La culture judéo-chrétienne peut sauver l'Europe et le monde

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Conférence du rabbin Jonathan Sacks

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ROME, jeudi 15 décembre 2011 (ZENIT.org).- La culture judéo-chrétienne peut sauver l’Europe et le monde. C’est ce qu’a affirmé le grand rabbin Jonathan Sacks à Rome, après avoir été reçu par Benoît XVI.

Le rabbin des communautés juives unies du Commonwealth s’est exprimé au cours d’une conférence qui s’est tenue à l’université pontificale grégorienne, lundi 12 décembre.

Le grand rabbin a expliqué que le système de libre marché et de l’économie capitaliste est né de la culture judéo-chrétienne. Pour cette raison, il estime que l’avenir économique, politique et culturel de l’Europe dépendra de son attention « à son âme et à ses racines religieuses ».

Selon le grand rabbin, la relation entre juifs et chrétiens s’est métamorphosée depuis le 13 juin 1960, rencontre historique du juif français Jules Isaac avec Jean XXIII.

Revenant sur sa rencontre avec Benoît XVI le 12 décembre au matin (cf. Zenit du 12 décembre 2011), le grand rabbin a fait remarquer que depuis un demi-siècle les juifs et chrétiens ont choisi un dialogue face à face. Le temps est venu aujourd’hui que la collaboration entre juifs et chrétiens se réalise pas après pas.

“Juifs et chrétiens ensemble – a-t-il souligné – peuvent contrecarrer la sécularisation de l’Europe”. Selon Jonathan Sacks, l’Europe est en train de perdre ses racines judéo-chrétiennes, avec des conséquences inimaginables dans le domaine de la littérature, de l’art, de la musique, de l’éducation et de la politique.

“Quand une civilisation perd sa foi, elle perd aussi son avenir. Lorsqu’elle retrouvera sa foi, elle retrouvera son avenir ” a souligné le grand rabbin.

“Pour le bien de nos fils, et de leurs fils à naître, a-t-il ajouté, nous – juifs et chrétiens, côte à côte – devons renouveler notre foi et sa voix prophétique. Nous devons aider l’Europe à retrouver son âme ”.

Pour expliquer la particularité culturelle de l’Europe, le grand rabbin a affirmé que le cœur de la culture tient dans la religion. C’est la raison pour laquelle l’Occident s’est différencié par son développement et son progrès.

Jonathan Sacks a rappelé que la Chine était technologiquement beaucoup plus avancée que l’Occident avant le 15e siècle. Les chinois ont inventé la boussole, la carte, l’imprimerie, la poudre à canon, la porcelaine, les machines à filer et à tisser. Pourtant ils n’ont jamais développé une économie de marché, ils n’ont pas réalisé de révolution industrielle ou de croissance économique élevée. L’héritage judéo-chrétien a manqué à la Chine.

Les juifs ont contribué pour une large part à l’économie : le rabbin a révélé que bien que les juifs soient moins de 5%  de la population du monde, ils ont reçu plus de 30% des prix Nobel pour l’économie. Citons entre autres John Von Neumann, Milton Friedman, Joseph Stiglitz, Daniel Kahneman et Amos Tversky.

“Le Joseph de la Bible, a-t-il suggéré, pourrait être établi premier économiste du monde, ayant découvert la théorie des cycles commerciaux – sept ans d’abondance suivis de sept années de vaches maigres”.

“Et la situation financière de l’Europe, a-t-il ajouté, serait bien meilleure aujourd’hui si les hommes connaissaient mieux le contenu de la Bible”.

Pour Jonathan Sacks, la tradition judéo-chrétienne incarne des valeurs fondamentales, comme le profond respect pour la dignité de la personne humaine, conséquence de l’affirmation biblique de créature “à l’image et à la ressemblance de Dieu”.

Citons également le respect de la propriété privée, et l’appréciation du travail. Ainsi Dieu a dit à Noé qu’il serait sauvé des eaux, mais qu’il devait construire l’arche.

En ce sens, la création de postes de travail est la plus haute forme de charité parce qu’il fournit aux personnes la dignité et la liberté de ne pas être à la charge des autres.

“Dans le judaïsme, a souligné le grand rabbin, il existe une disposition positive à créer la richesse, qui est collaboration à l’œuvre créatrice de Dieu”.

“Pour le judaïsme, a-t-il poursuivi, la caractéristique la plus importante du libre marché est la capacité d’alléger les effets négatifs de la pauvreté”.

“L’enseignement rabbinique, a expliqué Jonathan Sacks, est favorable au libre marché et à la concurrence parce qu’elle suscite la richesse, des prix plus bas, augmente la liberté de choix, réduit le niveau de pauvreté, étend le souci de l’environnement à toute l’humanité, et empêche que nous soyons des victimes passives des circonstances et du destin. De cette façon, la libre concurrence libère des énergies créatives et sert le bien commun”.

Pour ces raisons, l’économie de marché et le capitalisme moderne sont apparus dans une culture judéo-chrétienne. L’Europe a développé sa propre culture et sa propre spiritualité de façon admirable. L’éthique religieuse a été l’une des forces entraînant cette nouvelle forme de création de richesses.

Le grand rabbin a poursuivi en affirmant que dans la Bible se trouve la structure de la législation sociale, avec les mesures d’aide aux pauvres, l’annulation des dettes, les esclaves libérés l’année jubilaire et la terre restituée aux propriétaires d’origine.

“Dans la Bible, a-t-il précisé, se trouve un système social extrêmement sophistiqué, qui affirme que les pauvres doivent disposer des moyens de subsistance, et que tous les sept ans la terre et les richesses doivent être redistribuées pour corriger les équilibres du marché et établir une égalité équitable”.

Le grand rabbin a conclu en affirmant que “le moment est venu de retrouver une éthique de la dignité humaine faite à l’image de Dieu. Quand l’Europe retrouvera son âme, elle retrouvera sa richesse. Mais auparavant il faut se souvenir que l’humanité n’a pas été créée pour servir les marchés. Les marchés ont été créés pour servir l’humanité”.

Antonio Gaspari
Traduit de l’italien par Anne Kurian

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ZENIT Staff

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