La Ménorah du Temple de Jérusalem, image de la louange du Ps 150

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Commentaire liturgique de Jean-Paul II

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CITE DU VATICAN, Mercredi 9 janvier 2002 (ZENIT.org) – « Tout vivant », est invité à brûler, comme la Menorah en face du Saint des Saints, dans une prière constante de louange et d´action de grâce », explique Jean-Paul II en commentant le Ps 150. Ce commentaire s´enrichit en effet de citations de la tradition juive, écrite ou iconographique: le pape rapproche ce dernier psaume du psautier de l´image de la Ménorah, le fameux chandelier à sept branches du Temple de Jérusalem.

Un commentaire particulièrement intéressant au lendemain de la publication par la Commission biblique pontificale du document: « Le peuple juif et ses Ecritures saintes dans la Bible chrétienne » (« Il popolo ebraico e le sue Sacre Scritture nella Bibbia cristiana », Libreria Editrice Vaticana – 00120 Città del Vaticano -213 pp.).

Le pape Jean-Paul II a en effet donné ce matin, lors de l´audience générale de ce mercredi 8 janvier, un commentaire du Ps 150, dans le cadre de ses catéchèses pour la liturgie des Heures. Le commentaire du pape se réfère constamment à l´original hébreu, s´enrichit de commentaires juifs de l´Ecriture, et de références à la traduction, juive, en grec, des Septante (reconnu comme texte inspiré), et à l´interprétation de la traduction latine, chrétienne, de la Vulgate. Le pape part de l´analyse littéraire du texte et continue en rapprochant ce psaume d´autres psaumes, ou, à l´intérieur des livres de la Sagesse, par tel verset des Proverbes. Il cite aussi telle source iconographique juive.

Le pape cite ainsi les manuscrits juifs reproduisant le Ps 150. Ils portent en effet une représentation de la Menorah, explique le pape, « le fameux candélabre à sept branches, placé dans le Saint des Saints, du Temple de Jérusalem ». Jean-Paul II en tire cette « belle interprétation » du psaume en tant que « véritable Amen dans la prière de toujours de nos « frères aînés »: tout l´homme, avec tous les instruments et les types de musique, que son génie a inventé, – « trompette, harpe, cithare, tambourins, danse, cordes, flûtes, cymbales sonores, cymbales éclatantes », comme le dit le psaume – mais aussi « tout vivant », est invité à brûler, comme la Menorah en face du Saint des Saints, dans une prière constante de louange et d´action de grâce ».

« Unis au Fils, voix parfaite de tout le monde créé par Lui, conclut le pape avec cette interprétation christologique, devenons nous aussi prière incessante devant le trône de Dieu ».

« L´hymne qui vient de soutenir notre prière est le dernier chant du psautier, le Ps 150, explique le pape. Le dernier mot qui résonne dans le livre de prière d´Israël est l´alléluia, c´est-à-dire la pure louange à Dieu et c´est pourquoi le psaume est proposé deux fois à l´intérieur de la liturgie des laudes, le 2e et le 4e dimanche.

« Ce texte bref est rythmé par le retour de dix impératifs qui répètent la même parole : « hallelû », « louez ». Le pape en souligne la musicalité et la durée de cette louange universelle, citant le livre de l´écrivain juif Abraham J. Heschel (« Qui est l´homme? »), qui cite lui-même Rabbi Akiba lorsqu´il parle d´un « chant pour chaque jour » (Rabbi Akiba ben Yossef, sage du Sanhédrin de Yavhé mort victime de la persécution de l´empereur Adrien, cf. Le précis d´histoire juive des Ed. du Cerf: http://bibliotheque.editionsducerf.fr/html/etudes/synthese/histjud/judhis21.htm).

Pour ce qui est du mouvement du psaume, Jean-Paul II souligne le « triple moment ». Les deux premiers versets (vv. 1-2), qui tournent le regard vers « le Seigneur », son « sanctuaire », sa « puissance », ses « prodiges » et sa « grandeur ». La louange fait ensuite entendre « l´orchestre du Temple de Sion » (vv. 3-5b), « qui accompagne le chant et la danse sacrée ». Le dernier verset (v. 5c) évoque l´univers, « tout vivant », plus précisément, d´après l´hébreu, « tout ce qui respire ». « La vie même se fait louange, une louange qui monte des créatures vers le Créateur ». Le commentaire ne s´arrête pour le moment qu´au premier et au troisième temps du psaume.

Le premier lieu de la louange, souligne le pape, c´est le « sanctuaire » (cf. v. 1). « L’original hébreu, précise Jean-Paul II, parle de l´espace « sacré », pur et transcendant où Dieu demeure. Il y a donc une référence à l´horizon céleste et paradisiaque où, comme le précisera le livre de l´Apocalypse, se célèbre la liturgie éternelle et parfaite de l´Agneau (cf. par exemple Ap 5, 6-14). Le mystère de Dieu, dans lequel les saints sont accueillis pour une pleine communion, est un milieu de lumière et de joie, de révélation et d´amour. Ce n´est pas pour rien que, même avec une certaine liberté, l´antique traduction grecque des Septante et même la traduction latine de la Vulgate ont proposé, au lieu de « sanctuaire », le mot « saints »: « Louez le Seigneur parmi ses saints ». »

Mais la pensée du psalmiste passe « implicitement » du ciel à la terre, remarque Jean-Paul II qui explique ce psaume par d´autres psaumes, avec « l´accent mis sur les « prodiges » opérés par Dieu, lesquels manifestent « son immense grandeur » (v. 2) ». « Ces prodiges, rappelle Jean-Paul II sont décrits par le Ps 104 qui invite les Israélites à « méditer tous les prodiges » de Dieu ( v. 2), à se souvenir des « merveilles qu´il a accomplies, de ses prodiges et des jugements de sa bouche » (v. 5); le psalmiste se souvient alors de « l´alliance scellée avec Abraham » (v. 9), l´histoire extraordinaire de Joseph, les prodiges de la libération d´Egypte et de la traversée du désert, enfin, le don de la terre. Un autre psaume parle de situations angoissantes dont le Seigneur libère ceux qui « crient » vers lui; les personnes libérées sont invitées régulièrement à l´action de grâce pour les prodiges accomplis par Dieu: « Remercions le Seigneur pour sa miséricorde, pour ses prodiges en faveur des hommes » (Ps 106, 8.15.21.31). On peut ainsi comprendre, dans notre psaume, la référence aux « oeuvres fortes », comme dit l´original hébreu, c´est-à-dire aux « prodiges » puissants (cf. v. 2), que Dieu dissémine dans l´histoire du salut. La louange devient profession de foi en Dieu Créateur et rédempteur, célébration festive de l´amour divin, qui se déploie dans la création et dans le salut, le don de la vie et la libération ».

Passant au dernier verset du Ps 150 (cf. v. 5c), le pape précise: « Le vocabulaire hébreu utilisé pour indiquer « les vivants » qui louent Dieu renvoie au souffle (de la respiration, ndlr), mais aussi à quelque chose d´intime et de profond, placé en l´homme. On peut penser que toute la vie du créé est un hymne de louange au Créateur, mais plus précisément, il faut retenir qu´une position de « primat » est réservée dans ce choeur à la créature humaine. C´est à travers l´être humain, porte-parole de toute la création, que tous les vivants louent le Seigneur. Notre souffle de vie, qui signifie aussi conscience de soi, conscience et liberté (cf. Pr 20, 27), devient chant et prière de toute la vie qui bat dans toute la création. Ainsi, entraînons-nous les uns les autres « par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, en chantant et en louant le Seigneur » (Ep. 5, 17).

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ZENIT Staff

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