La réalité du dialogue entre musulmans et chrétiens en France

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Une « nécessité vitale » déclare Mohammed Moussaoui

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Le voyage de quatre imams français à Rome avait pour objectif de « montrer la réalité du dialogue entre musulmans et chrétiens en France », un dialogue qui est une « nécessité vitale », explique Mohammed Moussaoui, universitaire, président honoraire du Conseil français du culte musulman  (CFCM), président de l’Union des mosquées de France, qui a participé au voyage qui a conduit à Rome quatre imams français, du 6 au 8 janvier. Il espère de ce voyage l’ouverture de « nouveaux horizons ». Ils ont été rattrapés par la tuerie de Paris.

MM. Mohammed Moussaoui, Azzedine Gaci, Tareq Oubrou et Djelloul Seddiki ont rencontré la presse en fin d’après-midi à l’ambassade de France près le Saint-Siège, aux côtés de Mgr Michel Dubost et du P. Christophe Roucou. Mgr Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essones, est président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France (CEF) et le P. Roucou est directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SRI).

Créer de nouveaux horizons
M. Moussaoui a insisté sur l’objectif de leur voyage au Vatican: « Il est vrai que lorsque nous sommes venus à Rome, notre objectif était de montrer la réalité du dialogue entre musulmans et chrétiens en France, de faire part de ce dialogue au Saint-Siège, à sa Sainteté le Pape François, mais aussi à Mgr Tauran, qui est chargé de ce dossier au sein du Vatican, parce que nous pensions qu’au-delà du dialogue quotidien que nous vivons en France, il fallait aussi quelque chose de symbolique.  Et nous pensions que la rencontre avec Sa Sainteté le Pape François pouvait donner ce symbole et générer des nouveaux dynamismes et créer de nouveaux horizons pour le dialogue interreligieux. »

Il dit que leur conviction demeure intact, en dépit de la tragédie de Charlie Hebdo: « Nous étions convaincus de cela. Nous restons convaincus de cela malgré tout ce qui s’est passé. Ce qui s’est passé aujourd’hui à Paris, cette tragédie qui nous a rattrapés en sortant de l’audience avec Sa Sainteté le Pape François, nous a renforcés dans la nécessité de dialoguer encore. Je lisais dans  hier que le dialogue n’était « pas une option », que c’est une « nécessité vitale ». Encore aujourd’hui, avec ce qui s’est passé à Paris! Les extrémistes usent de tous leurs moyens, de toutes leurs forces pour exacerber les tensions, attiser les peurs, au sein de nos propres sociétés. Nous savons très bien que ceux qui commettent ce type d’attentats en France ou dans des pays démocratiques sont peut-être commandités de l’extérieur. »

Refuser la « peur du musulman »
Il souligne que la peur est un terrain fertile pour la haine: « Il y a des menaces qui ont été proférées, contre la France, d’exporter les violences et les atrocités que vivent nos frères chrétiens et musulmans en Orient, de transporter au cœur de nos pays – la France en fait partie – et cette volonté de créer d’autres espaces de confrontation. Et plus il y aura cette peur entre les communautés plus les extrémistes vont pouvoir développer leur haine et leur idéologie. »

Le dialogue est d’autant plus incontournable: « Aujourd’hui, nous sommes convaincus que le dialogue est un chemin, un moyen de préparer nos concitoyens à l’impact qu’aurait ce type d’action, de violence. Je suis convaincu que ceux qui sont dialogue depuis longtemps regardent avec recul ce type de violence. Mais si on regarde nos concitoyens qui n’ont pas cette expérience de dialogue, c’est le superficiel qui va remonter tout de suite. Cela veut dire que c’est la « peur du musulman » qui va apparaître. (…) Celui qui a fait le dialogue avec les musulmans a une certaine connaissance de ce que sont les musulmans, le message de l’islam. Face à ceux qui instrumentalisent l’islam, nos concitoyens qui ne connaissent pas cette religion, peuvent croire que, peut-être, il y a en elle quelque chose qui pourrait amener un jeune à cette violence. C’est dans ce sens-là qu’il faut que le dialogue soit intensifié beaucoup plus qu’auparavant. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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