"Là où j'ai appris à me priver pour les pauvres"

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Les années salésiennes de Jorge Mario Bergoglio

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« Je me souviens d’avoir appris là-bas à me priver de certaines choses pour les donner à des personnes plus pauvres que moi » : c’est en ces termes que le P. Jorge Mario Bergoglio se remémore ses années d’études au Collège Wilfrid Barón de los Santos Ángeles à Ramos Mejía, Buenos Aires.

L’Osservatore Romano du 30 janvier 2014 publie un écrit inédit du pape François, alors Jorge Mario Bergoglio, simple prêtre jésuite : dans cette lettre datée du 20 octobre 1990 et adressée au prêtre salésien historien Cayetano Bruno, le P. Bergoglio évoque l’année de ses 13 ans, en 1949.

Il y confie son attachement aux salésiens, expliquant que sa famille était proche de leur spiritualité, en particulier sa grand-mère, très attachée à saint François de Sales.

La vie au Collège était « un tout », écrit-il : « une trame de vie où il n’y avait pas d’oisiveté… La journée passait comme une flèche sans qu’on ait le temps de s’ennuyer ».

Rien « d’artificiel » dans ce monde, où aller à la messe, déjeuner, étudier, jouer en récréation, étaient autant d’activités « réelles » qui « éveillaient la conscience dans la vérité des choses » : « je me souviens d’y avoir appris à me priver de certaines choses pour les donner à des personnes plus pauvres que moi ». 

« On vivait en ce monde, ouvert à la transcendance de l’autre monde », car à Ramos Mejía, tout se faisait avec « un sens » : « on y apprenait, presqu’inconsciemment, à chercher le sens des choses ».

Le P. Jorge Mario Bergoglio se souvient particulièrement du moment du congé du soir, où le directeur souhaitait « Bonne nuit » aux élèves en livrant quelque méditation : « un moment adapté pour donner un sens à la journée ».

Il cite un soir d’octobre 1949 où le directeur avait parlé de la mort de sa mère, qu’il venait de perdre : « Je reconnais aujourd’hui que cette petite réflexion du soir est le point de référence de toute ma vie au sujet du problème de la mort. Ce soir-là, sans éprouver de peur, je sentis qu’un jour je serai mort, et cela m’a semblé la chose la plus naturelle. »

Un autre soir, raconte-t-il, après une monition sur la nécessité de prier la sainte Vierge pour comprendre sa propre vocation, « je me souviens que cette nuit je priai intensément jusqu’au dortoir… et que depuis ce jour je ne me suis jamais endormi sans prier ».

Le pape loue aussi « les heures d’études, en silence, qui créaient une habitude de concentration », « le sport qui était un aspect fondamental de la vie », où l’on apprenait « à vivre la compétition en chrétien », « l’éducation à la piété », « à la créativité » et « l’amour de la pureté ».

Pour affronter les crises, les éducateurs « faisaient sentir qu’on pouvait leur faire confiance, qu’ils nous aimaient ; ils savaient écouter, donnaient de bons conseils, et nous défendaient contre la rébellion ou la mélancolie », poursuit-il.

Même s’il y avait « des manques » au Collège, cependant la structure éducative « n’était pas défectueuse » : elle était apte à « donner une culture catholique car tout ce qu’on y faisait avait une unité harmonieuse », estime le P. Bergoglio.

Et si les éducateurs pouvaient créer cette « culture catholique », c’est parce qu’ils avaient « la foi » : « ils croyaient en Jésus Christ et ils avaient le courage de “prêcher”: par la parole, par leur vie, par leur travail ». Ils n’avaient « pas honte » du « langage de la croix de Jésus, qui est folie pour les autres ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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