La monstruosité de l'homme guidé par le mal et la miséricorde infinie

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Chemin de Croix du Colisée

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Si la croix du Christ manifeste la « monstruosité de l’homme qui se laisse guider par le mal », elle dit aussi que la « miséricorde infinie de Dieu » et que la mort n’a « pas le dernier mot », affirme le pape François.

Le pape a présidé le Chemin de Croix du Colisée, ce vendredi saint, à 21h15 en mondovision, depuis la terrasse du Palatin adossée à la basilique de Sainte-Françoise Romaine. Il a adressé la parole à la foule au terme des 14 stations de la Via Crucis.

Elle est « lourde » la croix du Christ, a dit le pape, lourde des péchés de l’humanité, de « l’amertume de la trahison de Judas et Pierre », de « l’arrogance des faux amis », une croix « lourde comme la nuit des personnes abandonnées », « comme la mort des personnes chère », parce qu’elle « résume le mal ».

La monstruosité de l’homme et la miséricorde infinie

Mais en même temps, a affirmé le pape, c’est « une croix glorieuse comme l’aube d’une longue nuit »: elle manifeste «  tout l’amour de Dieu, plus grand que nos iniquités et nos trahisons ».

Elle manifeste la « monstruosité de l’homme lorsqu’il se laisse guider par le mal », et en même temps « l’immensité de la miséricorde de Dieu qui ne nous traite pas selon nos péchés mais selon sa miséricorde ».

« Devant la croix de Jésus, a ajouté le pape, nous touchons combien nous sommes aimés éternellement. »

Il a cité une méditation de saint Grégoire de Nazianze sur l’homme sauvé par le Christ qui est « fils » et non plus un « objet » :  « Si ce n’était pas toi, je me sentirais créature finie ».

« Jésus enseigne nous que le mal n’aura pas le dernier mot mais l’amour, la miséricorde et le pardon… : hier j’étais crucifié avec le Christ, aujourd’hui je suis vivant avec lui. »

Enfin, le pape a demandé à tous une pensée pour « les malades, les personnes abandonnées, sous le poids de la croix, pour qu’elles trouvent la force de l’espérance, l’espérance de la résurrection et de l’amour de Dieu. »

Les méditations de l’évêque de Campobasso-Boiano, Mgr Giancarlo Bregantini, lues notamment par Virna Lisi, ont alterné avec les lectures des passages d’évangile, les prières, le Notre Père, et les invocations de la foule et du chœur.

Les sept paroles de Jésus en croix

A la douzième station, celle de la mort de Jésus, Mgr Bregantini écrit : « Les sept paroles de Jésus sur la croix sont un chef d’œuvre d’espérance. Jésus, lentement, avec des pas qui sont aussi les nôtres, traverse toute l’obscurité de la nuit, pour s’abandonner avec confiance entre les bras du Père. C’est le gémissement des mourants, le cri des désespérés, l’invocation des perdants. C’est Jésus ! »

Il commente les sept paroles en soulignant que « le pardon nous renouvelle, il guérit, transforme et console ! Il crée un peuple nouveau. Il arrête les guerres » : « “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Mt 27, 46). C’est le cri de Job, de tout homme frappé par le malheur. Et Dieu se tait. Il se tait parce sa réponse est là, sur la croix : c’est Lui, Jésus, la réponse de Dieu, Parole éternelle incarnée par amour. »</p>

A propos de la descente du Christ aux enfers, Mgr Bregantini explique la limite définitive imposée au mal par l’offrande du Christ: « Jésus pourra désormais tout ramener à la vie. Une fois revenu des profondeurs des enfers, où Satan a enfermé un grand nombre d’âmes, il commencera le renouvellement de toutes choses. Ce sépulcre représente la fin du vieil homme. Et comme pour Jésus, pour nous aussi, Dieu n’a pas permis que ses enfants soient frappés de la mort définitive. Dans la mort du Christ tombent tous les trônes du mal, basés sur l’avidité et sur la dureté du cœur. »

La « Pietà » et la voix maternelle

Pour l’évêque, la figure la plus belle du Chemin de Croix, c’est la mère. Il dit ceci de la « Pietà » (XIIIe station) : « “Pietà” signifie alors se faire proche des frères qui sont dans le deuil et sont inconsolables. C’est une grande charité de prendre soin de celui qui souffre dans son corps couvert de plaies, dans son esprit dépressif, dans son âme désespérée. Aimer jusqu’au bout est l’enseignement suprême que nous ont laissé Jésus et Marie. C’est la mission fraternelle quotidienne de la consolation, qui nous est donnée dans cette étreinte fidèle entre Jésus mort et sa Mère douloureuse. »

Virna Lisi, a fait observer le P. Federico Lombardi, est elle-même une maman et a souvent interprété des rôles de mère : or, la figure de la mère est la figure préférée de Mgr Bregantini pendant le Chemin de Croix.

Les méditations étaient centrées sur l’engagement social et les problèmes de la marginalisation, la justice : le suicides des entrepreneurs, l’usure, la corruption, l’injustice qui pèse sur les épaules des travailleurs ; les enfants soldats, les enfants qui meurent de maladie, dépendants de la drogue, de l’alcool ; les détenus, la surpopulation, les ex-détenus, la torture ; les femmes, victimes de la violence ; le bon larron…

A chaque station, en rapport avec le contenu des stations des méditations de Mgr Bregantini, les personnes qui ont porté la croix étaient : le cardinal vicaire du pape, Agostino Vallini, pour Rome la première te la dernière (14es.) station, un entrepreneur et un travailleur, des étrangers (une femme du Cap vert et un homme des Philippines), une communauté de réinsertion (« Nuovi Orizzonti »), deux hommes sans domicile fixe (assistés par la Caritas), une famille du diocèse de Rome (le papa, la maman et trois enfants, 2 filles, un petit garçon de trois ans, dans les bras de sa mère), deux prisonniers (de la prison de Rebibbia, accompagnés de l’aumônier), deux femmes (une jeune et une dame), des malades, dont une femme en fauteuil, trois enfants, un couple de personnes âgées, deux Franciscains de la Custodie de Terre Sainte, deux religieuses (sœur Gigliola et sœur Anna-Chiara).

A chaque station, deux jeunes entouraient la croix, portant deux flambeaux.

Le Chemin de Croix s’est conclu vers 22h35.

Pour accueillir toute la foule, les forces de sécurité de Rome – la Ville et la Questure – avaient demandé de disposer de trois fois plus d’espace que l’an dernier : toute la rue de Forum était piétonne depuis la place de Venise et des écrans géants avaient été disposés.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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