« L’Occident a été arrogant » : le card. Martino appelle au « respect »

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L’Eglise, voix de la paix, du dialogue, de la disponibilité et du service

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ROME, Vendredi 10 février 2006 (ZENIT.org) – « L’Occident a été arrogant » : le cardinal Martino appelle à « plus de respect pour la culture d’autrui », dans les colonnes de la Repubblica, dans son édition du 9 février. Il souhaite « plus de sensibilité religieuse, de sensibilité humaine et de l’intelligence politique », mais aussi un « vrai dialogue », et dénonce « les promesses non tenues vis-à-vis des pays pauvres ». « L’Eglise catholique veut être une voix de la paix, du dialogue, de la disponibilité et du service », rappelle le cardinal Martino.

Le président du conseil pontifical Justice et Paix, le cardinal Renato Rafaele Martino a en effet analysé l’affaire des caricatures comme « une manifestation d’arrogance mûrie dans les pays riches et développés qui n’ont aucun respect pour la culture des autres. Une caricature, chez nous, provoque un sourire, pour d’autres, c’est une offense ».

Il souligne en outre que ce qui est en question c’est « la façon dont l’Occident arrive à avoir de la considération pour les autres, leur situation, leur histoire, leur dignité, et leur culture ».

Pour les remèdes à la crise, le cardinal Martino préconise : « Sensibilité religieuse, sensibilité humaine et intelligence politique ».

Pour ce qui est des protestations, il souligne : « La manipulation est évidente, le prétexte a été servi sur un plateau. Le point est que nous savons tous que dans la culture juive et dans la culture musulmane il n’y a pas de place pour une image de Dieu. Pour l’Islam, on ne peut pas représenter Allah, et son prophète non plus ».

A propos de la liberté d’expression, le cardinal italien fait observer : « Bien sûr, il y a le droit à la liberté d’expression, mais mon droit s’arrête là où il s’agit du droit de l’autre ».

Le cardinal Martino exprimait en outre ses préoccupations en disant : « Je pense à tout ce qu’a fait Jean-paul II pour éviter que la guerre en Irak ne soit interprétée comme un affrontement entre l’Occident chrétien et l’Islam. Il avait atteint cet objectif. Des délégations sont venues le remercier même de l’Indonésie ».

Le président de Justice et Paix évoque un « réveil religieux », un peu partout, mais il précise : « Il y a un réveil qui se manifeste comme une réaction à l’arrogance de l’Occident. Il faut se rendre compte qu’il y a une partie du monde, celui qui est en voie de développement, qui a la sensation d’être tributaire de la partie de la planète qui a les moyens économiques, le pouvoir militaire, la suprématie scientifique. Alors, je me demande : Qu’est-ce que l’Occident fait pour aider les autres à être les acteurs de leur propre avenir ? »

Il précise : « Il faut se mettre à la place de l’autre. Avoir un interlocuteur sur le même plan, ce serait un avantage pour l’Occident. Jusqu’ici le rapport ne s’est établi qu’en termes marchands. Mais le marché ne suffit pas. Si nous demandons la liberté de religion pour tous, et aussi la liberté de pouvoir changer de credo, il faut développer dans l’Islam la maturité de la laïcité que l’Europe a atteinte au cours des siècles. Et pour cela on a besoin d’un rapport dans le respect, en mettant en marche un processus stratégique pour stimuler dans ces pays une croissance culturelle des individus ».

Une stratégie à 360 degrés, « spécialement parce qu’il y a terrorisme », souligne le cardinal Martino. « Il faut, recommande-t-il, aller aux racines. Affronter la question des promesses non tenues de l’Occident vis-à-vis des pays pauvres. Soigner les blessures ouvertes ».

Il cite en particulier ce qu’il appelle « la gangrène du Moyen Orient » et avertit : « Malheur si l’on coupait les aides économiques à l’Autorité palestinienne. Si le Hamas doit reconnaître sans condition le droit à l’existence de l’Etat d’Israël, il est juste que les Palestiniens demandent le respect des frontières de 1967. Pour le droit international, les modifications faites dans des territoires occupés militairement ne sont pas licites ».

Et il conclut : « L’Eglise catholique veut être une voix de la paix, du dialogue, de la disponibilité et du service. Et d’amour entre les hommes, comme l’a dit Benoît XVI. C’est ce que montre aussi le sacrifice de don Santoro, et de tant d’autres prêtres, de religieuses, de religieux. Le pape est pour le dialogue interreligieux et aujourd’hui le rôle des responsables religieux pourrait être plus fécond que jamais. Je me souviens des paroles de Paul VI à l’ONU : l’Eglise demande à être au service de l’homme ».

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ZENIT Staff

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