La culture juive et chrétienne au centre d’une rencontre au Vatican

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ROME, Vendredi 14 mars 2008 (ZENIT.org) – Le rapport culturel entre le judaïsme et le christianisme a été au coeur d’une rencontre qui s’est tenue au Vatican lundi 10 mars. Elle était organisée par le Conseil pontifical de la culture et l’ambassade d’Israël près le Saint-Siège, sur le thème : « Israël et le Vatican : réflexions sur la culture judéo-chrétienne ». 

Les principaux orateurs étaient Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, et l’ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, Oded Ben-Hur. 

Mgr Ravasi, précise L’Osservatore Romano, a proposé cinq itinéraires de dialogue basés sur l’exégèse du texte biblique.

Il a mentionné en premier lieu la conception théologique du monothéisme, soulignant que « le chapitre 3 de l’Exode où est écrit ‘je suis celui qui suis’, est la page la plus emblématique pour la vision du transcendant en occident ».

Le deuxième itinéraire de dialogue réside dans une vision anthropologique commune. L’homme de la Bible, en effet, est une unité psychophysique. « Si nous regardons le texte hébreu du chapitre 1 de la Genèse, souligne le prélat, nous remarquons le parallèle : ‘homme et femme il les créa’ ».

« L’image de Dieu qui est en nous est cette relation d’amour entre l’homme et la femme, ajoute-t-il, c’est ce qui nous donne une idée du divin. Si nous n’avions pas de corps nous ne pourrions pas nous en rendre compte, exprimer cette bipolarité sexuelle dans sa communion ».

Le troisième itinéraire s’arrête sur la valeur de la parole, vu que la Révélation, tant dans le judaïsme que dans le christianisme, se fait à travers le souffle de la voix.

Le quatrième itinéraire vise quant à lui à reconnaître que Dieu parle dans les faits, à travers les vicissitudes de l’histoire qui placent l’homme en leur centre. 

Pour Mgr Ravasi, « tant le judaïsme que le christianisme préparent un grand noyau culturel qui fera en sorte que l’occident soit ancré dans l’histoire ». 

Le dernier itinéraire examine les textes sacrés, dont « nous sommes tous les fils ».

Pour sa part, l’ambassadeur d’Israël, Oded Ben-Hur, estime que si les chrétiens veulent mieux comprendre l’Israël d’aujourd’hui, ils ne doivent pas s’arrêter uniquement à l’élément religieux, mais « connaître une nouvelle culture, une politique, une poésie, une littérature, une langue », ce « mélange fascinant de communautés, de provenances mixtes, de connexions sociales jusqu’ici jamais expérimentées dans notre histoire » qui constituent aujourd’hui le monde culturel israélien. 

Selon lui, la culture israélienne, « est moins éloignée de la culture chrétienne que de la culture juive. D’un côté, les juifs ont apporté en Israël beaucoup de valeurs et de coutumes absorbées dans l’Europe chrétienne. De l’autre, le juif israélien est généralement plus séculier, laïc, moins lié à la religion juive que ne le sont les juifs de la diaspora ».

Devant cette situation, Israël et le Saint-Siège ont le devoir de préparer « un agenda commun pour lancer un vrai dialogue social, politique et culturel ».

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« Les différences entre nous, qui trouvent leurs racines dans notre histoire commune, ont créé haine et discrimination, – dénonce l’ambassadeur -, mais notre plus grand ennemi est le gouffre de l’ignorance, ou pire encore le manque de volonté de se connaître l’un l’autre ».

La condition pour un nouveau dialogue est donc le retour aux racines communes pour comprendre les identités actuelles. 

« L’Etat moderne d’Israël et sa culture particulière, qui est encore aujourd’hui en évolution, sont en substance la renaissance d’une culture et d’une tradition qui existaient en Israël il y a deux mille ans et qui a donné naissance à la culture chrétienne », relève l’ambassadeur.

Dans la diaspora, le juif a absorbé les us et coutumes d’autres pays, « mais il a en même temps apporté sa contribution, il a eu son influence sur les sociétés de ces pays, tout en conservant son identité ».

« Ainsi, le peuple juif a développé sa capacité d’assimiler certaines caractéristiques de la culture locale, une culture principalement chrétienne », explique-t-il.

C’est pourquoi on peut dire que « la culture israélienne est un creuset de rencontre, intéressant et unique, entre les valeurs, les coutumes, les idéaux et les concepts mixtes qui puisent dans la culture juive et dans la culture chrétienne ».

« C’est également une réponse aux nouveaux défis que l’Etat d’Israël doit affronter comme la sécurité, sa propre identité morale, culturelle et démocratique, tout comme le rôle et la signification d’être le cœur du monde juif », conclut-il. 

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ZENIT Staff

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