La stratégie de Satan est la confusion, affirme un exorciste

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Entretien avec le père Pedro Mendoza, du Mexique

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ROME, vendredi 24 septembre 2004 (ZENIT.org) – Satan existe et sa stratégie est la confusion, déclare le père Pedro Mendoza Pantoja, exorciste de l’archidiocèse de Mexico, dans cet entretien accordé à Zenit.

Le père Pedro Mendoza fut l’un des organisateurs de la première rencontre nationale d’exorcistes et d’auxiliaires de libération de Mexico, qui s’est déroulée du 31 août au 2 septembre au siège de la Conférence épiscopale du Mexique avec environ 500 participants.

Zenit: Qu’est-ce qu’un exorciste ?

P. Mendoza : Un exorciste est un évêque ou un prêtre désigné comme tel, qui avec le mandat de Jésus-Christ et au nom de Dieu Père, Fils et Esprit Saint fait une prière par laquelle, en cas de possession diabolique, il ordonne de façon impérative à Satan de sortir et de laisser complètement libre la personne possédée. Il peut aussi faire une prière sous forme de déprécation, c’est-à-dire comme une intercession ou une supplique, afin que, par le précieux sang du Christ et l’intercession de la Vierge Marie, une personne, un lieu, une maison ou une chose soit libéré de toute influence démoniaque, qu’il s’agisse d’une possession, d’une obsession ou d’une oppression.

Zenit : Est-ce que n’importe qui peut être exorciste ?

P. Mendoza : Non. Selon les Evangiles, le Christ a gratifié ses apôtres de dons charismatiques lorsqu’il les a envoyés évangéliser. Dans Matthieu 10, 1 on peut lire : « Ayant appelé à lui ses douze disciples, Jésus leur donna pouvoir sur les esprits impurs, de façon à les expulser et à guérir toute maladie et toute langueur ». On peut aussi lire Marc 16, 17-18. C’est pour cette raison que c’est aux évêques, successeurs des apôtres, d’exercer le ministère d’expulser les démons; mais conformément au canon 1172 du Code de Droit Canonique, ceux-ci peuvent désigner pour exercer ce ministère, de façon stable ou pour un cas spécial, « un prêtre pieux, éclairé, prudent et de vie intègre ». Je parle de possessions diaboliques et donc d’exorcisme proprement dit, appelé aussi exorcisme solennel.

Mais tout prêtre, de par son ministère, participe au sacerdoce ministériel du Christ et a, avec Lui, la mission de libérer les fidèles de toute obsession, oppression ou influence démoniaque, à travers des prières déprécatives d’intercession et de supplication, par l’évangélisation et l’administration des sacrements, essentiellement de la pénitence et de l’eucharistie. Pour la même raison, tout prêtre est exorciste dans le cadre de la pastorale de libération qui fait partie de sa mission d’évangéliser, et ceci, par mandat du Christ; il n’a pas besoin d’être désigné pour réaliser ce que l’on appelle l’exorcisme mineur. Les laïcs en revanche ne peuvent pas être exorcistes.

Zenit : Les « auxiliaires de libération » étaient également invités à la rencontre que vous avez organisée. Qui sont-ils et que font-ils ?

P. Mendoza : Les auxiliaires de libération sont les prêtres qui n’ont pas le caractère officiel d’exorcistes, les médecins, les religieux et les laïcs qui aident le prêtre exorciste dans le discernement ou qui l’assistent dans l’exercice de son ministère, par leur prière d’intercession ou de différentes manières. Les prêtres assistent par des prières de libération et les laïcs par des prières d’intercession. Le prêtre qui n’a pas le titre officiel d’exorciste peut pratiquer des exorcismes mineurs, appelé aussi exorcismes de libération, assisté à son tour par tous les laïcs qui l’accompagnent dans le discernement et par des prières d’intercession. Les laïcs ne peuvent pas faire de prières de libération.

Zenit : C’est la première fois qu’une telle rencontre était organisée au Mexique. On a l’impression que ces quarante dernières années, la figure de l’exorciste était en train de disparaître…

P. Mendoza : Oui, c’est exact. Les raisons de cela sont multiples mais je dirais qu’elles entrent dans le grand défi auquel l’Eglise s’est trouvée confrontée dans sa mission d’évangélisation, au cours de la deuxième moitié du siècle dernier.
Au cours de la première moitié du siècle Satan attaquait l’humanité dans le domaine des idées et de la pensée: rationalisme, matérialisme, gnosticisme, franc-maçonnerie, la rose croix, le sectarisme, le socialisme, le marxisme-léninisme, etc. qui éloignent l’homme de Dieu. La négation d’un Dieu personnel et la négation aussi de l’existence de Satan comme un être personnel, transformant le Vrai Dieu en un Dieu impersonnel qui s’identifie à ce monde matériel, et réduisant Satan à un simple symbole.
Cette influence s’est également exercée sur nos théologiens qui ces derniers temps ne parlaient déjà plus du diable et des anges. Mais comme en contrepartie, l’homme avait la nostalgie de Dieu. Sa recherche du surnaturel, comme solution à la problématique dans laquelle il s’était retrouvé à cause de son éloignement de Dieu, l’a fait tomber dans les griffes du New Age, qui avec ses spiritualités trompeuses et ses solutions magiques et ésotériques fictives a ouvert la porte aux manifestations du démon dans de nombreuses personnes s’étant livrées aux pratiques ésotériques et magiques du New Age. L’Eglise a donc du raviver quelque chose qui appartenait désormais au passé mais qui est urgent à notre époque, dans la Mission Permanente de la Nouvelle Evangélisation : annoncer à ceux qui sont loin la Pâque du Christ venu nous libérer des pièges de Satan.
Zenit : On dit que dans certains pays la progression des sectes sataniques n’a pas pu être suffisamment enrayée par l’Eglise à cause d’un manque d’exorcistes. Croyez-vous que cela soit exact ?

P. Mendoza : La réponse à cette question est liée à la précédente. En effet, les fidèles et les prêtres eux-mêmes ont été submergés par la vague de confusions que répand le New Age avec son mélange d’idées, de tromperies et de mensonges, manipulant les spiritualités orientales mêlées de panthéisme, comme les médecines traditionnelles qui en soi sont un don de Dieu et n’ont rien de diabolique mais dont l’efficacité est utilisée par les promoteurs du New Age pour se justifier et faire croire que tout ce qu’ils disent est vrai. Le New Age nous a également pris par surprise, les évêques et les prêtres, sans que nous sachions que faire ou comment réagir devant cette vague de confusions. Et certains ont eu peur devant la phénoménologie que présentent les personnes touchées par le démon, ou ils ont prétexté un scepticisme total devant ces réalités, les attribuant à des problèmes sociologiques ou à des maladies difficiles à soigner, et par conséquent ils ne s’en sont pas occupés.

D’autre part, dans les séminaires on ne donne pas de préparation pour affronter ces problèmes. C’est pour cela qu’à travers nos rencontres et nos congrès aussi bien au niveau national qu’international, nous cherchons la formation, pour nous, les exorcistes officiels comme pour tous les prêtres et les laïcs engagés dans la pastorale de la libération.

Zenit : Beaucoup, parfois même des croyants, nient le fait qu’il puisse y avoir des personnes possédées par le démon. Ils estiment qu’il s’agit plutôt de problèmes psychologiques ou psychiatriques. Comment un exorciste distingue-t-il les cas de possession des cas de perturbations d’un autre ordre ?

P. Mendoza : Le Code de Droit Canonique, le Nouveau Rituel d’Exorcismes ainsi que le Catéchisme de l’Eglise Universelle, indiquent qu’avant de faire un exorcisme majeur, il faut procéder à un discernement. Il faut comprendre s’il s’agit d’une vraie possession ou d’une simple obsession ou oppression diabolique, en se servant également de conseils préalables de médecins, de psychiatres qui peuvent donner leur diagnostic. Mais c’est toujours le prêtre qui doit décider ca
r d’autre part le rituel d’exorcismes précise quels sont les signes qui peuvent nous indiquer ou nous faire soupçonner une vraie possession diabolique: parler ou comprendre des langues inconnues comme si elles étaient des langues maternelles; révéler des choses occultes ou éloignées; manifester une force supérieure à son âge ou à sa condition physique, s’écarter de Dieu avec véhémence, avoir une aversion pour le Saint Nom de Jésus, de la Vierge et des saints, pour des images, des lieux et des objets sacrés.

Zenit : Pour de nombreuses personnes toutefois, ces cas de possession diabolique ressemblent davantage à des histoires de films de Hollywood. On a l’impression que la stratégie du démon est de faire croire qu’il n’existe pas…

P. Mendoza : En réalité, selon ce que j’ai pu constater, Satan utilise différentes stratégies pour nous éloigner de Dieu. Ce qui l’intéresse c’est plutôt semer la confusion dans notre esprit, que ce soit par exemple pour que nous croyions qu’il n’existe pas et que par conséquent, s’il n’existe pas, l’enfer et le ciel n’existent pas non plus et nous n’avons donc pas besoin de craindre d’être loin de Dieu. Mais il se manifeste aussi à travers des oppressions et des obsessions pour tourmenter terriblement ceux qui lui ont ouvert les portes afin qu’ils aient peur de lui et n’essaient pas de lui fermer les portes et de se débarrasser de lui. Il peut également faire que les personnes croient en son pouvoir et lui fassent confiance. C’est ainsi que l’on explique le culte satanique et la sainte mort pour obtenir le pouvoir, sa faveur et sa protection. Satan est le père du mensonge et de la tromperie.

Zenit : Tout ministère dans l’Eglise est une grâce de Dieu et un service aux frères. Percevez-vous ainsi votre ministère d’exorciste ?

P. Mendoza : Toute ma vie est une grâce de Dieu : mon baptême, le don qui fait de moi un fils de Dieu, membre de l’Eglise et co-héritier avec le Christ de sa gloire; le ministère sacerdotal, le don qui me permet de participer à sa Pâque et à son œuvre de salut et de service à mes frères. Le ministère d’exorciste est aussi un don de sa grâce et de sa miséricorde qui dans ma petitesse, mon insignifiance et mes limites me permet d’expérimenter, en tant que son instrument, son pouvoir libérateur et salvifique au service de mes frères, ce qui m’encourage et me pousse à adhérer davantage à lui pour participer à sa victoire, et avec elle, à sa gloire.

Zenit : Y a-t-il un exemple, que vous pourriez nous raconter, où votre ministère d’exorciste vous a permis d’expérimenter en plénitude votre vocation comme homme et prêtre ?

P. Mendoza : Il y a beaucoup de cas dans lesquels, en pratiquant la prière de libération (depuis 24 ans, même sans être exorciste), j’ai constaté le pouvoir duquel Dieu nous rend participants, nous les prêtres, dans le service à nos frères qui souffrent. C’est la thérapie de la foi avec la prière de guérison, de libération et de pardon par laquelle on réussit souvent ce qui est impossible, ce qui est hors de portée pour la science médicale et psychologique.

Maintenant, comme exorciste depuis six ans, je me suis occupé de plusieurs cas d’oppressions et d’obsessions diaboliques chez des personnes tourmentées et désespérées après être passées par toutes sortes de spécialistes, guérisseurs et sorciers qui ont empiré leur situation au point de leur faire penser à une possession diabolique et d’être impatient de pouvoir bénéficier d’un exorcisme. Dans certains cas, j’ai détecté des signes qui m’ont fait penser à une présence ou possession diabolique, et, même sans être sûr, ils m’ont fait faire ce que l’on appelle l’exorcisme de diagnostic c’est-à-dire une prière impérative, par laquelle j’ai réussi à les faire entrer dans une paix et une tranquillité sans avoir encore réussi à faire pleinement l’exorcisme solennel, en me limitant à poursuivre la prière de libération. Ça été une grande satisfaction de réussir à libérer mes frères à travers le service de mon humble ministère par le pouvoir de la prière d’intercession, et de voir leur foi grandir grâce à une évangélisation et une catéchèse qui les amènent à se convertir, à renouveler leur foi et à adhérer plus pleinement au Seigneur, et de les voir poursuivre leur vie remplis d’amour et de confiance en Dieu.

Zenit : Que doit faire une personne qui croit être victime d’une possession diabolique ou qui connaît quelqu’un qui pourrait se trouver dans cette situation ?

P. Mendoza : Aller voir son curé et faire une bonne confession pour que dans un premier temps ce prêtre s’occupe d’elle. Si le prêtre découvre qu’il y a une influence démoniaque mais aucun signe de possession diabolique, qu’il prie pour elle avec son équipe de libération et l’insère dans un groupe d’évangélisation ou d’approfondissement de la foi ou dans un ministère de la paroisse. Si le prêtre perçoit des signes qui le font soupçonner une possession diabolique ou s’il ne se sent pas capable d’affronter le problème, qu’il l’oriente vers l’exorciste de son diocèse ou l’exorciste le plus proche. Elle ne doit jamais avoir recours à des sorciers ou à des soins relevant de la magie.

[Pour tout autre question, commentaire ou explication, le père Pedro Mendoza Pantoja est disponible à l’adresse suivante: pedromen@prodigy.net.mx]

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ZENIT Staff

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