La crise biblique du pétrole

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Une analyse du message du synode

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ROME, Jeudi 23 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous une nouvelle chronique du P. Thomas Rosica, attaché de presse du synode sur la Parole de Dieu, pour la langue anglaise.

*  *  *

Parmi les nombreux messages venus du monde entier en réponse à ces chroniques quotidiennes du synode, quelqu’un m’a demandé si je pouvais donner un exemple de tout ce que cette étude des Ecritures, cette exégèse et cette critique biblique veulent dire et représentent pour les gens ordinaires.

L’auteur du message m’a demandé de trouver une « application dans un récit du Nouveau Testament des propos tenus dans la salle du synode pour que je puisse comprendre ce dont vous autres parlez à Rome ! »

Je le fais bien volontiers. C’est justement la tâche du synode.

Commencez par lire le récit de l’Evangile, lentement. Jésus parlait en paraboles lorsqu’il voulait donner des leçons particulièrement importantes. Les véritables disciples du Christ sont ceux qui sont prêts à accueillir la sagesse et sont capables de penser par symboles. Le langage indirect des paraboles rend la sagesse de Jésus imperméable à ceux qui y sont hostiles et la prennent à la lettre.

Arrêtons-nous un instant sur la parabole très connue des vierges folles et des vierges sages (Mt 25, 1-14). Nous ne sommes qu’à trois jours de la crucifixion de Jésus. Cette parabole veut nous aider à comprendre l’événement de son jugement à venir et l’importance de nous y préparer.

Point de départ

L’histoire des vierges sages et des vierges folles se prête à différents niveaux d’interprétation. Beaucoup essaient de la comprendre en se contentant d’une analyse purement historique des coutumes matrimoniales de l’époque de Jésus. Certes, ce n’est pas là un mauvais point de départ. Le point culminant de la cérémonie des noces se situe lorsque le futur époux, accompagné de ses proches, se rend dans la maison familiale de la fiancée pour la ramener chez lui. C’est ici, chez lui, que se déroule le reste de la cérémonie. C’est ici aussi que commence la parabole de l’évangile.

Le futur époux est parti chercher sa fiancée. Dix jeunes filles, très probablement des sœurs et cousines de l’époux, attendent son retour. En fait, « demoiselles d’honneur » n’est peut-être pas la meilleure traduction. Il s’agit plutôt de jeunes filles vouées un jour au mariage. Cinq d’entre elles sont avisées, les cinq autres ne sont pas des plus intelligentes.

Lorsque l’époux arriva à minuit, les vierges se levèrent toutes pour allumer leurs lampes ; mais seulement cinq d’entre elles, qui avaient pris la précaution d’acheter assez d’huile, purent le faire. Les insensées demandèrent aux vierges sages de leur en donner un peu, mais celles-ci refusèrent de renoncer à leur réserve d’huile car il n’y en aurait eu assez pour aucune des dix.

Ainsi, pendant que les cinq sottes allaient en acheter, l’époux arriva. Il entra dans la salle des noces et la porte se referma. Les vierges sages étaient prêtes pour jouer leur rôle, tandis que les sottes, qui ne s’étaient pas préparées correctement, se retrouvèrent dehors. Elles n’avaient même pas su mettre à profit le retard de l’époux.

Double signification

Comme toutes les paraboles, celle-ci a aussi un double sens : elle parle d’un repas de noces mais se réfère aussi à autre chose, à savoir la relation de Dieu avec les êtres humains. La leçon à retenir est la suivante « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». La signification la plus simple, et sans doute la plus appropriée à la situation historique de Jésus, est que les personnes qui étaient en conformité avec la sagesse de Dieu avaient des « oreilles pour entendre » et ont accueilli son message. Celles qui la rejetaient se retrouvèrent rejetées.

A un autre niveau, la parabole peut aussi concerner l’Eglise et chacun de ses membres. C’est un net avertissement, une exhortation à vivre avec une vigilance et une préparation particulières. Ces vertus sont le fruit d’une méditation attentive de la Parole de Dieu – l’entendre et la vivre. Pas question de nous endormir sur le travail.

Le temps d’attente de la « parousie » (seconde venue du Christ) est symbolisé par l’attente de l’époux. Tout était prêt pour célébrer la noce ; seul manquait l’époux.

Les 10 jeunes filles qui attendent indiquaient que cette arrivée était imminente, comme la communauté de Matthieu s’attendait au retour imminent de Jésus. Mais le retard de l’époux symbolisait le temps d’attente du second avènement de Jésus. Peut-être Matthieu a-t-il raconté dans son évangile cette merveilleuse histoire des vierges folles et des vierges sages pour régler un désaccord au sein de sa communauté sur ce que signifiait l’attente du retour du Christ et comment vivre ce temps d’attente, tout en se tenant prêt pour cette venue.

Vigilance

Les gens sages, les professeurs sages, les pasteurs sages, les administrateurs sages sont vigilants, comme les jeunes filles de la parabole de l’Evangile qui n’ont pas seulement pris avec elles leurs lampes mais aussi de l’huile pour tenir toute la nuit. Les gens sages sont ceux qui se soucient des besoins quotidiens dans leur famille et aussi dans la famille plus large des voisins et même des étrangers. Dans certaines traditions juives, le terme « huile » symbolise les bonnes œuvres.

Dans la parabole, Matthieu allie la vigilance dans la prière avec un esprit de saine coopération envers les autres. Les vierges folles n’ont pas pris part aux préparatifs de la noce, ou ont remis à plus tard leur participation, ou encore ont gaspillé leur temps. Quand les vierges se réveillèrent brusquement à l’arrivée de l’époux, les folles n’ont pas mérité de partager la joie des festivités. Combien de fois avons-nous pris nos lampes avec nous, mais sans nous munir d’huile pour ranimer la flamme ?

Le nœud du problème n’est-t-il pas le comportement même qui résulte d’une brusque diminution de l’espérance ? Tiédeur, mollesse, manque d’enthousiasme, manque de bienveillance, ajournements, repli sur soi et oubli des souffrances et des malheurs d’autrui, constituent les caractéristiques d’un tel comportement. L’ « huile » nécessaire pour garder l’éclat brillant de nos lampes, ce sont souvent les petites gouttes d’amour, de bonté, de patience, de joie, d’oubli de soi, qui permettent à notre vie de foi de brûler d’une flamme vive.

Si les vierges sages avaient partagé leur huile avec les autres, le dénouement de cette parabole aurait sans doute été différent. Toutefois, le message central de la parabole est de nous réveiller, et non de nous bercer dans un « et ils vécurent heureux (mais toujours plus tard) ». Nous ne devons pas rêver des « toujours plus tard », le temps c’est maintenant. Aujourd’hui pourrait bien être la fin de notre temps ! Si le temps n’avait pas une fin et pouvait être prolongé arbitrairement, toutes les actions humaines se réduiraient à des jeux sans conséquence. Durant le temps qu’il nous reste à vivre, nous avons le privilège de pouvoir mettre notre espérance dans la venue de Quelqu’un qu’il vaut la peine d’attendre.

Restez éveillés !

Nous devons prier pour rester éveillés, pour nous tenir toujours prêts à l’ultime venue et vivre l’instant présent, de façon à être dans le présent mais avec la conscience de l’avenir. L’importance de la parabole de ce jour est claire : c’est justement parce que nul ne connaît l’heure de la venue de l’Epoux, qu’il nous faut d’autant plus nous tenir prêts à l’accueillir.

Je partage avec vous une citation de la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, qui n’a peut-être jamais fréquenté l’Institut biblique pontifical de Rome ni l’Ecole biblique de Jérusalem pour y suivre des étud
es poussées sur les Ecritures. Mais elle avait compris bien mieux que je ne le ferai jamais ce que cette parabole veut dire.

« Que sont ces gouttes d’huile dans nos lampes ?

Ce sont les petites choses de la vie de tous les jours :

La joie, la générosité, les petites paroles de bonté, simplement aussi une pensée pour les autres, Notre manière de faire silence, d’écouter, de regarder, de pardonner, de parler et d’agir.

Voilà les véritables gouttes d’amour qui font brûler toute une vie d’une vive flamme. »

Le message important ici est clair : c’est précisément parce que l’heure de la venue de l’époux est incertaine qu’il est d’autant plus nécessaire de se tenir prêts à l’accueillir. En d’autres termes, Matthieu essaie de tourner en avantager la source même de ce problème – le temps d’attente de la fin et le retour du Christ.

L’attente elle-même est censée raviver notre espérance. Elle nous interpelle et nous incite à une plus grande fidélité, à une plus grande vigilance, à un plus grand amour. Le cardinal John Henry Newman parle de cette situation dans une de ses homélies : « Le temps ne nous éloigne pas du Christ ».

Si vous pensiez que, dans cet épisode de l’évangile il n’était question que des festivités d’une noce, ou de la distribution équitable de nos biens et richesses, notamment à ceux qui sont dans le besoin, vous serez peut-être agréablement surpris. Il y a bien davantage dans les paraboles de Jésus que ce que l’œil perçoit.

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ZENIT Staff

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