La miséricorde, la résurrection et l'unité des chrétiens

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Le pape invite à réfléchir au charisme de Pierre

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« Nous sommes des hommes et des femmes de résurrection, non de mort. Apprenons, de ce lieu, à vivre notre vie, les souffrances de nos Églises et du monde entier à la lumière du matin de Pâques » : c’est l’exhortation du pape François à tous les chrétiens, lors de sa rencontre avec le patriarche Bartholomaios et les autres représentants de différentes confessions chrétiennes, ce dimanche 25 mai, au Saint-Sépulcre, ou pour les Orientaux, la basilique de la Résurrection de Jésus.

Le pape s’est rendu au Saint-Sépulcre de Jérusalem après sa rencontre avec Bartholimaiso Ier dans le même salon qui avait vu la rencontre de Paul VI et Athénagoras il y a 50 ans, à la Délégation apostolique de Jérusalem. Ils ont signé une Déclaration conjointe.

Au Saint-Sépulcre, le pape s’est ensuite recueilli devant la pierre de l’onction du Corps du Christ descendu de la croix. Et, après l’accueil du patriarche grec Théophilos, le pape a pris la parole. Ils se sont ensuite rendus, lui et Bartholomaios pour se recueillir dans l’édifice protégé par la basilique, qui abrite le tombeau du Christ, avant de bénir l’assemblée.

Les plaies du Christ et la miséricorde

A quelque pas en dessous du Golgotha, le pape a invité à contempler la miséricorde révélée dans la Passion du Christ: « Chaque blessure, chaque souffrance, chaque douleur, a été chargée sur ses propres épaules par le Bon Pasteur, qui s’est offert lui-même et qui, par son sacrifice, nous a ouvert le passage vers la vie éternelle. Ses plaies ouvertes sont le chemin par lequel se déverse sur le monde le torrent de sa miséricorde. »

« Ne nous laissons pas voler le fondement de notre espérance ! Ne privons pas le monde de la joyeuse annonce de la Résurrection ! », s’est écrié le pape.

Et puis, dans la logique de la résurrection, il a lancé cet appel à l’unité : « Ne soyons pas sourds au puissant appel à l’unité qui résonne précisément de ce lieu, à travers les paroles de Celui qui, en tant que Ressuscité, nous appelle tous ‘‘mes frères’’. »

Plus encore, le pape a affirmé ce lien entre unité et résurrection explicitement : « Nous devons croire que, comme la pierre du sépulcre a été renversée, de la même façon, pourront être levés tous les obstacles qui empêchent encore la pleine communion entre nous. Ce sera une grâce de la résurrection, que nous pouvons dès aujourd’hui savourer à l’avance. »

Et il a donné des exemples de ce chemin de résurrection comme le pardon, l’amour fraternel, l’espérance d’un avenir uni.

Le charisme de Pierre

Et en vue de lever tout obstacle à l’unité, le pape a fait sienne l’invitation de Jean-Paul II dans « Ut unum sint » – voulue aussi par Benoît XVI – à réfléchir ensemble pour « trouver une forme d’exercice du ministère propre de l’Évêque de Rome qui, en conformité avec sa mission, s’ouvre à une situation nouvelle et puisse être, dans le contexte actuel, un service d’amour et de communion reconnu par tous ».

Il a rappelé la force de l’ « œcuménisme de la charité », en disant : « Quand des chrétiens de diverses confessions se trouvent à souffrir ensemble, les uns à côté des autres, et à s’entraider les uns les autres avec une charité fraternelle, se réalise un œcuménisme de la souffrance, se réalise l’œcuménisme du sang, qui possède une particulière efficacité non seulement pour les contextes dans lesquels il a lieu, mais aussi, en vertu de la communion des saints, pour toute l’Église. »

Le pape n’a pas manque de confier ce chemin à la Vierge Marie, refuge des chrétiens en cas de « turbulences ».

Pas à pas ensemble

La rencontre privée à la Délégation apostolique a duré une heure supplémentaire, ce qui fait que la célébration au Saint-Sépulcre a commencé avec une heure de retard et s’est achevée vers 20h10 (heure de Rome).

A leur arrivée le pape et le patriarche se sont donné le baiser de paix, avant d’entrer au Saint-Sépulcre pour bénéverer la « pierre de l’onction ». Le patriarche et le pape, à sa droite, se sont agenouillés ensemble, se découvrant, embrassant la prière et priant en silence.

Le patriarche grec de Jérusalem et de la Palestine, Théophilos III a ensuite souhaité la bienvenue au pape et au patriarche.

La célébration de la Parole a proposé la lecture, en grec puis en latin, de deux évangiles de la résurrection: la rencontre de Marie-Madeleine et du Ressuscité, et l’annonce de l’ange aux saintes femmes puis la venue de Pierre et Jean au tombeau.

Après leurs homélies, le pape et le patriarche sont embrassés avant d’allr se recueillir en silence auprès du tombeau du Christ, à genou, tête découverte, l’un à côté de l’autre, le pape donnant la priorité au patriarche. Un moment d’émotion unique. Ils ont conclu leur prière en allumant un petit cierge de cire naturelle que le patriarche a tendu au pape et qu’ils ont laissé brûler dans le tombeau.

Avec l’assemblée, ils ont ensuite prié ensemble le Notre Père, en italien d’abord puis chacun dans sa langue, avant de donner ensemble la bénédiction à l’assemblée.

Il se sont ensuite dirigés, toujours accompagnés du Custode, le P. Pizzaballa, du patriarche arménien Nourhad et du patriarche Théophilos, auprès du Golgotha. Là, ils ont ensuite allumé de grands cierges de cire blonde.

A chaque marche, le patriarche veillait sur les pas du pape et réciproquement. Ou bien le patriarche indiquait dans le livret ce que le choeur chantait en grec. Ou bien après leur prise de parole ils s’embrassaient. Ou bien ils s’effaçaient l’un devant l’autre, comme pour l’entrée dans l’édifice du tombeau. Ou ils se mettaient d’accord pour donner la bénédiction ensemble. Un témoignage fraternel qui n’a pas besoin de commentaires. De tels gestes, répétés tout au long de la célébration parlaient d’eux mêmes au coeur des croyants: « Voyez comme ils s’aiment ».

Le pape et le patriarche ont ensuite dîné ensemble au siège du patriarcat latin.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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