L'IOR ouvre ses portes aux journalistes

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Volonté de transparence, de nombreux doutes éclaircis

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Traduction d’Anne Kurian

ROME, vendredi 29 juin 2012 (ZENIT.org) – L’IOR a ouvert ses portes aux journalistes, hier, 28 juin 2012, dans une volonté de transparence soulignée par le directeur général M. Cipriani.

Une première : une soixantaine de journalistes italiens et étrangers ont visité l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR) au Vatican, et ont pu poser leurs questions au cours d’une conférence de presse présidée par Paolo Cipriani, directeur général de l’Institut, et 4 membres du Conseil de direction. Le P. Federico Lombardi modérait la rencontre.

“Lorsqu’on veut vivre une ligne de transparence, il est juste de donner des éléments d’informations”, a expliqué M. Cipriani, affirmant que “nous voulons lever ce voile de mystère qui s’est créé autour de l’IOR”. Cette conférence de presse, a-t-il souhaité, n’est qu’un “point de départ”.

Le numéro deux de l’Institut (la présidence est encore vacante depuis la démission de M. Ettore Gotti Tedeschi) a montré un diaporama et répondu aux questions des journalistes sur un ton très franc.

Il y a environ 33.000 comptes à l’IOR, le capital total étant d’environ six milliards d’euro. 70% des opérations arrivent en Europe, 65% sont en euro, 30% en dollars et le reste dans d’autres monnaies. Par obligation légale l’IOR a une petite réserve en or dans la Réserve fédérale à New York et les investissements qui se font servent à protéger le capital et non à des spéculations.

L’IOR n’est pas une banque, il est sans but lucratif, les intérêts ne sont donc pas supérieurs à 5%. 112 salariés y travaillent, auxquels s’ajoutent des consultants externes pour les cas particuliers. L’IOR fournit des services aux organismes de l’Eglise dans plus de 150 pays du monde.

“La mission de l’Institut est de pourvoir à la protection et l’administration des biens immobiliers et mobiliers, transférés ou confiés à l’Institut par des personnes physiques ou juridiques et destinés à des œuvres de religion et de charité”, a expliqué M. Cipriani.

Les services financiers de l’IOR sont « la garde des fonds confiés; l’assistance dans les opérations de transfert de fonds à des fins institutionnelles ; le conseil dans les gestions financières ; et des services concernant les legs et donations ».

Le budget annuel est signé par le directeur général, certifié par la société Deloitte et les cardinaux, puis présenté au pape fin avril chaque année. Si le budget est positif, le pape décide comment l’utiliser. En 2011, 55 million d’euro ont été destinés à divers œuvres.

Le directeur général a raconté ses premières difficultés, lorsqu’il est arrivé en 2003 à l’IOR, après 25 ans de travail dans le secteur bancaire : il a dû s’habituer aux différences de titres (éminence, excellence), etc.

M. Cipriani est revenu également sur le passé de l’Institut : « A l’IOR il n’y a pas de comptes numérotés », a-t-il expliqué, ajoutant que « depuis 1996 le nouveau système informatique permet la traçabilité de toutes les opérations bancaires ».

« Je ne sais pas si par le passé il y a eu des transactions problématiques, je peux seulement dire qu’aujourd’hui il n’y en a pas et pour notre tranquillité nous savons que depuis 1996 le système a une couverture totale », a-t-il affirmé.

“L’institut utilise pour ses transferts le système SWIFT qui impose des règles précises pour chaque transaction, avec des données obligatoires telles le payeur, le bénéficiaire, le motif, etc”, a-t-il précisé.

En outre, a ajouté M. Cipriani, “tout utilisateur est soumis aux politiques et procédures de « know your customer » (KYC) et « customer due diligence » (CDD). Par ailleurs l’Institut n’entretient pas de rapports de compte avec les banques de pays Offshore” (appelés aussi paradis fiscaux).

“De par la loi, a ajouté M. Cipriani, l’IOR doit signaler aux autorités compétentes d’éventuelles transactions suspectes”: en ce sens la loi 127 a été modifiée et la loi 166 l’a rapproché des plus grands standards internationaux. “Lorsqu’il y a une transaction suspecte, la norme est de ne pas l’accepter”.

L’IOR, a poursuivi M. Cipriani, s’appuie sur des contrôles internes d’anti recyclage, des auditions internes, un collège de réviseurs. Mais également sur des contrôles externes, comme l’Autorité d’information financière (AIF) depuis 2011. Depuis 1990, il fait appel à une société externe pour certifier le bilan, qui depuis 2009 est la société Deloitte, qui a collaboré de 2010 à 2011 pour améliorer les systèmes de contrôles sur l’anti-blanchiment d’argent (AML/CFT). En outre le bilan est conforme aux standards de l’IAS (International Accounting Standard) depuis 1995.

Ppur ouvrir un compte à l’IOR il faut être religieux, autorisé par ses supérieurs, ou bien prêtre. Dans ce cas, il faut fournir à l’Institut la documentation complétée par son diocèse ou par les autorités compétentes.

Tandis que les lois internationales obligent à “à garder les opérations enregistrées durant 5 ans, nous le faisons pour dix ans”, a déclaré M. Cipriani, précisant que pour les opérations supérieures à 10.000 euro il est nécessaire de remplir un document douanier.

La rencontre s’est conclue avec une visite des dépendances de l’Institut. M. Cipriani s’est montré confiant sur le parcours de reconnaissance légale entrepris par l’IOR, pour s’aligner sur les nombreux pays appartenant à la liste blanche (White list).

En effet, la commission anti recyclage de l’Union européenne, Moneyval, a déjà fait, sur demande sur Saint-Siège, une inspection et un rapport sur les activités financières du Vatican, qui sera discuté le 4 juillet à Strasbourg. Les résultats resteront confidentiels par volonté de Moneyval. Cependant des indiscrétions de la presse ont indiqué un avis positif de 41 points et 8 négatifs. Le Vatican se trouverait à quelques pas de l’objectif.

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ZENIT Staff

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