L'unité de l'Europe doit se baser sur une vision éthique commune (card. Danneels)

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La contribution que le christianisme peut apporter à l’unification de l’Europe

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ROME, Jeudi 5 février 2004 (ZENIT.org) – Mettant l’Europe en garde contre le risque d’oublier son passé, avec ses valeurs « irremplaçables » dont le christianisme, le cardinal Godfried Danneels a rappelé combien il était important qu’elle puise dans ses racines « une vision morale commune », à défaut de pouvoir bénéficier de facteurs géographiques, linguistiques ou culturels sur lesquels baser son unité.

« La terre de l’oubli n’est pas accueillante », a déclaré le cardinal Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles et président de la conférence épiscopale de Belgique aux délégués de Caritas-Lombardie réunis le vendredi 30 janvier à Milan autour du thème : « L’Europe entre diversité et cohésion ».

Le cardinal Danneels a participé aux assemblées spéciales du Synode des évêques consacrées à l’Europe, en 1991 et en 1999.

Parmi les difficultés auxquelles l’Europe doit faire face aujourd’hui, il y a « le grand risque d’oublier notre passé », a déclaré le cardinal au quotidien italien Avvenire, samedi dernier. « Car la mémoire de l’Europe contient des valeurs qui sont irremplaçables » comme par exemple « l’unicité de la personne humaine, la solidarité, l’amour des pauvres ».

« On ne peut pas oublier non plus la contribution spécifique du christianisme, a-t-il poursuivi. Et pour nous, réaffirmer ne peut pas signifier simplement proposer à nouveau une série d’idées ou un code de normes: il s’agit d’annoncer le Christ vivant, une personne que l’on peut aimer, imiter, adorer », il s’agit de « proposer à l’Europe une morale qui dépasse le critère de la simple justice, le niveau du ‘do ut des’ (donnant donnant), pour faire circuler une certaine surabondance de la générosité. C’est vivre un service au prochain qui va bien au-delà de la philanthropie car il plonge ses racines dans les paroles de Jésus: ‘C’est à moi que vous l’avez fait’! »

« C’est cette spécificité la contribution que comme chrétiens nous pouvons offrir à la construction d’un ethos commun du Continent », ceci étant un « vrai défi » car, étant donné que « l’unité de l’Europe ne peut s’appuyer sur des facteurs géographiques » ni sur une langue ou une culture homogène, « le seul fondement possible est le consensus, la volonté d’être ensemble », a expliqué le cardinal Danneels.

« Il est donc décisif d’avoir un ethos, une vision morale commune, un certain sens de l’homme et de l’humanité qui nous unisse ».

« Si nous ne retrouvons pas cette base éthique commune à laquelle se référait déjà Guardini quand il parlait de l’homme européen, nous n’avons aucune raison objective d’être ensemble ».

« L’Est peut donner beaucoup à l’Europe », a affirmé le cardinal, en pensant à la prochaine entrée de dix nouveaux pays, venant surtout de l’Est, dans l’Union Européenne.

« Je pense à nos régions profondément sécularisées où ne pas croire est déjà considéré comme une chose normale. Un vent de fraîcheur, de nouvelle vigueur de la foi peut venir de pays comme la Pologne », estime le cardinal Danneels.

De manière générale, « toute la culture de l’Est et du Centre de l’Europe a beaucoup manqué à l’Occident. L’expression du pape selon laquelle le Continent doit respirer avec ses deux poumons, par exemple, vaut aussi pour la politique », explique-t-il.

La question de l’islam figure également parmi les défis que doit affronter l’Europe. « Pour être européen, l’islam doit savoir faire la distinction entre Etat et religion », a fait remarquer le cardinal Danneels.

« Dans l’Europe d’aujourd’hui, un islam qui ne fait pas cette distinction est impensable. Il faut intégrer les valeurs européennes dans la culture religieuse aussi », a-t-il conclu.

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ZENIT Staff

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