L’Osservatore Romano rend hommage à Sœur Emmanuelle

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La religieuse de Sion, amie des chiffonniers du Caire

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ROME, Lundi 20 octobre 2008 (ZENIT.org) -Soeur Emmanuelle nous a quittés: la religieuse de Notre-Dame de Sion, amie des chiffonniers du Caire, qui fascinait les adolescents auxquels elle n’hésitait pas à parler de l’amour de Dieu avec les paroles du Cantique des Cantiques en disant « L’amour est fort comme la mort », s’est éteinte à l’âge de 99 ans. L’Osservatore Romano des 20-21 octobre lui rend hommage, Radio Vatican aussi. 

« Pour ses compatriotes, écrit L’Osservatore Romano, elle était l’icône de la solidarité et du soutien aux pauvres et aux marginaux, selon un récent sondage sur la femme la plus populaire et la plus aimée en France : sœur Emmanuelle, dans le siècle Madeleine Cinquin, s’est éteinte dans la nuit de dimanche à lundi, dans la maison de repos de Callain, dans le Var, où elle résidait ».  

« J’ai 100 ans et je voudrais vous dire»

Le quotidien de la Cité du Vatican rappelle que Madeleine Cinquin était née à Bruxelles mais était française d’adoption, et qu’elle aurait dû souffler ses cent bougies le 16 novembre prochain.  

Elle se vieillissait d’ailleurs en disant avec humour, comme l’indique le titre de son dernier livre,  publié il y a deux mois: « J’ai 100 ans et je voudrais vous dire» » (Ed. Plon, 2008) : une façon de demander qu’on prête sérieusement attention à ce qu’elle voulait dire car elle parlait d’expérience ! 

Le 31 janvier dernier, le président Nicolas Sarkozy l’avait élevée au rang de Grand officier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur. 

Conformément à sa volonté, ses obsèques auront lieu mercredi 22 octobre à Callian dans la plus stricte intimité. Un hommage lui sera rendu au cours d’une messe de requiem célébrée en la cathédrale Notre-Dame de Paris mercredi 22 octobre à 15h. 

Une messe en mémoire de Sœur Emmanuelle sera également célébrée, selon ses souhaits, à la chapelle Notre-Dame de la Médaille miraculeuse, rue du Bac, à Paris, samedi 25 octobre à 10h30. 

Enseignante dans l’âme

Après ses études à la Sorbonne, Sœur Emmanuelle avait d’abord enseigné les lettres et la philosophie, dans les collèges de Sion, à Istanbul, à Tunis, au Caire et à Alexandrie.  

L’Osservatore Romano rappelle aussi que c’est à l’âge de 63 ans, en 1971, qu’elle alla partager la vie quotidienne des chiffonniers du Caire, en Egypte, et elle devint ainsi «petite soeur des chiffonniers». Pour défendre leur dignité, elle n’hésitait pas à parler, en arabe, à de hauts responsables, avec autorité.  

L’Osservatore souligne qu’elle parlait « franchement, sans détours, et que cette caractéristique la faisait aimer de tous ». 

« Dans le bidonville d’Ezbet el-Nakhl, au Caire, elle fit construire écoles, crèches, hospices. Et l’association qu’elle a fondée en 1980 et qui porte son nom, « Asmae-Association Soeur Emmanuelle», poursuit son œuvre au service de milliers d’enfants pauvres du monde entier », écrit encore le quotidien du Vatican. 

C’est en 1993 qu’elle a quitté l’Egypte, à l’âge de 85 ans, pour revenir en France, dans sa communauté de Notre-Dame de Sion, pour se consacrer à la prière, à la méditation, mais « sans abandonner les sans-abri et les immigrés clandestins », souligne L’Osservatore Romano.  

Une « femme de cœur et d’action » 

Pour sa part, le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, et président de la conférence des évêques de France salue en elle une « femme de cœur et d’action » : « Elle nous manquera, écrit-il, tout comme elle manquera aux religieuses de sa congrégation et aux bénévoles des associations qu’elle a créées ». 

Il souligne l’énergie de cette religieuse de feu qui « a su mobiliser ses contemporains en faveur des plus déshérités par son franc-parler et sa simplicité ». 

« Jusqu’à son dernier souffle, elle a fait preuve, inlassablement, d’une immense énergie et d’une foi inébranlable », souligne le cardinal Vingt-Trois. 

Et de préciser : « Je pense tout particulièrement aux nombreux enfants et familles qu’elle a accompagnés tout au long de sa vie, d’abord comme enseignante, puis en vivant parmi les pauvres des bidonvilles du Caire, enfin dans sa prière quotidienne ». 

L’archevêque évoque ce passage d’un de ses livres: « Il me revient en mémoire ce propos qu’elle tenait dans l’un de ses ouvrages : ‘Je garde, quant à moi, une immense reconnaissance pour tous ceux qui (…) m’ont appris que l’amour est plus fort que la mort et porte en lui une semence d’éternité’ (cf. ‘Vivre, à quoi ça sert ?’, Ed. J’ai Lu, 2005). À notre tour, nous lui sommes infiniment reconnaissants du témoignage d’amour que fut sa vie, entièrement consacrée à Dieu et aux autres ».  

« Suivant son exemple, vivons dans l’Espérance et ne cessons pas d’agir pour les plus pauvres et de témoigner de l’amour de Dieu pour les hommes », exhorte l’archevêque. 

Au puits de Jacob pour boire l’eau vive

C’est vraiment dans la prière qu’elle puisait une telle énergie : c’était un dialogue d’amour ininterrompu. 

Lorsque, au début des années quatre-vingt-dix, elle avait voulu faire un séjour à Jérusalem, pour se ressourcer sur les pas du Christ, elle se rendait souvent au Saint-Sépulcre, malgré les montées et les descentes de la Vieille Ville. Elle impressionnait tous ceux qui l’approchaient et ceux qui étaient chargés de veiller sur elle ! 

Elle n’avait pas hésité non plus à se rendre seule au site de l’épisode évangélique du Puits de Jacob, dans une région où les « touristes » n’étaient pas alors les bienvenus. Son taxi – un « shérout » – avait essuyé un tir de pierres. Mais elle ne retenait de son pèlerinage que l’expérience spirituelle d’être allée se recueillir là où le Christ a promis « l’eau vive » à la Samaritaine. 

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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