La sainteté du Christ réalise un exorcisme silencieux et efficace, déclare le père Cantalamessa

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Méditation de l’Evangile du dimanche 29 janvier

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ROME, Vendredi 27 janvier 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 21-28.

Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement : « Silence ! Sors de cet homme. »
L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri.
Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. »
Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée.

© AELF

L’esprit mauvais sortit de lui

« Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier :
«Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu». Jésus l’interpella vivement : «Silence ! Sors de cet homme». L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri ». Que faut-il penser de cet épisode raconté dans l’Evangile de ce dimanche et de tant d’autres épisodes analogues présents dans les Evangiles ? Les esprits mauvais existent-ils encore ? Le démon existe-t-il ?

Lorsque l’on parle du fait de croire au démon, il faut distinguer deux niveaux : le niveau des croyances populaires et le niveau intellectuel (littérature, philosophie et théologie). Au niveau populaire, au niveau des coutumes, notre situation actuelle n’est pas tellement différente de celle du Moyen-âge ou des XIVe-XVIe siècles, tristement célèbres pour l’importance accordée aux phénomènes diaboliques. Les procès de l’inquisition, les bûchers pour les personnes possédées, la chasse aux sorcières, et autres choses semblables, n’existent plus, il est vrai, mais les pratiques liées au démon, sont encore plus diffuses qu’à l’époque, et pas seulement parmi les classes pauvres et populaires. C’est devenu un phénomène social (et commercial !) aux proportions énormes. On dirait même que plus on tente de chasser le démon par la porte, plus il entre par la fenêtre ; plus il est exclu de la foi, plus il sévit dans la superstition.

Les choses sont bien différentes au niveau intellectuel et culturel. Il y règne désormais le silence le plus total sur le démon. L’ennemi n’existe plus. L’auteur de la démythification, R. Bultmann, a écrit : « On ne peut pas utiliser la lumière électrique et la radio, on ne peut pas avoir recours en cas de maladie à des moyens médicaux et cliniques et en même temps croire au monde des esprits ».

Je crois que l’une des raisons pour lesquelles de nombreuses personnes ont des difficultés à croire au démon est que l’on cherche le démon dans les livres, alors que ce ne sont pas les livres qui l’intéressent mais les âmes, et qu’on ne le rencontre pas en fréquentant les instituts universitaires, les bibliothèques et les académies, mais, précisément, les âmes. Paul VI a réaffirmé avec force la doctrine biblique et traditionnelle concernant cet « agent obscur et ennemi qu’est le démon ». Il écrit entre autre : « Le mal n’est plus seulement une déficience, il est efficace, c’est un être vivant, spirituel, perverti et pervertisseur. Une terrible réalité. Mystérieuse et terrifiante ».

Mais dans ce domaine la crise n’est pas passée en vain et sans porter également des fruits positifs. Dans le passé on a souvent exagéré en parlant du démon, on le voyait là où il n’était pas, beaucoup de torts et d’injustices ont été commis, sous prétexte de le combattre ; il faut faire preuve de beaucoup de discernement et de prudence pour ne pas justement faire le jeu du démon. Voir le démon partout est tout aussi trompeur que de ne le voir nulle part. Saint Augustin disait : « Lorsqu’on l’accuse, le démon se réjouit. Il veut même que tu l’accuses, il accepte volontiers chacune de tes récriminations, si cela sert à te dissuader de te confesser ».

On comprend donc la prudence de l’Eglise lorsqu’elle décourage la pratique sans discernement de l’exorcisme par des personnes qui n’ont reçu aucun mandat pour exercer ce ministère. Nos villes pullulent de personnes qui font de l’exorcisme l’objet de l’une de ces nombreuses consultations payantes promettant de nous débarrasser de « factures, mauvais sorts, malchance, négativité maléfique sur les personnes, maisons, magasins, activités commerciales ». Il est étonnant de voir que dans une société comme la nôtre, si attentive aux fraudes commerciales et prête à dénoncer des cas de trafic d’influence et d’abus dans l’exercice de la profession, on trouve tant de personnes disposées à croire à des fables comme celles-là.

Avant même que Jésus, ce jour-là dans la synagogue de Capharnaüm n’ouvrît la bouche, l’esprit mauvais se sentit débusqué et contraint à sortir au grand jour. C’était la « sainteté » de Jésus qui apparaissait « insoutenable » à l’esprit mauvais. Le chrétien qui vit dans la grâce et qui est temple de l’Esprit Saint, porte en lui un peu de cette sainteté du Christ et c’est elle qui réalise, dans les milieux dans lesquels il vit, un exorcisme silencieux et efficace.

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ZENIT Staff

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