Messe chrismale, Capture CTV

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Pouvoir réparer le mal commis: la dynamique de la miséricorde

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Homélie de la messe chrismale 2016

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Puisque « la miséricorde restaure tout et rend aux personnes leur dignité d’origine », elle conduit à chercher comment « pouvoir réparer le mal commis », explique le pape François.
Le pape a présidé la messe chrismale en la basilique Saint-Pierre ce jeudi 24 mars, Jeudi saint, entouré des prêtres et des évêques de son diocèse et de la Curie romaine qui ont renouvelé leurs promesses sacerdotales avec lui, après l’homélie.
Le pape a ensuite béni et consacré les huiles utilisées pour les sacrements de l’Eglise : l’huile des malades, l’huile des catéchumènes, le saint-chrême, parfumé, signe de l’onction de l’Esprit-Saint, et sur lequel le pape a soufflé avant de prononcer l’oraison.
Le pape François était entouré des cardinaux Sodano, Re, Bertone et Tomko. Le texte de cette longue homélie se trouve ici. Et le livret de la célébration ici. La messe a commencé à 9h30 pour s’achever environ deux heures plus tard.
Si la miséricorde restaure la dignité du pécheur, elle l’invite aussi à réparer le mal commis, a expliqué le pape : « La miséricorde restaure tout et rend aux personnes leur dignité d’origine. C’est pourquoi la réponse juste est de remercier avec effusion : il faut entrer tout de suite dans la fête, mettre l’habit, se débarrasser des rancœurs du fils aîné, se réjouir et festoyer… Car c’est seulement ainsi, en participant pleinement à ce climat de célébration, que l’on peut ensuite bien réfléchir, demander pardon et voir plus clairement comment pouvoir réparer le mal commis. »
Le pape a rappelé la mission des prêtres d’être « témoins et ministres de la miséricorde toujours plus grande de notre Père ; nous avons la douce et réconfortante tâche de l’incarner, comme a fait Jésus, qui, « là où il passait, faisait le bien ».
Il invite les prêtres à « exagérer » à l’imitation de Dieu lui-même : « Puisque c’est lui qui nous donne l’exemple, nous ne devons pas avoir peur d’exagérer nous aussi », car « le Seigneur exagère dans sa miséricorde ».
Il a souligné que la miséricorde grandit progressivement : « Une miséricorde qui avance de mieux en mieux : elle annonce et apporte quelque chose de nouveau : elle guérit, elle libère et elle proclame l’An de Grâce du Seigneur. »
C’est ce qu’il appelle « la dynamique de la miséricorde » : « C’est la dynamique de miséricorde, qui relie un petit geste à un autre, et, sans offenser aucune fragilité, se répand un peu plus dans l’aide et dans l’amour. Chacun de nous, regardant sa propre vie avec le regard bon de Dieu, peut exercer sa mémoire et découvrir comment le Seigneur a fait preuve de miséricorde avec nous, comment il a été beaucoup plus miséricordieux que nous le pensions, et ainsi nous encourager à lui demander qu’il fasse un petit pas en plus, qu’il se montre beaucoup plus miséricordieux à l’avenir. »
Il a aussi rappelé que « la lutte du Seigneur n’est pas contre les hommes mais contre le démon, ennemi de l’humanité » et que « Jésus ne combat pas pour consolider un espace de pouvoir » : « S’il brise les clôtures et remet en cause les sécurités, c’est pour ouvrir une brèche au torrent de la miséricorde qu’il désire déverser sur la terre, avec le Père et l’Esprit. »
« Là où le Seigneur annonce l’Évangile de la miséricorde sans condition du Père envers les plus pauvres, les plus éloignés et opprimés, c’est justement là que nous sommes appelés à choisir, à ‘mener le bon combat’, celui de la foi », a expliqué le pape.
Il a mise en garde contre une théologie «pétillante» et une spiritualité «light» qui n’étanchent pas la soif, invitant à se laisser libérer par le Christ de la «mondanité» et du consumérisme, pour pouvoir ensuite «consoler»: « Nous sentons que notre âme est assoiffée de spiritualité, mais non par manque d’Eau Vive – que nous buvons seulement à petits coups – mais par excès de spiritualité ‘pétillante’, de spiritualité ‘light’. Nous nous sentons aussi prisonniers, non pas entourés, comme tant de peuples, par d’infranchissables murs de pierres ou par des clôtures d’acier, mais par une mondanité virtuelle qui s’ouvre et se ferme d’un simple clic. Nous sommes oppressés, non par des menaces et des bourrades, comme beaucoup de pauvres gens, mais par l’attrait de mille propositions de consommation dont nous ne pouvons pas nous défaire en nous secouant pour marcher, libres, sur les sentiers qui nous conduisent à l’amour de nos frères, au troupeau du Seigneur, aux brebis qui attendent la voix de leurs pasteurs. Et Jésus vient nous racheter, nous faire sortir, pour nous transformer de pauvres et aveugles, de prisonniers et opprimés en ministres de miséricorde et de consolation. »
Avant la messe chrismale, un tweet a été posté sur le compte @Pontifex_fr du pape François, rappelant le titre de son exhortation apostolique Evangelii gaudium : « Oints de l’huile d’allégresse pour transmettre la joie de l’Evangile ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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