La piété mariale, un patrimoine « immatériel » à purifier

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Le « Parvis des Gentils » va en Suède

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Salvatore Cernuzio

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, mercredi 12 septembre 2012 (ZENIT.org) – La piété mariale peut aider les différentes cultures à dialoguer, estime le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, dans son intervention au 23e Congrès international de mariologie.

Le congrès s’est conclu dimanche dernier, 9 septembre 2012, après une semaine de travaux et une rencontre avec le pape à Castelgandolfo (cf Zenit du 5 septembre 2012 et Zenit du 10 septembre 2012).

Dans son intervention, le cardinal Ravasi, après avoir fait l’éloge des « brillantes activités » de l’Académie pontificale mariale internationale, organisatrice de la rencontre, a annoncé l’imminente étape suédoise du Parvis des Gentils, structure créée à l’intérieur du dicastère dont il est le président.

Le Parvis des Gentils, dont le but est de promouvoir le dialogue entre croyants et non croyants, sera en effet les 13 et 14 septembre 2012 à Stockholm, à l’académie royale des sciences (Kgl Vetenskapsakademien) avec un rendez-vous intitulé « Le monde avec ou sans Dieu ? » consacré au rapport entre science et foi.

Le choix des lieux n’est pas un hasard, a précisé le cardinal, la Suède étant en effet un pays « totalement sécularisé », où prévaut la composante athée et où la présence religieuse peut être considérée « dérisoire ».

Cet événement peut donc, selon lui, être un stimulant pour la nouvelle évangélisation, le dialogue œcuménique mais surtout la redécouverte de la figure de Marie, « point de référence fondamental » dans ce contexte, souligne-t-il dans l’entretien accordé à Zenit :

Zenit – Eminence, dans un monde qui tend de plus en plus à suivre cette culture sécularisée, quelle peut être la contribution Marie ?

Cardinal Ravasi – La Vierge peut donner un élan dans deux directions. La première ligne est la présence de la féminité, qui est une figure dont on discute beaucoup en ce moment – pensons à toutes les théories du gender – mais qui reste encore, à l’intérieur de la culture, une des figures les plus significatives. Elle représente en effet la totalité de la personne humaine. Comme dit la Bible dans le livre de la Genèse: « Dieu créa l’homme à Son image ; il le créa à l’image de Dieu; il créa l’homme et la femme » (Gn 1, 26-28). L’image de Dieu se reflète donc dans la communion entre l’homme et la femme.

La seconde ligne, au contraire, touche au fait que Marie, qui est un des personnages dominants à l’intérieur de l’histoire et de la culture, doit être reproposée, car c’est la seule possibilité que nous avons de redécouvrir le grand patrimoine qui nous a été laissé, d’être mis en contact avec ce patrimoine.

Comment la culture laïque peut-elle approfondir la connaissance du grand héritage que Marie nous a confié ?

Il faudrait tout d’abord « purifier » la conception de Marie – naturellement au niveau populaire – parfois entourée d’une dévotion trop excessive et tendant souvent à être instrumentalisée. La figure centrale est en effet le Christ.

Après cette première action de purification, il faudrait ensuite favoriser la circulation de son image, la « reproposer » sans cesse, justement parce qu’elle est un modèle d’une « Eglise au féminin », qui serait vraiment important d’un point de vue pastoral.

Enfin, il faut dire que le rôle de la Vierge devient particulièrement efficace car il met en valeur certains éléments que la culture contemporaine a déconsidérés. Pensons à l’aspect de la tendresse, au sentiment, à la connaissance plus complète, y compris d’un point de vue esthétique, où ne prévaudrait pas que la rigueur de la raison et de la science.

De cette manière-là, je crois, on ouvre des chemins pour que la culture laïque regarde cette figure qui doit par ailleurs être vue comme une des grandes figures fondamentales de l’histoire de l’humanité, indépendamment de la foi ou de la croyance.

La dévotion mariale peut-elle devenir un point de communion entre les cultures, et ainsi favoriser l’œcuménisme?

Certainement. Dernièrement, en effet, une plus grande attention est donnée au patrimoine « immatériel », ainsi qu’à l’art, au folklore, à la religiosité populaire, aux traditions anciennes et nouvelles. Il suffit de penser, par exemple, au fait que tant de cultures ont en commun beaucoup de processions, fêtes, manifestations religieuses, qui sont toutes fondamentalement mariales.

Dans ce contexte, ce serait une grande contribution, bien entendu en restant attentif car la dévotion populaire – comme on a dit – tend à s’exprimer parfois de manière « débridée ». Il est nécessaire de garder un juste équilibre, de manière à ce que la foi en Marie puisse être déclinée et introduite dans la culture et dans sa multiplicité.

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ZENIT Staff

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