« L’inculture des dirigeants engendre leur intolérance »

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Pour préparer la paix, les universités

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ROME, Mardi 20 octobre 2009 (ZENIT.org) – « Si les conflits en Afrique durent si longtemps, c’est sans doute parce qu’ils sont gérés par des politiques, sans culture et sans cœur, préoccupés de sauvegarder leurs intérêts personnels plutôt que de promouvoir la paix », estime le prof. Alöyse Raymond Ndiaye, président du Comité national des Chevaliers de l’Ordre de Malte au Sénagal, à Dakar. Il invite à donner aux universités catholiques tout ce dont elles ont besoin pour former la classe politique des pays africains car « l’inculture des dirigeants engendre leur intolérance ».

M. Ndiaye a évoqué le document de travail du synode qui épingle la classe politique : « Des hommes et femmes en politique démontrent une inculture grave en matière politique ».

« C’est donc, reprend le professeur, ce qui explique leur mépris des droits humains qu’ils violent allègrement, sans état d’âme, avec un sentiment de totale impunité. Quant à leur rapport à la religion et aux institutions religieuses, ils ne paraissent pas les comprendre et ne s’y intéressent que pour les instrumentaliser à des fins autres que spirituelles. Ils sont incapables, par ailleurs, de concevoir que l’on puisse résoudre un différend autrement que par la force, la violence ».

On se souvient que le thème du synode qui s’est ouvert le 4 octobre et s’achève le 25 octobre, dimanche prochain, c’est en effet la réconciliation, la justice et la paix en Afrique.

Et de citer le président Léopold Sédar Senghor, « poète et humaniste chrétien », qui avait déjà, « de son vivant, exprimé la même opinion, attribuant au manque de culture de ses pairs les coups d’État, les régimes tyranniques et sanguinaires, les détournements de deniers publics, les violations des droits de l’homme en Afrique ».

« L’inculture des dirigeants engendre leur intolérance, leur despotisme. Si les conflits en Afrique durent si longtemps, c’est sans doute parce qu’ils sont gérés par des politiques, sans culture et sans cœur, préoccupés de sauvegarder leurs intérêts personnels plutôt que de promouvoir la paix. Ce qui est mis en évidence, ici, c’est le problème de la formation de nos gouvernants qui peut être, en effet, un obstacle à la réconciliation, à la justice, à la paix. D’où le rôle de l’Éducation », diagnostique le prof. Ndiaye.

Il reconnaît que les Eglises en Afrique ont depuis longtemps investi dans l’éducation : « Leur engagement apprécié des fidèles et de la population, malgré quelque contraintes, les conduit aujourd’hui à se doter d’un réseau remarquable d’universités catholiques appelé à se développer ».

Pour ce qui est de l’université, le professeur précise les exigences à assumer : « Pour répondre à sa vocation d’universitas, l’université ne doit pas limiter son enseignement et ses recherches à ce qui est utile. Elle ne doit pas se limiter à ne développer que les aptitudes intellectuelles, à l’exclusion de celles qui relèvent de la sensibilité. Comme chez Pascal, « il y a la raison, il y a le coeur ». Elle ne doit pas examiner les sciences séparément sans se préoccuper de ce qui les unit. L’universitas c’est l’exigence de totalité ou d’universalité, l’exigence d’unité. C’est la prise en compte de cette exigence qui fait de l’université un lieu de culture ».

« La prise en compte de l’Art, des Beaux Arts, par les universités catholiques, du patrimoine culturel et artistique de l’Afrique, en même temps patrimoine de l’humanité, dans sa diversité et sa richesse, contribue à la promotion de la culture, à la reconnaissance de l’homme, encourage les échanges, le dialogue, source d’enrichissement mutuel, de reconnaissance mutuelle », insiste M. Ndiaye, car, « c’est l’ignorance de l’autre, le manque de culture qui est cause, le plus souvent, de nos conflits ».

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ZENIT Staff

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