La mission de Mgr Carrasco, nouveau président de l'Académie pour la vie

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L’Académie étudiera la question du syndrome post-avortement et des banques de sang de cordon ombilical

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ROME, Jeudi 15 juillet 2010 (ZENIT.org) – La mission que le pape a placée sur les épaules de Mgr Ignacio Carrasco le 30 juin dernier est énorme: en tant que président de l’Académie pontificale pour la vie, il lui revient d’orienter l’Eglise et le monde scientifique face aux interrogations soulevées par la biomédecine.

Ce prêtre, membre de la prélature de la Sainte-Croix (Opus Dei), est philosophe, médecin et chirurgien. Il a été recteur de l’Université pontificale de la Sainte-Croix de Rome, professeur de bioéthique à l’Université catholique du Sacré-Coeur à Rome et membre du comité d’éthique pour l’expérimentation de la Polyclinique Gemelli à Rome. Il a publié de nombreux articles et écrits sur la bioéthique, comme le livre « Identidad y estatuto del embrión humano », Ediciones Internacionales Universitarias 2000 (Identité et statut de l’embryon humain).

L’Académie pontificale pour la vie a reçu pour mission d’étudier, d’informer et de former sur les principaux problèmes de biomédecine et de droit, relatifs à la promotion et à la défense de la vie, en particulier dans le rapport direct qu’ils ont avec la morale chrétienne et avec les directives du magistère de l’Eglise catholique.

Mgr Carrasco a partagé avec ZENIT la façon dont il envisage sa nouvelle charge et les défis qu’il devra relever.

Zenit – Quelle est votre expérience à l’Académie pontificale pour la vie ?

Mgr Ignacio Carrasco – J’ai commencé à travailler à l’Académie en 1994, date de sa fondation par Jean-Paul II, qui confia le projet au cardinal Fiorenzo Angelini, à cette époque président du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, et nomma comme premier président Jérôme Lejeune (le célèbre généticien français). J’ai travaillé à l’organisation de l’Académie, au moment où étaient nommés les premiers membres et consulteurs. Le cardinal Angelini m’a appelé et a sollicité ma collaboration pour être consulteur de ce dicastère et lui donner un coup de main à partir de ce moment.

Vous avez écrit plusieurs livres en faveur de la vie. Dites-nous quelques mots à ce sujet.

Je ne suis pas un grand écrivain. En fait, j’ai écrit plusieurs livres, mais si vous me demandez un exemplaire, j’aurai du mal à le trouver. Sur le plan de la méthode, j’ai préparé la partie de bioéthique avec une série de manuels qui ont été publiés simultanément en italien et en espagnol et répondent au schéma habituel des écrits de ce style.

Par ailleurs, sur le plan des thèmes concrets, j’ai effectué des études sur la dignité de l’embryon. J’ai abordé aussi un autre sujet totalement opposé, celui de la mort cérébrale, thème que je n’aime guère traiter maintenant, car il a été source de polémique dans certains secteurs.

A propos de la dignité de l’embryon, vous êtes nommé à la présidence de ce dicastère à un moment où la loi sur l’avortement entre en vigueur dans votre pays, l’Espagne…

Cette nouvelle loi est catastrophique. J’espère qu’elle n’aura pas trop de répercussions et qu’elle ne servira pas de modèle pour d’autres pays. C’est la première fois que l’avortement est reconnu comme un droit qui consiste, en substance, à tuer une autre personne. C’est inconcevable.

Comment défendre la dignité de l’embryon d’un point de vue scientifique ?

Le problème n’est pas scientifique ; de ce point de vue, il est bien défendu. Le problème est de nature fondamentalement sociopolitique et idéologique et, face à cela, les arguments scientifiques n’ont pas de poids. C’est un domaine dans lequel seul le pouvoir compte, et si quelqu’un a le pouvoir et n’est pas disposé à dialoguer, ou du moins à réfléchir un peu, il n’y a pas grand chose à faire.

Autrement dit, en définitive, il ne reste que l’arme politique, et l’arme politique dont les citoyens disposent aujourd’hui est limitée. Ceux qui connaissent la politique peuvent faire beaucoup plus et cela relève de leur très grave responsabilité. En utilisant la langue du football, on pourrait dire que le ballon est dans leur camp. Les études scientifiques, nous les avons, mais celui qui prend les décisions n’écoute pas. Tout se réduit à des droits humains, mais entendus de telle sorte que toute réalité se convertit en un droit humain. Je ne sais pas quand on en arrivera au droit de voler, mais ce qu’il y a derrière les lois, c’est une logique relativiste.

Et d’un point de vue théologique et spirituel ?

Un des problèmes que nous rencontrons avec l’embryon est qu’il ne se voit pas. Plus que d’embryon, nous devons parler de l’enfant à naître, de l’enfant qui se trouve dans la phase initiale de son développement. Du fait que nous ne le distinguons pas, il se trouve dans une situation de terrible danger, de terrible risque.

La défense de l’embryon est antérieure à la mentalité chrétienne elle-même. Ce qui ne veut pas dire que personne n’envisageait d’avorter ; le péché existe depuis toujours. Nous savons tous que l’on ne doit pas voler et, cependant, dans beaucoup de cultures, et à toutes les époques, on a volé. Le chrétien prend conscience que cette créature est faite à l’image de Dieu, il est conscient qu’elle est une présence de l’action divine. D’une certaine façon, les enfants, au tout début de leur existence, sont comme une sorte de rappel de ce qu’est l’action de Dieu dans le monde parmi les hommes, ce Dieu qui agit souvent à notre insu, car ce que nous percevons parfois, c’est la méchanceté des hommes, et non la bonté de Dieu. En effet, Il pourrait, s’il le voulait, paralyser un assassin avant qu’il ne tue sa victime, mais Il ne le fait pas car son amour fonctionne autrement.

N’y a-t-il pas une contradiction dans le fait que – maintenant que la technologie permet de percevoir de bien des manières le tout début de la vie humaine, aux premiers stades mêmes – il existe un courant aussi fort contre la vie ?

Il y a effectivement une contradiction. Il y a des femmes qui avortent et conservent une photographie de cette créature ; et elles la montrent à leurs amies comme si c’était un enfant ! Une attitude totalement ahurissante et qui, d’un autre côté, coïncide avec les expériences que nous avons, de voir que nous sommes autant capables d’un bien incroyable que de vivre une irrationalité incompréhensible. Il se développe une tendance croissante à éliminer la sensibilité morale.

Comment accueillez-vous votre nomination ?

Un champ immense s’offre à nous. Nous n’avons pas les forces suffisantes pour faire face à tous les défis à la fois, mais à certains oui. Nous travaillons sur des thèmes très spécifiques. Pour le mois de septembre, nous envisageons de travailler activement sur deux thèmes avec des équipes formées par des spécialistes : l’un est le syndrome post-avortement ou post-abortif (SPA). La mission n’est pas tant de démontrer que ce syndrome existe, que de voir exactement ce qu’il est et en quoi il consiste.

Le second thème est la question des banques de sang de cordon ombilical, parce que c’est quelque chose qui se développe à l’heure actuelle et nous arrivons à un moment où, sur ce point, nous pouvons avancer et discerner à quel type de problèmes nous sommes confrontés, si la gestion doit être publique ou privée. La gestion privée est parfois dictée par le profit ; la gestion publique prend davantage en compte les besoins des personnes. Ceci doit être toujours un service pour l’être humain, ce doit être la valeur fondamentale.

Comme membre de l’Opus Dei, qu’avez-vous surtout appris des vertus de saint Josemaría Escrivá de Balaguer ?

J’ai beaucoup appris. Evidemment, la vertu la plus pragmatique est la sanctification du travail. Celui-ci ne doit jamais être une tâche bureaucratique. Dans le travail, il y a touj
ours des intérêts qui sont légitimes, mais avant tout il convient de voir dans le travail quelque chose que Dieu permet pour parvenir à la sainteté, et je vois qu’accepter la direction de l’Académie pontificale est concrètement ce que le Seigneur me demande.

Propos recueillis par Carmen Elena Villa

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ZENIT Staff

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