La décision romaine n’est pas « absolution » à l’antisémitisme d’un évêque

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Réflexions du P. Michel Remaud

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ROME, Mardi 27 janvier 2009 (ZENIT.org) – « La décision romaine n’est pas une absolution donnée à l’un des quatre évêques schismatiques pour son antisémitisme », fait observer le P. Michel Remaud, directeur de l’Institut chrétien d’Etudes juives et de littérature hébraïque, à Jérusalem, dans les colonnes de « Un écho d’Israël », lundi 26 janvier : ces « quelques brèves réflexion » intitulées « A propos d’une décision romaine », « ne prétendent évidemment pas épuiser le sujet », avertit l’auteur.

« Une fois de plus, fait-il observer, l’opinion a réagi au quart de tour à des dépêches d’agences. Dans notre société où le virtuel tend à remplacer le réel, l’événement n’est pas ce qui se passe, mais ce qu’on en dit ».

Il déplore que « beaucoup » aient « compris ainsi la décision romaine : le pape ouvre les bras aux négationnistes ».

« Il faut donc rappeler que la décision de levée d’excommunication ne se réduit pas au cas Williamson, et que la décision romaine n’est pas une absolution donnée à l’un des quatre évêques schismatiques pour son antisémitisme. Il n’est pas non plus question de « réhabilitation », comme on a pu le lire ici ou là. Réhabiliter signifie : « Rendre (à un condamné) ses droits perdus et l’estime publique, en reconnaissant son innocence. » (Petit Robert). Pour que l’usage du mot de réhabilitation soit ici approprié, il faudrait admettre que l’excommunication aurait été en quelque sorte une erreur judiciaire et que le pape actuel désavouerait son prédécesseur, ce qui est d’autant moins le cas que le Cardinal Ratzinger avait été étroitement associé à la décision de Jean-Paul II ».

Il fait observer également que « cette levée d’excommunication n’est qu’une première étape d’un processus dont l’issue n’est pas certaine ».

Et pour ce qui est de la relation de l’Eglise au peuple de la première alliance, il ajoute : « la question de fond soulevée par toute cette polémique est : la relation à Israël fait-elle partie des éléments non négociables de la vie de l’Église ? »

Il s’interroge : « Quarante ans après le dernier concile, on ferait peu de cas de Nostra Ætate ? (..) Faut-il excommunier tous les bons catholiques qui n’ont pas lu cette déclaration conciliaire, et tous ceux qui n’aiment pas les Juifs ? »

« Il convient de rendre justice à Benoît XVI, qui est certainement l’un de ceux qui, dans l’Église, sont le plus conscients de l’importance de cette question. Mais il reste à faire un immense travail d’éducation qui ne fait que commencer – une décision romaine ne suffit pas à changer les mentalités – et qui, même sans faire la part des inévitables oppositions, prendra des décennies plutôt que des années », conclut le P. Remaud.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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