséricorde divine, histoire du salut pour l’humanité tout entière. Le Logos, éternelle Sagesse, Image du Dieu invisible,  » reflet resplendissant de sa gloire et expression parfaite de son être  » (Hé 1,3), en se faisant homme, manifeste sa souveraineté sur l’histoire, dont il est  » l’alfa et l’oméga  » (Ap 1,8 ; 21,6),  » le commencement et la fin  » (Ap 21,6).

La Trinité se révèle dans le Christ comme Dieu de l’histoire : Il est son commencement et son accomplissement. Tel sera le thème de notre trente-troisième visioconférence théologique internationale :  » Le Dieu de l’histoire « , de l’histoire du cosmos, de l’histoire de toutes les créatures et de chaque homme. Le Verbe éternellement engendré et éternellement aimé du Père, Dieu né de Dieu et Lumière née de la Lumière, est le commencement et l’archétype de toute chose créée par Dieu dans le temps. Si, par Lui, toute chose a été créée, constituant un univers ordonné – le cosmos – par Lui aussi, au moyen de son Incarnation et de sa Résurrection, l’ordre cosmique de la création est renouvelé : toute chose se récapitule dans le Verbe incarné, y compris le temps qui, dans l’éternité de Dieu, trouve son accomplissement (cf. Eph 1,7-10).

Aujourd’hui, les interventions des théologiens, et en particulier la présentation de S. Ém. le Card. Georges Cottier et les interventions des prof. Antonio Miralles et Paolo Scarafoni qui vont nous parler depuis le siège de la Congrégation pour le Clergé à Rome, mettront en relief la nouveauté de l’initiative du Dieu vivant, initiative qui dépasse toute attente humaine : Dieu agit par amour et le Logos se fait sarx, chair. L’Éternité entre dans le temps humain qui, atteignant sa plénitude, devient capable de vie éternelle. C’est la nouveauté chrétienne : pour les cultures sémitique et grecque, l’union entre noumène et contingent semblait impossible, insensée et même sacrilège. Aujourd’hui comme alors, pour la culture rationnelle moderne, le plérôme, la perfection, ne peut  » se mélanger  » avec ce qui est limité et temporel sans cesser d’être parfait.

Leurs interventions mettront en évidence et expliqueront que, dans le Dieu incarné, l’homme trouve sa pleine réalisation : l’histoire du monde devient histoire du salut parce que la vie humaine est rendue capable de communion avec un Dieu proche, un Dieu venu habiter parmi les hommes. Nous redécouvrirons que la nouveauté exaltante de la religion chrétienne consiste précisément dans la vérité de la présence corporelle de Dieu parmi les hommes, une présence porteuse de salut, conséquence et but de l’Incarnation du Verbe. Dès le IIe siècle, saint Irénée, se référant au terme grec  » skene « , tente, a parlé à diverses reprises de ce Dieu qui a planté sa tente au milieu des hommes, en présentant l’image d’une familiarité réciproque entre Dieu et l’homme :  » Le Verbe de Dieu qui a planté sa tente au milieu des hommes et s’est fait Fils de l’homme pour accoutumer l’homme à saisir Dieu et accoutumer Dieu à habiter dans l’homme, selon le bon plaisir du Père  » (Adversus haereses, III 20,2).

Dans les interventions de S. Exc. Mgr Muller depuis Regensburg, du prof. Alfonso Carrasco Rouco depuis Madrid, du prof. Michael Hull depuis New York, du prof. Igor Kowalewsky depuis Moscou, il sera rappelé que la théologie du Temple de Dieu est devenue une théologie du Corps du Christ : c’est lui, la vraie shekhinah ou lieu de Dieu, un terme hébreu qui indique la sainte nuée, évoquant la présence miséricordieuse de Dieu auprès des Hébreux rassemblés pour prier et pour étudier la Loi. Le Christ introduit chaque homme dans la  » plénitude du temps « , en le faisant sortir de ses limites terrestres pour en trouver l’accomplissement dans la transcendance et l’éternité de Dieu.

Depuis Sydney S. Exc. Julian Porteous, depuis Taiwan le prof. Louis Aldrich, depuis Manille le prof. José Vidamor Yu, depuis Bogota le prof. Silvio Cajiao et depuis Johannesburg le prof. Stuart Bate, nous permettront de comprendre plus à fond que l’Église, sacrement du Christ, nous renvoie à Lui, ressuscité et élevé dans la gloire du Père : dans le mystère du Christ, l’Église est dépositaire et dispensatrice, sacrement d’un salut déjà conquis définitivement par son Fondateur. C’est pourquoi l’Église est aussi eschatologie, en renvoyant à l’éternité qu’elle contient déjà : elle qui n’est pas du monde tout en étant dans le monde (cf. Jn 17,11.14), garde, comme Marie, dans son sein sacramentel, le règne lumineux de la présence de Dieu.

Les théologiens nous expliqueront que la Vierge Marie, figure de l’Église, est l’arche vivante de la Nouvelle Alliance, la nouvelle tente sainte : son fiat est le moment où Dieu fait sa demeure dans le monde, son oui est la porte qui s’entrouvre à la rencontre de l’humanité avec Dieu. Celui que le monde ne peut contenir et qui ne peut être enfermé dans des pierres, a fait sa demeure dans une personne humaine, en s’en remettant à son libre consentement. Et les prêtres, ministres sacrés de l’Église du Christ, porteurs d’un nouveau oui à la volonté salvifique de Dieu qui les a choisis et consacrés, sont appelés encore une fois à manifester jusqu’aux extrémités de la terre le mystère du salut réalisé par le Christ sur la Croix.

En conclusion de cette introduction, je remercie vivement les prélats et les théologiens invités, et je rappelle que leurs interventions se déroulent en liaison directe depuis dix nations des cinq continents.

Je souhaite à tous une bonne écoute.

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ZENIT Staff

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