La « grâce de Noël » de la bienheureuse Marie-Eugénie Milleret

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Homélie de Paul VI lors de sa béatification

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ROME, Lundi 18 décembre 2006 (ZENIT.org) – Au moment où Benoît XVI vient de reconnaître samedi 16 décembre, l’authenticité d’un miracle dû à l’intercession de la bienheureuse Marie-Eugénie de Jésus (Anne-Eugénie Milleret de Brou) fondatrice des Religieuses de l’Assomption, le temps de Noël invite à évoquer ce que fut, dans son enfance sa « grâce de Noël », déterminante pour sa vocation future.

Il s’agit de sa première communion, qu’elle reçut le 25 décembre 1829.

C’est Paul VI qui a béatifié à Rome la fondatrice des religieuses de l’Assomption : c’était la première béatification de l’année sainte 1975, le 9 février.

Dans son homélie, Paul VI prit le temps de relire, en français, la vie de la bienheureuse. Il soulignait à cette occasion l’importance d’une « pastorale de l’enfance ».

« En refermant la biographie de Mère Marie-Eugénie, nous avons éprouvé l’émerveillement qui naît de la certitude que Dieu agissait puissamment dans son âme, et de manière inattendue. En effet, à la différence d’une sainte Thérèse de Lisieux portée très tôt vers le don total par la foi remarquable de ses parents et l’exemple de ses sœurs déjà rentrées au monastère, la petite Anne-Eugénie Milleret, née à Metz en 1817, est fille d’un père acquis aux idées de Voltaire et d’une mère sans grande conviction religieuse. C’est en recevant l’Eucharistie pour la première fois, le 25 décembre 1829, qu’elle fera cependant une expérience intime, rapide, inexplicable, inoubliable de « l’infinie grandeur de Dieu et de la petitesse humaine ». Quelle lumière pour ceux qui douteraient de l’opportunité de la Pastorale de l’enfance ! »

Adolescente de quinze ans
« Des épreuves particulièrement nombreuses l’associeront à la passion et à la résurrection du Christ, fait observer Paul VI: la disparition précoce de son frère Charles et de sa sœur Elisabeth, l’écroulement complet de la fortune familiale la séparation de ses parents, la mort de sa mère très chère, victime du choléra. Cette adolescente de quinze ans, privée du soutien maternel, placée dans une famille mondaine de Chalons et ensuite chez des cousins habitant Paris, traverse des crises de solitude et de tristesse. Ces souffrances écrasantes amplifient ses interrogations angoissées sur le sens de la vie et de la mort, et la prédisposent aussi à écouter la voix du Seigneur ».

« Ma vocation date de Notre-Dame »
Son récit s’attarde à cet événement décisif: « Les conférences de Carême du P. Lacordaire résonnent alors dans le cœur d’Anne-Eugénie. Plus tard, elle l’écrira elle-même au célèbre Dominicain : « Votre parole répondait à toutes mes pensées…, me donnait une générosité nouvelle, une foi que rien ne devait plus faire vaciller… J’étais réellement convertie et j’avais conçu le désir de donner toutes mes forces, ou plutôt toute ma faiblesse à cette Église qui seule désormais avait à mes yeux le secret et la puissance du bien. » (Cf. Feu vert… au bout d’un siècle, de Marie-Dominique Poinsenet, Ed. Saint-Paul, Paris-Fribourg,1971i, p. 20.) Et très souvent elle répétera : « Ma vocation date de Notre-Dame ». »

Je rêvais d’être un homme…
Le pape continuait de citer la fondatrice: « Dans ses notes intimes, elle avoue :  » Je rêvais d’être un homme pour être comme eux profondément utile. » Certes. l’égoïsme et la médiocrité de son propre milieu social la consternent, et pourtant elle voudrait contribuer à poser des structures nouvelles de liberté, de justice, de fraternité. Elle rejoint en cela l’effort du catholicisme social du XIX° siècle, après la tourmente révolutionnaire et dans une Église demeurée dans son ensemble très nostalgique du passé ».

Le petit arbre qui avait failli mourir
« Un autre prêtre débordant de zèle, l’abbé Combalot, repère les qualités exceptionnelles de sa pénitente et ne tarde pas à lui dévoiler son projet de fondation d’une congrégation dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, dont les membres allieraient la contemplation et l’éducation, continue le pape. Elle aura pourtant à souffrir de l’autoritarisme de son conseiller, au point de devoir s’en affranchir. Mais la Providence lui ménagea le soutien éclairé du célèbre abbé d’Alzon, qui devait bientôt fonder lui-même les Pères de l’Assomption. Autre épreuve : l’autorité ecclésiastique manifeste des inquiétudes pour un projet qui ne semble pas réaliste. Mère Marie-Eugénie demande un délai de réflexion. Et sa réponse sera d’ouvrir à Paris le premier pensionnat de la congrégation au printemps de 1842. Le petit arbre qui avait failli mourir pousse bientôt des racines au-delà de la France, jusqu’en Afrique du Sud, en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Océanie, aux Philippines ».

« Adoratrices et zélatrices des droits de Dieu »
Pour ce qui concerne le charisme de la congrégation, le pape note en citant longuement la fondatrice: « Mère Marie-Eugénie tient souverainement à ce qu’elle maintienne deux axes essentiels : l’adoration et l’éducation. Ce qu’elle résumera plus tard en deux devises ;  » Laus Deo » et « Adveniat regnum tuum ».
Elle s’en explique : « Des religieuses vouées par vocation à l’éducation ont plus que d’autres besoin de se retremper dans la prière. » Elle rejoint ici Thérèse d’Avila : « Ne serait-ce pas une vaine prétention de vouloir arroser un jardin en cessant de capter les eaux du puits ou de la rivière ? » « En cherchant quelle doit être la marque la plus caractéristique de notre Institut, poursuit notre bienheureuse, je me trouve arrêtée à cette pensée qu’en tout et de toutes manières, nous devons être adoratrices et zélatrices des droits de Dieu. Vous êtes filles de l’Assomption. Ce mystère, qui est plus du ciel que de la terre, est un mystère d’adoration… S’il y a jamais eu une adoratrice en esprit et vérité, c’est bien la Sainte Vierge. » Foi, silence, oraison, union sont des mots qui reviennent spontanément dans ses confidences et ses directives. Et, à sa suite, un véritable peuple d’adoratrices atteste que Dieu est plus que tout et cherche dans la prière prolongée la signification et la fécondité de son action ».

Des chemins de libération
« En somme. Mère Milleret, qui a laissé converger vers elle et vers ses filles la spiritualité de saint Augustin, de saint Benoît, de saint Jean de la Croix et de saint Ignace, veut une famille religieuse passionnée de continuer le mystère du Christ priant et enseignant », résume le pape qui ajoute: « les religieuses de l’Assomption peuvent beaucoup contribuer à faire découvrir ou retrouver les chemins, de la prière, qui sont aussi des chemins de libération pour l’homme moderne écrasé par une civilisation réductrice ».

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ZENIT Staff

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