« La seule logique du profit », impossible pour un chrétien

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Réflexion de l’économiste coréen expert au Vatican

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ROME, Lundi 24 août 2009 (ZENIT.org). – « En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas suivre seulement la logique du profit le plus élevé, avec un coût le plus bas possible » : c’est ce que déclare à L’Osservatore Romano en italien du 23 août l’économiste coréen Thomas Hong-Soon Han. 

M. Thomas Hong-Soon Han est réviseur international de la préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège depuis novembre 2008. Il a été nommé au lendemain du synode des évêques auquel il a participé comme auditeur laïc, en tant que professeur d’ économie au « Collège d’affaires et d’économie » de l’Université Hankuk de Séoul ; il est également président du Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques de Corée.  

Il s’est fait remarquer en plaidant, lors de la 14ème congrégation générale du synode, le 14 octobre 2008, pour que les catholiques veillent à être les premiers à mettre en pratique l’enseignement social de l’Eglise notamment par « des rétributions suffisantes pour vivre et de bonnes conditions de travail ». Il a aussi recommandé une meilleure formation des laïcs dans l’Eglise et une gestion des affaires par les catholiques qui soit une mise en œuvre effective concrète de l’enseignement social de l’Eglise, y compris ad intra

Le rôle principal de cette préfecture du Vatican, est d’examiner les bilans préventifs et consolidés du Saint-Siège et du gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican pour offrir des indications en vue d’une meilleure gestion économique et patrimoniale, mais aussi éthique. 

Dans « Caritas in veritate », le pape Benoît XVI a écrit : « Toute décision économique a-t-elle une conséquence de caractère moral » (n. 37). 

Dans l’entretien accordé à L’Osservatore Romano, l’économiste cite à plusieurs reprises l’encyclique sociale de Benoît XVI, notamment là où il est dit que « la charité exige la justice », c’est-à-dire que l’Eglise doit par exemple refuser toute d’adjudication à une entreprise qui exploite les travailleurs. Une responsabilité des laïcs engagés dans des activités économiques, souligne-t-il, et pas seulement de la hiérarchie catholique. Une question test : « Quel style de vie voulons-nous au cœur de ces activités ? » 

Le prof. Hong-Soon Han, reconnaît que même pour les chrétiens « il est facile de céder à la tentation d’obtenir avant tout des conditions favorables du point de vue économique ». 

Mais il souligne l’importance d’autant plus grande du critère éthique lorsque l’Eglise gère directement des activités commerciales : « Ce doit toujours être l’Evangile ». 

Pour l’économiste, la première chose a avoir présente à l’esprit c’est que « l’Eglise est le lieu où l’on adore Dieu et non pas ‘mammon’, l’argent, comme le pape l’a rappelé encore récemment ». La deuxième c’est qu’il faut « tout considérer du point de vue du caractère missionnaire : si une initiative sert à promouvoir la mission, alors, ça va ». 

Mais, pour être missionnaire, ajoute le prof. Thomas Hong-Soon Han, il faut rester fidèles à l’enseignement de l’Evangile « en donnant un exemple surtout en termes de sobriété et de solidarité ». 

L’économiste suggère à l’Eglise de laisser gérer ce type d’activité à des professionnels laïcs, et d’ « éviter la tentation de les élargir toujours davantage : le risque est qu’une partie de la structure ecclésiastique finisse par se transformer en une sorte d’organisme commercial pour en pas dire en un grand supermarché ». 

A propos de la crise économique mondiale actuelle, Hong-Soon Han explique que sa cause est « profonde » : « La racine de cette crise est dans le déficit moral. Le capitalisme ne fonctionne pas sans une base éthique. Et le géant (les Etats-Unis, locomotive de l’économie mondiale, d’où pourtant la crise est partie, ndlr) s’écroule lorsque ses fondations ne sont pas construites sur des principes moraux. Sur le billet d’un dollar il est écrit: ‘In God we trust’, ‘Nous avons confiance en Dieu’. Justement, si le marché se fonde uniquement sur l’intérêt égoïste, et ne fait pas ‘confiance à Dieu’, il court à l’échec ». 

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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