« La collaboration de la famille humaine », et la responsabilité de chacun

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Chapitre 5 de l’encyclique de Benoît XVI « Caritas in veritate »

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ROME, Mardi 7 juillet 2009 (ZENIT.org) – « La collaboration de la famille humaine », est le titre du 5e chapitre de l’encyclique de Benoît XVI « Caritas in veritate », présentée ce matin à la presse. La famille humaine est un concept élaboré aussi dans les messages des papes pour la paix le 1er janvier de claque année. A l’ONU Jean-Paul II a aussi employé l’expression « famille des Nations ». Mais dans le cadre de la mondialisation, c’est donc au modèle familial que se réfèrent les papes.

Quant à la « collaboration », notons que toute l’encyclique est dynamique et vise à l’action, à l’engagement pour construire une société nouvelle.

Unité de la famille humaine

Face à la « pauvreté » que représente la « solitude » le pape affirme que « le développement des peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous formons une seule famille qui collabore dans une communion véritable et qui est constituée de sujets qui ne vivent pas simplement les uns à côté des autres », car « la créature humaine, qui est de nature spirituelle, se réalise dans les relations interpersonnelles ».

Mais ce concept de famille humaine implique le respect de la place de chacun, comme dans une « famille », comme dans l’Eglise, souligne Benoît XVI : « L’unité de la famille humaine n’abolit pas en elle les personnes, les peuples et les cultures, mais elle les rend plus transparents les uns aux autres, plus unis dans leurs légitimes diversités », insiste le pape (§ 53). Plus ancore, il se réfère aux personnes de la Sainte Trinité: « Les relations entre les hommes tout au long de l’histoire ne peuvent que tirer avantage de cette référence au divin Modèle » (§ 54). Mais toutes les croyances ne favorisent pas un tel développement, un discernement est nécessaire (§ 55).

Dialogue entre foi et raison

Ceci dit, pour que les religions, et en particulier le christianisme, puissent apporter leur contribution au développement, il faut que Dieu ait aussi « sa place dans la sphère publique ». Le pape renvoie dos à dos laïcisme et fondamentalisme et souhaite une fructueuse collaboration entre foi et raison, car « la raison a toujours besoin d’être purifiée par la foi, et ceci vaut également pour la raison politique, qui ne doit pas se croire toute puissante ». « A son tour, ajoute le pape, la religion a toujours besoin d’être purifiée par la raison afin qu’apparaisse son visage humain authentique ». Il insiste sur le fait que « la rupture de ce dialogue a un prix très lourd au regard du développement de l’humanité »(§ 56).

Le chapitre offre ensuite une réflexion importante sur le principe de subsidiarité, mis en relation avec l’exercice de la liberté humaine. « Le principe de subsidiarité, expression de l’inaliénable liberté humaine, est, à cet égard, une manifestation particulière de la charité et un guide éclairant pour la collaboration fraternelle entre croyants et non croyants », affirme le pape.

Et d’expliquer: « La subsidiarité est avant tout une aide à la personne, à travers l’autonomie des corps intermédiaires. Cette aide est proposée lorsque la personne et les acteurs sociaux ne réussissent pas à faire par eux-mêmes ce qui leur incombe et elle implique toujours que l’on ait une visée émancipatrice qui favorise la liberté et la participation en tant que responsabilisation. La subsidiarité respecte la dignité de la personne en qui elle voit un sujet toujours capable de donner quelque chose aux autres ».

Plus encore, le pape voit dans ce principe cher à l’enseignement social catholique « l’antidote le plus efficace contre toute forme d’assistance paternaliste » et « un principe particulièrement apte à gouverner la mondialisation et à l’orienter vers un véritable développement humain ». L’autorité doit être « subssidiaire » pour respecter le liberté, et même « la « gouvernance » de la mondialisation doit être de nature subsidiaire » (§ 57).

Plus encore, le pape relie ce principe à la solidarité : « Le principe de subsidiarité doit être étroitement relié au principe de solidarité et vice-versa ». Il prend comme exemple les aides économiques: « Elles doivent être accordées en collaboration non seulement avec les gouvernements des pays intéressés, mais aussi avec les acteurs économiques locaux et les acteurs de la société civile qui sont porteurs de culture, y compris les Églises locales ».

« Rappelons que la plus grande ressource à mettre en valeur dans les pays qui ont besoin d’aide au développement, est la ressource humaine », insiste le pape. Et les « aides au développement » doivent viser à rendre « plus productives » les économies des pays en voie de développement (§ 58).

Le pape demande d’ailleurs aux pays les plus riches d’augmenter leur aide, tout en avertissant que « la coopération au développement ne doit pas prendre en considération la seule dimension économique; elle doit devenir une grande occasion de rencontre culturelle et humaine ». Et rappelle l’importance de la « loi morale universelle » comme « fondement solide de tout dialogue culturel, religieux et politique » car elle « permet au pluralisme multiforme des diverses cultures de ne pas se détacher de la recherche commune du vrai, du bien et de Dieu » (§ 59).

Plus encore, l’aide au développement est une richesse « pour tous », fait observer le pape. Il met cependant en garde contre le poids de la bureaucratie en invitant à libérer des énergies nouvelles: « Un système de solidarité sociale plus largement participatif et mieux organisé, moins bureaucratique sans être pour autant moins coordonné, permettrait de valoriser de nombreuses énergies, actuellement en sommeil, et tournerait à l’avantage de la solidarité entre les peuples ». Il suggère même une « subsidiarité fiscale » comme forme de « solidarité sociale » (§ 60).

Le droits des immigrés

Le pape aborde ensuite des questions comme l’éducation, pour une « formation complète de la personne », et le tourisme international, parfois « contre-éducatif », encourageant le développement d’un « tourisme différent » apte à promouvoir une « vraie connaissance réciproque » (§ 61).

L’encyclique s’arrête au phénomène des migrations, « phénomène social caractéristique de notre époque », qui implique des accords internationaux pour « sauvegarder les exigences et les droits des personnes et des familles émigrées ». Le travailleur migrant n’est pas simplement une « force de travail » : « Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance », insiste le pape (§ 62).

Une autre plaie sociale est abordée par l’encyclique : le lien entre pauvreté et chômage car, « dans de nombreux cas, la pauvreté est le résultat de la violation de la dignité du travail humain ». Tout le paragraphe 63 explique ce concept de « dignité » du travail humain.

Le pape encourage les « organisations syndicales des travailleurs », qui ont « toujours été encouragées et soutenues par l’Église », à s’ouvrir « aux nouvelles perspectives qui émergent dans le domaine du travail ». Il rappelle l’importance – soulignée souvent par Jean-Paul II – de la « distinction des rôles et des fonctions du syndicat et de la politique » (§ 64).

La finance elle-même, instrument dont il a été fait un « mauvais usage », avec les conséquences que l’on sait doit se renouveler grâce à l’éthique. «  Toute l’économie et toute la finance, et pas seulement quelques-uns de leurs secteurs, doivent, en tant qu’instruments, être utilisés de manière éthique afin de créer les conditions favorables pour le d
éveloppement de l’homme et des peuples », écrit le pape.

Benoît XVI encourage certes « une réglementation de ce secteur qui vise à protéger les sujets les plus faibles et à empêcher des spéculations scandaleuses », « l’expérimentation de formes nouvelles de finance destinées à favoriser des projets de développement », mais plus radicalement encore, il en appelle à la « responsabilité même de l’épargnant ». Il cite l’expérience de la micro-finance (§ 65).

Responsabilité du consommateur

Autre responsabilité soulignée par le pape : celle du consommateur. Le pape affirme que « le consommateur a une responsabilité sociale précise qui va de pair avec la responsabilité sociale de l’entreprise ». Il y voit même un « facteur de démocratie économique ». Il souhaite que les consommateurs « aient un rôle plus décisif, à condition qu’ils ne soient pas eux-mêmes manipulés par des associations peu représentatives » (§ 66).

Enfin, le pape affirme « l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations Unies comme celle de l’architecture économique et financière internationale en vue de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations ». La dernière phrase indique le niveau d’exigence : « Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation et que soit finalement mis en place un ordre social conforme à l’ordre moral et au lien entre les sphères morale et sociale, entre le politique et la sphère économique et civile que prévoyait déjà le Statut des Nations Unies » (§ 67).

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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