L'Italie a besoin d'un « réveil de l'espérance »

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Discours d’ouverture du cardinal Bagnasco à l’assemblée générale de la CEI

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Luca Marcolivio

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, mardi 22 mai 2012 (ZENIT.org) – L’Italie a besoin de « signes positifs » que l’Eglise peut lui apporter, réveillant en elle cette « espérance » qui, seule, lui permettra de surmonter les épreuves d’une crise générale, non pas « dans le ressentiment » mais « avec détermination », estime le cardinal Angelo Bagnasco, président de la conférence épiscopale italienne (CEI).

La vie publique italienne et les difficultés que traversent actuellement ses citoyens, constituaient le cœur de l’intervention de l’archevêque de Gênes qui a ouvert, lundi 21 mai, les travaux de l’assemblée générale de la CEI, élargissant ses propos à toute l’Europe où, a-t-il souligné, « l’homme est vraiment en crise ».

Réveil de l’espérance

« Les conditions générales » du peuple italien sont une réalité « angoissante », a relevé le président de la CEI, toutefois, justement parce que ça l’est, nous voudrions tous « être en mesure d’entrevoir les premières lueurs de quelque chose de nouveau qui pourrait ensuite évoluer » et apporter des perspectives « concrètes » d’avenir, « à la portée de tous ».

A côté des risques que le citoyen court dans le contexte d’une crise « beaucoup plus vaste que prévue », il est plus qu’opportun, estime le cardinal, de cerner aussi « les signes positifs et les possibilités » qui sont concrètement à la portée de tous. La vie, a-t-il dit, est « un don beaucoup trop grand pour ne pas s’appliquer à la savourer, même dans les périodes les plus dures, d’où peuvent d’ailleurs jaillir les  premières lueurs d’une renaissance ».

Tout en reconnaissant le caractère légitime et respectable d’une « attitude inquiète » chez tant de personnes, le cardinal Bagnasco  met en garde contre le risque que celle-ci ne se transforme en « morosité », ou en « oppression paralysante » qui serait comme « céder sur le front de l’amour de l’amour que Dieu a pour nous, qui fait de nous des êtres résistants à l’épreuve et capables d’avenir ».

Dans une situation de difficulté comme celle que vit actuellement l’Italie, le cardinal Bagnasco exhorte à réagir contre le « ressentiment », contre « l’hostilité et la violence sanguinaire » par une « attitude déterminée » porteuse de « lueurs d’espoir » en un avenir que chaque communauté est en droit d’avoir.

Le pays doit éviter « les petites recettes ou les recettes précipitées », a-t-il suggéré. Il reconnaît qu’un cycle économique et social s’est « définitivement interrompu » mais est convaincu qu’un autre, diffèrent, peut s’ouvrir. Il rappelle que l’Italie a connu par le passé des épreuves tout aussi dures qui ne l’ont pas empêchée de se gagner « la place qu’elle occupe aujourd’hui parmi les nations les plus développés de la planète ».

Et l’Eglise, dans ce contexte, a-t-il dit, comme par le passé, représente aux yeux des citoyens « un interlocuteur proche et concret », qui transmet aux évêques la perception qu’ils ont « une responsabilité à part ».

Aujourd’hui la crise a atteint un tel niveau que personne ne peut se permettre de minimiser. Il faut y répondre, a-t-il dit, en changeant surtout de mentalité. A ce propos, l’archevêque de Gênes appelle à ne pas négliger le monde de l’information, marqué par de nombreux épisodes de « communication sauvage » qui, au nom du droit à informer, viole celui de « la liberté » et « de la réserve » propres au statut de l’homme et aux fondements de la civilisation.

Le cardinal Bagnasco souhaite un « réveil de l’espérance » dont l’absence, a-t-il dit, est le « symptôme le plus proche de la mort biologique et spirituelle », comme disait l’illustre théologien Piero Coda. 

Et l’Année de la foi, proclamée par Benoît XVI à partir du mois d’octobre prochain, ainsi que l’institution d’un Conseil pontifical pour la promotion de l’Évangélisation, doivent être, selon lui, des occasions pour « provoquer une secousse très importante ».

L’aventure spirituelle de l’Europe

Le cardinal Bagnasco a alors étendu sa réflexion à toute l’Europe qui, a-t-il dit, reste « un bien trop grand pour être laissé en suspens », qui doit devenir « une aventure culturelle et spirituelle » et pas seulement « économique », une « vraie communauté de destin ».

La communauté entière, italienne, européenne et mondiale, a ajouté le président de la CEI, doit redécouvrir « la grande leçon du service », de la « gratuité » et du « don », par tous les moyens possibles, à partir du bénévolat.

La déception est aujourd’hui le sentiment dominant, car « il manque une vision de ce que nous attendons de l’Europe », a-t-il dit.

Le cardinal a également mentionné le problème de la « désaffection politique » en Italie, due à trop de « démagogies, de ruses et de médiocres tactiques » que les citoyens « ne tolèrent plus ».

« Parions plutôt sur l’intelligence des citoyens, désormais désenchantés et fatigués », a-t-il exhorté avant de s’arrêter sur le problème de la mafia, tant dans le nord que dans le sud de l’Italie, où « tant de prêtres sont eux aussi soumis à des menaces et intimidations ». L’Eglise, a-t-il réaffirmé, ne baissera jamais les bras pour la combattre.

Evoquant le récent scandale de la publication de documents réservés du Vatican, le cardinal Bagnasco a rappelé que la déontologie journalistique, qui a « des règles, des devoirs et des limites précises » ne peut être utilisée « en dépit du bon sens, selon les circonstances et intérêts ».

« Nous souffrons de voir ici et là un certain goût à frapper l’Eglise, comme s’il y avait quelque avantage à en tirer », a-t-il ajouté. Or, « c’est exactement le contraire qui se produit : ce sont des actes criminels qui alourdissent tout, qui ne procurent certainement ni gloire ni honneur aux protagonistes, qu’ils soient connus ou inconnus ».

Revenant également sur l’attentat survenu le 19 mai dans un lycée de Brindisi (Italie), le cardinal a dénoncé « ceux qui brandissent des utopies fortes et mortifères » et profitent du malheur des populations pour « déstabiliser la vie sociale » ; il a également exprimé sa solidarité aux victimes du tremblement de terre survenu dans la nuit du 19 au 20 mai, en Emilie Romagne, espérant que tous les moyens seront pris pour leur assurer un retour rapide à une vie normale.

Enfin, il a évoqué la prochaine rencontre mondiale pour les familles, qui aura lieu à Milan du 30 mai au 3 juin,  rappelant que la famille est « l’unique structure anthropologique » qui permet de « se projeter dans l’avenir ».

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ZENIT Staff

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