"La solidarité n'est pas une option, mais une obligation"

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Plaidoyer de Mgr Tomasi au Conseil des droits de l’homme

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Pour le Saint-Siège, « la solidarité s’impose absolument », au niveau individuel comme au niveau international : « ce n’est pas simplement une option, mais une obligation ».

Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies à Genève, a pris la parole lors de la 26e session du Conseil des droits de l’homme, sur « L’expert indépendant sur les droits de l’homme et la solidarité internationale », le 13 juin 2014.

L’archevêque dresse d’abord un bilan sans concession des défis actuels, entre « la crise financière à long terme » qui « affecte les économies en difficulté », « l’escalade des conflits » qui montre que « la famille humaine est souvent incapable de préserver la paix et l’harmonie » et « les effets destructeurs du changement climatique sur le patrimoine naturel de cette terre et sur tous les hommes et les femmes ».

Parmi les diverses causes de la souffrance humaine, le Saint-Siège dénonce aussi « le rôle de la cupidité personnelle, qui conduit à « réduire en esclavage » des millions de femmes, d’enfants et d’hommes dans des conditions évidentes de maltraitance et de mépris total de la personne humaine ».

Il propose « le principe et la pratique de la solidarité », « seul moyen efficace pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté, du profit au détriment des autres, et des conflits de ce monde » : aujourd’hui, estime-t-il, « l’éthique de la solidarité s’impose absolument : ce n’est pas simplement une option, mais une obligation ».

La solidarité, précise Mgr Tomasi, « n’est pas simplement un vague sentiment de compassion », mais selon les mots de Paul II, « c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous. » (Lettre encyclique Sollicitudo Rei Socialis, 1987, n. 38). Le Saint-Siège plaide pour « la pleine reconnaissance et l’application juridique du principe de solidarité ».

Sans la solidarité, met-il en garde « la coopération internationale peut être perçue comme une forme de « soins palliatifs » politiques, qui ne s’attaque jamais aux causes profondes des déséquilibres entre les pays développés et ceux en voie de développement, ni ne supprime les obstacles structurels qui génèrent la pauvreté dans le monde ».

« En revanche, ajoute l’archevêque, la pleine application du principe de solidarité peut déplacer une coopération fondée sur une logique de profit d’un pays sur un autre, à une coopération basée sur l’entraide dans un esprit de fraternité exercé sans aucune condition. »

Au niveau local également, « la reconnaissance du principe de solidarité peut aider à obtenir le soutien des individus et des communautés, d’abord pour résister à ces problèmes apparemment insolubles comme la traite des personnes, puis pour les résoudre ».

Enfin sur la question du bouleversement climatique, il s’agit « d’exprimer la solidarité en y joignant les compétences et les ressources pour renforcer les efforts en matière de préparation aux catastrophes et de renforcement des structures pour résister aux forces de la nature ».

Afin de mettre en œuvre le principe de solidarité, précise Mgr Tomasi, tous les membres de la famille humaine sont appelés à « un changement des attitudes qui caractérisent les rapports de tout homme avec lui-même, avec son prochain, avec les communautés humaines même les plus éloignées et avec la nature : cela en vertu de valeurs supérieures comme le bien commun ou le développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes. »

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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