L’oecuménisme, un signe des temps, selon le cardinal Kasper

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ROME, Dimanche 26 février 2006 (ZENIT.org) – A une époque où « le terme de mondialisation caractérise notre condition », l’œcuménisme devient aussi « une réponse aux signes des temps », a affirmé mercredi dernier le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens.

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Dans le cadre d’un cours donné aux étudiants se préparant au Master, sur « Eglise, œcuménisme et religion » proposé par l’Athénée pontifical « Regina Apostolorum » de Rome, le cardinal Kasper a déclaré que grâce aux nouvelles possibilités offertes par les moyens de communication, les peuples sont désormais plus proches, « qu’ils le veuillent ou non, dans la même barque ».

C’est pour cette raison, a ajouté le père Paolo Scarafoni, L.C., recteur de l’Athénée, que l’œcuménisme est « l’un des points centraux de notre identité chrétienne ».

Les chrétiens séparés, a constaté le cardinal Kasper, « ne se considèrent normalement plus étrangers les uns vis-à-vis des autres, en compétition », mais « frères et sœurs ». « Ils ont surmonté le manque de compréhension qui existait dans le passé » et ont compris que « ce qui les unit est bien plus grand que ce qui les divise ».

Le cardinal a cependant ajouté qu’après « une certaine euphorie », suite au Concile Vatican II, l’œcuménisme a manifesté des signes de « lassitude, désillusion et inertie » au point que certaines personnes parlent d’un « nouvel hiver œcuménique ».

Le motif de cette crise, selon le cardinal Kasper réside dans les « interrogations actuelles concernant l’identité », car « personne ne veut être absorbé par un ensemble sans visage ».

Le fait que dans la Constitution dogmatique « Lumen gentium » et dans le Décret sur l’œcuménisme « Unitatis redintegratio » on déclare que « l’Eglise du Christ subsiste dans l’Eglise catholique », a poursuivi le cardinal, « n’exclut pas le fait qu’également au-delà des structures visibles de l’Eglise catholique il existe non seulement des chrétiens pris individuellement mais aussi des éléments ecclésiaux qui poussent à l’unité ».

« L’Esprit Saint est à l’œuvre dans les autres églises et communautés ecclésiales », a expliqué le cardinal Kasper, rappelant que, comme affirmait Jean-Paul II dans l’encyclique « Ut unum sint », « en dehors des limites de la communauté catholique, il n’y pas un vide ecclésial ».

« L’Eglise catholique, a-t-il poursuivi, est blessée par les divisions de la chrétienté », également à cause de « l’impossibilité de réaliser complètement et pleinement sa propre catholicité ». Pour cette raison, l’œcuménisme est nécessaire, un œcuménisme qui « n’est pas une route à sens unique, mais un processus d’apprentissage réciproque ».

« La question n’est pas seulement la conversion des autres, mais la conversion de tous à Jésus Christ. La conversion commence toujours par soi-même », a-t-il déclaré, expliquant qu’il « ne s’agit pas d’un simple retour des autres au bercail de l’Eglise catholique, mais d’une croissance commune », car « lorsque nous nous rapprochons de plus en plus du Christ, en Lui nous nous rapprochons de plus en plus les uns des autres ».

En ce qui concerne la « situation œcuménique concrète », le cardinal Kasper a précisé que les Eglises orientales sont « profondément enracinées dans la vie de leurs peuples respectifs et de leur culture », ajoutant qu’« à travers de nombreuses persécutions elles ont conservé la foi apostolique et font aujourd’hui preuve d’une grande vitalité ».

« Le Concile reconnaît les Eglises orientales comme Eglises particulières et Eglises sœurs car elles ont l’eucharistie, à travers laquelle l’Eglise de Dieu est édifiée et croît », a-t-il souligné.

« Malgré une séparation de 1500 ans et toutes les différences plus culturelles que dogmatiques, ces Eglises ont conservé la structure fondamentale apostolique de l’Eglise que nous avons, nous aussi », a-t-il rappelé.

Selon le président du Conseil pontifical, l’an l054 « n’est qu’une date symbolique et non le début d’un schisme », car « l’Orient et l’Occident avaient reçu le message de l’Evangile de manière différente dès le début et avaient développé des traditions différentes ».

Malgré cela, « tous vivaient dans une unique Eglise », a-t-il expliqué. La vraie cause de la séparation a été « le manque de compréhension mutuelle et de charité ».

Nous avons aujourd’hui du mal à nous comprendre sur un plan « culturel », car la culture orientale est « hautement développée » mais n’a vécu « ni la séparation entre l’Eglise et l’Etat ni l’époque moderne des Lumières ».

Après s’être libérées de la domination byzantine puis ottomane, et ensuite des tsars et du communisme, les Eglises orientales ont aujourd’hui de nouvelles possibilités de développement, mais elles se sont trouvées face à un « monde transformé dans lequel elles doivent d’abord trouver leur chemin ».

« Tout cela requiert du temps et de la patience », a expliqué le cardinal Kasper, rappelant que « la seule question théologique sérieusement débattue entre nous et l’Eglise orthodoxe est le primat romain » qui « représente l’obstacle majeur parmi tous les chrétiens non catholiques », même s’il est devenu « un point de référence pour toute la chrétienté ».

Parlant des communautés chrétiennes de la Réforme, le cardinal Kasper s’est dit « convaincu que l’amélioration de nos relations avec les Eglises orientales est essentielle pour vaincre les divisions au sein de la chrétienté occidentale ».

En effet, à cause de la séparation avec l’Orient, la chrétienté latine « a d’une certaine manière respiré avec un seul poumon et s’est appauvrie », a-t-il expliqué.

Le point le plus controversé avec les protestants est la question de l’Eglise et du ministère. Même si l’on perçoit « différents signes de nos partenaires » il est difficile de comprendre « dans quelle direction ils sont orientés ».

Evoquant sa récente participation à l’Assemblée du Conseil mondial des Eglises à Porto Alegre (Brésil), le cardinal a affirmé que la délégation catholique a été accueillie « de façon très amicale », mais qu’il lui a semblé que les membres du Conseil « ne savent où aller », ce qui fait que l’Eglise catholique ne sait avec qui dialoguer.

En conclusion, pour ce qui concerne l’œcuménisme au niveau paroissial, le cardinal Kasper a souligné l’importance du « dialogue de la vie » dans la société multiculturelle d’aujourd’hui qui nous amène chaque jour à avoir des relations avec des personnes d’autres croyances. « On peut prier ensemble », a-t-il déclaré, « on peut partager des expériences spirituelles », « on peut lire la Bible ensemble ».

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ZENIT Staff

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