La charité c’est montrer l’amour de Dieu pour tout homme (II)

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Entretien avec le card. Cordes, président de « Cor Unum »

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ROME, Lundi 28 janvier 2008 (ZENIT.org) – Dans la deuxième partie de cet entretien à Zenit, le cardinal Paul Josef Cordes, président du Conseil pontifical Cor Unum, raconte comment il a fait la connaissance de Karol Wojtyla, puis de Joseph Ratzinger…

Pour la première partie de l’entretien, cf. Zenit du 27 janvier.

Zenit – Puis votre vocation vous a conduit à devenir prêtre et évêque et vous avez connu le cardinal Karol Wojtyla. Quand vous êtes-vous rencontrés pour la première fois et quels types de relations aviez-vous ?

Card. Cordes – Déjà durant le Concile Vatican II, il y avait eu, à cause de la guerre, un échange de lettres entre les épiscopats polonais et allemand qui étaient soucieux de paix et voulaient favoriser la réconciliation entre les peuples. Mais le gouvernement communiste en Pologne empêchait les catholiques d’intensifier leurs contacts avec le gouvernement allemand qui était libre, et les relations étaient difficiles.

En 1978, pour la première fois, une délégation officielle de l’épiscopat polonais est venue en Allemagne. Mais à vrai dire, ce n’était pas une commission de l’épiscopat, c’était le cardinal Stefan Wyszynski, le grand primat de Pologne, accompagné de quelques évêques, apparemment moins importants et dont on ne connaissait même pas les noms.

J’avais travaillé au bureau de la Conférence épiscopale et au dernier moment le secrétaire général m’a appelé en me disant : « Nous avons oublié une chose importante. Pour ce genre de visite, il faudrait que quelqu’un accompagne en permanence la délégation ». C’était donc à moi, devenu entre temps évêque, que l’on avait demandé d’accompagner le groupe. Le cardinal Wyszynski allait toujours dans la première voiture avec l’évêque local, et avec moi dans la seconde voiture se trouvait le cardinal Wojtyla que peu de personne connaissaient vraiment. On s’est retrouvé à passer quelques jours ensemble. Nous avons parlé. Le cardinal était très discret, très attentif.

Quand on rencontrait des personnes et qu’il se trouvait en difficulté, le cardinal Wyszynski disait à son confrère : « Maintenant à toi de parler, tu parles mieux l’allemand ». J’étais très impressionné par cet homme et quand je suis rentré dans mon diocèse de Paderborn, à un prêtre que j’avais rencontré et qui m’avait di t: « Wyszynski est un grand personnage, il a très bien fait les choses », d’emblée j’avais répondu : « Wyszynski est bien, mais Wojtyla est mieux ».

Par la suite, Jean Paul II m’a appelé à Rome, pour travailler à la Curie. J’ai accepté volontiers d’autant que je voulais aider ce personnage authentique, pieux et sympathique. C’est donc sans connaître un mot d’italien que je me suis retrouvé ici à Rome.

Zenit – Puis à Rome vous avez eu l’opportunité de faire la connaissance du cardinal Joseph Ratzinger, qui est maintenant notre pape Benoît XVI, même si vous le connaissiez peut-être déjà…

Card. Cordes – Je l’ai rencontré quand il était encore professeur, au début de Vatican II, peut-être en 1963, je ne me souviens pas. Il tenait une conférence et j’étais surpris de ses réponses aux questions des étudiants. Elles étaient toujours exhaustives, presque une petite conférence sur un sujet précis. Lorsque l’un de nous, séminaristes, posait une question, lui il avait sept ou huit arguments, je pensais : « Mais cet homme connaissait déjà la question ! Comment se fait-il qu’il trouve une réponse aussi variée à tous les niveaux ? ». Telle a été ma première impression. Après cet épisode, je l’ai rencontré à plusieurs reprises.</p>

Lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, nous nous sommes souvent vus car j’étais aussi consulteur. Par la suite, j’ai pris un appartement dans l’immeuble de la Congrégation, et quand il quittait le bureau, c’était souvent l’heure à laquelle je rentrais à la maison. Ainsi, nous nous rencontrions souvent, et quand j’avais des problèmes sur une question je lui demandais conseil ; nos relations étaient très amicales. Il m’a offert beaucoup de ses livres avec une dédicace. C’était certainement une très belle relation pour moi. Il est évident que lorsque les cardinaux l’ont élu pape j’étais très heureux.

Zenit – Mais, en un certain sens, il n’y a plus la proximité qu’il y avait avant, et j’imagine que vous le regrettez un peu… 

Card. Cordes – Les gens me disent souvent : « Saluez le pape de ma part ! » Saluer le pape est maintenant devenu difficile pour moi, donc je salue son ange gardien. D’une part la relation est plus compliquée, je vois qu’il a un tel fardeau à porter, au point d’ailleurs qu’au début il avait refusé l’idée de devenir pape. Il doit donc se protéger, faire un bon usage de son temps. C’est pourquoi les contacts sont devenus difficiles. Mais je pense souvent à lui, à travers la prière aussi, car lui aussi n’a pas honte de demander des prières. Ainsi la relation se maintient, même si c’est sans l’expression humaine d’avant.

Propos recueillis par Jesús Colina

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ZENIT Staff

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