La liberté en héritage (III): La liberté du martyr, par Mgr Follo

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Analyse des tendances culturelles sur « InXL6.org »

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CITE DU VATICAN, Mercredi 21 avril 2004 (ZENIT.org) – Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, continue d’analyser, dans ce troisième volet de sa réflexion, les tendances culturelles de notre époque au coeur desquelles se trouve la notion de liberté. Liberté qui, pour les chrétiens, trouve son accomplissement dans le choix du martyre.

Cette analyse est publiée par le portail « jeunes » de la conférence des évêques de France à l’adresse : www.inXL6.org.

– La liberté du martyr, par Mgr Follo –

Le martyre est le paradigme et l’accomplissement du témoignage chrétien. Le martyre contredit la logique du monde, parce que le martyr répond à la peur de la mort, qui est l’ennemi de la vie, par un amour inconditionnel pour elle. Le martyre ne craint pas de mourir pour la vie, parce que sa vie c’est le Christ ressuscité, le Christ qui a vaincu la mort et le péché. Aujourd’hui comme hier, le martyre est en définitive la plus grande révolution culturelle que l’on puisse faire.

Dans les faits, le martyr est un témoin éliminé, un témoin supprimé. Mais dans la logique de la croix, l’élimination accentue la puissance du témoignage et l’expression de la charité. Le martyr chrétien est vraiment une icône du cœur du Christ, qui, alors qu’il est haï et transpercé, excède dans la charité du pardon, du don de la vie, de la miséricorde. Le martyr devient alors témoin, non seulement de l’amour du Christ, mais de l’excès de cet amour dans une surabondance de charité, de gratuité qui dépasse les limites de l’amour et de la haine.

Il n’y a pas de témoignage chrétien, pas de martyre, pas de virginité pour le Royaume, pas de témoignage laïc dans le monde, pas d’évangélisation ni de nouvelle évangélisation, qui ne jaillisse de la mémoire vivante de la passion, de la mémoire eucharistique de l’Eglise.

C’est la mémoire de l’apôtre Jean, celui qui, avec Marie, a assisté à la mort de Jésus et a vu son cœur transpercé. C’est une mémoire brûlante qui suspend la vie de Jean, comme celle de tous les apôtres, entre l’évènement du Christ et le monde entier privé de vie et de joie.

Il serait cynique de susciter le désir de la vie, de promettre la joie dans un monde de mort et de tristesse sans proposer une réalité, qui est vie et joie pour l’homme. Une réalité vue de nos yeux, touchée par nos mains et dépassant cependant la limite de notre existence : le Verbe de vie fait chair jusqu’à la mort sur la croix et ressuscité des morts ( cfr 1Jean 1, 1-4).

Seul un témoin du Ressuscité peut, d’une manière adéquate, proposer à l’homme, aux défis de son cœur et de sa raison, une réponse. Une réponse, qui est fruit d’une expérience et d’une réflexion sur cette expérience. Le martyr chrétien est un témoin, qui propose l’espérance d’une vie et d’un bonheur qui support la confrontation avec les ténèbres du destin de mort qui menace le monde.

Sans les martyrs, sans martyre, il n’y a pas d’annonce d’espérance de vie et de bonheur. L’Eglise est « martyre » par nature parce qu’elle a été instituée pour être, dans le monde, signe et instrument de la vie du Ressuscité, pour témoigner du Christ, de la vie et de la joie qui son dans le Christ ressuscité des morts.

Le martyre c’est la vie du chrétien, la nature du chrétien, peu importe si ce témoignage est exprimé tacitement dans le quotidien d’une vie de famille, dans un monastère ou s’il résonne au milieu du monde. Peu importe s’il s’exprime par des gestes quotidiens ou des gestes extraordinaires comme le sang versé. La nature du martyre n’est pas dans sa modalité, mais dans le témoignage que le Christ est la réponse au désir de vie, de vérité, de justice, de bonheur du cœur humain. La réponse qui vainc le destin de mort et du péché. Le martyr est l’homme qui dit « moi » avec une telle vérité et une telle puissance qu’il le dit aussi pour les autres, car la vie que le martyr veut et accueil jusqu’à mourir à lui-même pour elle, c’est Jésus-Christ, vie de tous, plénitude de vie vraie pour chaque homme.

Depuis 2000 ans, la vie de l’Eglise se manifeste à travers des personnes, des lieux, des œuvres et des paroles, qui incarnent ce témoignage pétri d’amour pour l’homme.

L’Eglise aime l’homme en étant là, présente partout où l’homme vie et meurt ; présente avec son cœur eucharistique et ses mains prêtes à transmettre la plénitude de vie qui en jaillit, la plénitude de vérité qui libère. Qui se lasse toucher par l’Eglise fait l’expérience de renaître à la vie et à la joie de la charité divine.

L’homme ne peut pas échapper à l’amour de Dieu. Il se l’imagine pourtant, par orgueil ou par désespoir. C’est pourquoi Dieu à besoin des témoins, « pour rendre témoignage à la lumière. » Situation paradoxale. La lumière est au cœur de tout homme. C’est en chacune de nous qui résonne la Parole. Mais les hommes ont besoin qu’on la leur révèle. Ils ont besoin qu’on les révèle à eux-mêmes. Le témoin, c’est à dire le martyr, n’a pas à faire état d’une expérience inaccessible aux autres, d’une force supérieure aux autres. Ils ne témoignent que de ce qu’ils vivent, sans le savoir. Il jouera le rôle d’un révélateur. En lui, dans ses paroles et dans ses actes, les hommes découvriront comme le reflet d’une lumière qui les habite. Ils se verront en lui. Mais ils verront aussi qu’à vouloir posséder la lumière comme un bien qui ne viendrait que de nous et qui nous appartiendrait en propre, on ne fait que l’étouffer. Tout est don. Tout est grâce. Il faut confesser de qui vient toute lumière, de qui vient tout amour.

Mgr Francesco Follo,
Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO (Paris)

© inXL6 – un site de l’Église catholique en France

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ZENIT Staff

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