L'oecuménisme de la souffrance

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Rencontre de Tawadros II et François

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Le pape François évoque la réalité de « l’oecuménisme de la souffrance », dont les chrétiens font l’expérience notamment en Egypte. Mais il fait aussi observer que le pardon et la réconciliation peuvent aussi germer dans la société du fait des souffrances supportées ensemble, croyants et non-croyants.

« Le Saint-Père François a reçu en audience ce matin, à 11 h, Sa Sainteté Tawardos II, Pape d’Alexandrie et patriarche du Siège de Saint Marc, Chef de l’Eglise copte orthodoxe d’Egypte », annonce le Vatican, 40 ans après la rencontre et la déclaration historique de Paul VI et Chenouda III.

Le pape se dit « convaincu » que « de nouveaux pas importants vers la pleine unité » pourront être accomplis.

Le pape Tawadros II a pour sa part invité le pape François en Egypte en disant en anglais: « J’espère pouvoir avoir bientôt l’honneur d’une visite de Sa Sainteté dans mon pays bien-aimé, l’Egypte ».

Le pape François a prononcé  à l’adresse du patriarche et de sa délégation un discours dont nous publions notre traduction de l’italien.

Discours du pape François

Sainteté,

Chers frères en Christ, 

C’est pour moi une grande joie et un vrai moment de grâce de pouvoir vous accueillir auprès du tombeau de l’apôtre Pierre, dans le souvenir de la rencontre historique qui unit, il y a quarante ans, nos prédécesseurs, le pape Paul VI et le pape Chenouda III, récemment disparu, dans une accolade de paix et de fraternité, après des siècles d’éloignement réciproque. C’est donc avec une affection profonde que je vous donne la bienvenue, Sainteté, ainsi qu’aux membres distingués de votre délégation, et je vous remercie de vos paroles. A travers vous, j’étends ma salutation cordiale dans le Seigneur aux évêques, au clergé, aux moines et à toute l’Eglise copte orthodoxe.

La visite d’aujourd’hui renforce les liens d’amitié et de fraternité qui unissent déjà le Siège de Pierre et le Siège de Marc, héritier d’un inestimable héritage de martyrs, théologiens, saints moines et fidèles disciples du Christ, qui, de génération en génération ont rendu témoignage à l’Evangile, souvent dans des situations de grandes difficultés.

Il y a quarante ans, la Déclaration commune de nos prédécesseurs a marqué d’une pierre blanche le chemin oecuménique, et à partir d’elle une Commission de dialogue théologique entre nos Eglises a apporté de bon résultats et a préparé le terrain pour un dialogue plus ample entre l’Eglise catholique et toute la famille des Eglises orthodoxes orientales, et continue avec fruit jusqu’à aujourd’hui. Dans cette déclaration solennelle, nos Eglises reconnaissaient de confesser, dans la ligne des traditions apostoliques, « une seule foi dans un seul Dieu Un et Trine » et la « Divinité du Fils unique de Dieu incarné […]. Dieu parfait quant à Sa Divinité et homme parfait quant à Son Humanité ». Elles reconnaissaient que la vie divine nous est donnée et est nourrie par les sept sacrements; et elles se sentaient associées dans la commune vénération de la Mère de Dieu.

Nous sommes heureux de pouvoir confirmer aujourd’hui ce que nos illustres prédécesseurs ont déclaré solennellement, nous sommes heureux de nous reconnaître unis par le même baptême, dont notre prière commune – qui aspire au jour où, une fois accompli le désir du Seigneur, nous pourrons communier à l’unique calice – est une expression spéciale.

Nous sommes bien sûr également conscients que le chemin qui nous attend est peut-être encore long, mais nous ne voulons pas oublier la grande route déjà parcourue, qui s’est concrétisée par de lumineux moments de communion, parmi lesquels j’aime à rappeler la rencontre de février 2000 au Caire entre le Pape Chenouda III et le bienheureux Jean-Paul II, pèlerin, au cours du Grand Jubilé, sur les lieux d’origine de notre foi. 

Je suis convaincu qu’avec l’Esprit Saint pour guide, notre prière persévérante, notre dialogue et la volonté de construire jour après jour la communion dans l’amour réciproque nous permettront de faire des pas nouveaux et importants vers la pleine unité.

Sainteté, je suis au courant des multiples gestes d’attention et de charité fraternelle que vous avez réservé, dès les premiers jours de votre ministère, à l’Eglise copte catholique, à son Pasteur, le patriarche Ibrahim Isaac Sidrak, et à son prédécesseur, le cardinal Antonios Naguib. L’institution d’un « Conseil national des Eglises chrétiennes », que vous avez fortement voulu, représente un signe important de la volonté de tous ceux qui croient dans le Christ de développer dans la vie quotidienne des relations toujours plus fraternelles et de se mettre au service de toute la société égyptienne, dont ils font partie intégrante. Sachez que votre exemple en faveur de la communion entre les croyants dans le Christ, ainsi que votre intérêt vigilant pour le sort de votre pays et pour le rôle des communautés chrétiennes à l’intérieur de la société égyptienne, trouvent un écho profond dans le coeur du Successeur de Pierre et de toute la communauté catholique. 

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent ensemble; et si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Co 12, 26). C’est une loi de la vie chrétienne, et dans ce sens, nous pouvons dire qu’il existe aussi un oecuménisme de la souffrance: de même que le sang des martyrs a été semence de force et de fertilité pour l’Eglise, de même, le partage des souffrances quotidiennes peut devenir un instrument efficace d’unité. Et ceci est aussi vrai, d’une certaine manière, dans le cadre plus large de la société et des rapports entre chrétiens et non-chrétiens: de la souffrance commune peuvent en effet germer, avec l’aide de Dieu, le pardon et la réconciliation. 

Sainteté, en vous assurant de ma prière afin que tout le troupeau confié à votre sollicitude pastorale, puisse être toujours fidèle à l’appel du Seigneur, j’invoque la commune protection des saints Pierre Apôtre et Marc l’Evangéliste: ils ont collaboré efficacement au cours de leur vie à la diffusion de l’Evangile, qu’ils intercèdent pour nous et accompagnent le chemin de nos Eglises.

Traduction de Zenit, Anita Bourdin


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