"La Passion" : "Les accusations de violence et d'antisémitisme sont infondées"

Print Friendly, PDF & Email

Commentaire du théologien Bruno Forte

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, vendredi 9 avril 2004 (ZENIT.org) – Les accusations de violence et d’antisémitisme lancées contre le film de Mel Gibson « La Passion du Christ » sont infondées, déclare Mgr Bruno Forte, le théologien italien qui a prêché les exercices spirituels de carême pour le pape et la curie, cette année. Il ne faut pas exagérer en faisant de ce film un témoignage de foi, mais il est indéniable qu’il conduit à apprécier la profondeur des Evangiles et nous fait comprendre que le Christ nous a aimés jusqu’à la mort.

« Il y a une grande insistance sur l’aspect cruel de la Passion du Christ. Mais il faut reconnaître que cet aspect n’est pas historiquement infondé », explique Mgr Forte au micro de Radio Vatican.

« Si nous pensons à la « flagellatio » nous devons nous souvenir qu’il s’agissait d’un supplice atroce car on enlevait la chair au condamné. Je crois que derrière cela il y a la volonté de montrer que, pour reprendre les paroles d’Angela da Foligno « Le Christ ne nous a pas aimés à la légère » ».

« Ceci est un aspect qui échappe parfois dans certaines représentations plus édulcorées des Evangiles. C’est cet amour pour la chair du Fils de Dieu qui, comme le disait Tertullien, « est le pivot de notre salut », qui peut être la source d’inspiration positive du choix de Mel Gibson, même si la transposition sur le plan de l’image ensuite peut être considérée par certains, excessive, car on voit trop de sang », a poursuivi le théologien italien.

Interrogé sur la crainte que le film ne fomente l’antisémitisme, Mgr Forte répond : « Ceci est absolument infondé. Le film souligne en réalité la responsabilité des chefs juifs de l’époque dans ce complot politico-judiciaire. Mais il souligne également, de manière très claire, l’ambiguïté de Pilate, la responsabilité des soldats romains, on pourrait même dire la ‘misère’ de Pierre… S’il était antisémite il faudrait donc aussi dire qu’il est anti-romain, et paradoxalement, qu’il est aussi anti-pétrinien ».

« Ce film est le travail d’un producteur qui déclare ouvertement vouloir donner un témoignage de sa foi, et ceci est un fait certes appréciable. Mais de là à dire que le film en soi est un témoignage de foi… il faut être prudent ! » a déclaré Mgr Forte.

« Ceci dit, nous nous trouvons en face d’un produit qui, de fait, conduira de nombreuses personnes dans le monde à repenser la Passion du Christ. Moi je verrais ici une analogie avec les représentations médiévales sacrées », a-t-il ajouté.

« Je crois qu’en ce sens, la Passion de Mel Gibson peut elle aussi nous aider à trouver, surtout dans ce témoignage de pardon que Jésus donne à ses persécuteurs, ce témoignage d’amour jusqu’au bout, une force extraordinaire de rédemption et d’espérance ».

Evoquant son impression personnelle du film, le théologien italien a déclaré: « Il m’a fait apprécier encore davantage la sobriété des récits et la profondeur de l’annonce des Evangiles, et surtout – cela est l’aspect positif – il fait comprendre que le Christ est Celui qui nous a vraiment aimés jusqu’à la fin, Celui qui dans son amour jusqu’au bout s’est révélé comme le Fils de Dieu venu nous sauver ».

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel