L'homélie, une parole inspirée par la Parole

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Présentation du nouveau Directoire sur l’homélie

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L’homélie « n’est pas un discours quelconque, mais une parole inspirée par la Parole de Dieu », déclare le cardinal Sarah à l’occasion de la publication du “Directoire sur l’homélie” rédigé par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Le cardinal Robert Sarah, préfet du dicastère, Mgr Arthur Roche, secrétaire, le P. Corrado Maggioni, SMM, sous-secrétaire, et M. Filippo Riva, official du Conseil pontifical pour les communications sociales, ont présenté le « directoire », ce mardi matin, 10 février 2015, au Vatican.

Le cardinal Sarah a fait observer que « c’est l’homélie, appréciée comme belle ou mauvaise, intéressante ou ennuyeuse, qui détermine souvent la réussite ou non de la célébration entière » : si « l’homélie n’est pas la messe », elle en représente « un moment important ».

Bien qu’il « ne puisse résoudre tous les problèmes », le directoire a « pour objectif d’offrir une réponse » pour « améliorer le service des ministres ordonnés et de la prédication liturgique », a-t-il expliqué. Le pape François en a approuvé le texte définitif.

La genèse du directoire

Le cardinal a rappelé que ce document avait été demandé par les pères du synode de 2005 sur l’Eucharistie et du synode de 2008 sur la Parole de Dieu. Cette demande a été relayée par Benoît XVI dans les exhortation apostoliques Sacramentum caritatis (2007) et Verbum Domini (2010).

« Prêcher d’une manière juste en s’appuyant sur le lectionnaire est véritablement un art qui doit être développé. Par conséquent (…) je demande aux autorités compétentes de penser aux instruments et aux outils appropriés pour aider les ministres à assurer le mieux possible leur ministère, en élaborant par exemple un Directoire sur l’homélie de façon que les prédicateurs y puissent trouver une aide précieuse pour se préparer à l’exercice de leur ministère », écrivait Benoît XVI (VD 60).

Ce projet a été « accéléré » par l’insistance du pape François sur les homélies, notamment dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium qui traite de cette question dans 35 paragraphes (nn. 135-159) dont 15 consacrés à la préparation de la prédication (nn. 145-159) : « Je m’attarderai en particulier, et avec un certain soin, à l’homélie et à sa préparation, car les réclamations à l’égard de ce grand ministère sont nombreuses, et nous ne pouvons pas faire la sourde oreille. » (EG 135).

Mission du ministre ordonné

« L’homélie est un service liturgique réservé au ministre ordonné, qui est appelé par vocation à servir la Parole de Dieu selon la foi de l’Église », a précisé le cardinal : « Elle n’est pas un discours quelconque, mais une parole inspirée de la Parole de Dieu qui résonne dans une assemblée de croyants, dans le contexte d’une action liturgique, en vue d’apprendre à pratiquer l’Évangile de Jésus-Christ. »

En ce sens, elle « met en cause celui qui la prononce » : « la technique ne suffit pas » car « l’homélie doit exprimer la vie du prêtre ». C’est pourquoi « sa préparation demande étude et prière, expérience de Dieu et connaissance de la communauté à qui l’on s’adresse, amour pour les saints Mystères et amour pour le Corps vivant du Christ qui est l’Église », a poursuivi le cardinal.  

Mgr Roche lui a fait écho en soulignant que « la prédication dans l’homélie est une des parties principales de la pastorale des ministres, qui consiste à annoncer l’Évangile de Jésus Christ ».

Pour l’archevêque, « l’homélie ne peut être improvisée ». Le pasteur doit « se demander sans cesse quelles compétences il doit cultiver, quels sont les réels besoins et les attentes de la communauté », comme le pape François le souligne : « La préparation de la prédication est une tâche si importante qu’il convient d’y consacrer un temps prolongé d’étude, de prière, de réflexion et de créativité pastorale. » (EG n. 145).

Une bonne homélie doit « conduire à goûter ce qui sort de la bouche de Dieu, ouvrir les cœurs à l’action de grâce, alimenter la foi dans les œuvres de l’Esprit-Saint, préparer à une communion sacramentelle fructueuse avec le Christ, et exhorter à vivre ce qui est reçu dans le sacrement », a affirmé Mgr Roche en estimant que les « talents d’orateur » étaient inutiles s’ils ne suscitaient pas ces effets.

Quelques règles pour l’homélie

L’homélie ne doit être « ni trop longue, ni trop brève », précise le directoire : mais la longueur d’une homélie « dépend de la culture où l’on se trouve », a fait observer le cardinal Sarah : « si en occident, 20 minutes c’est trop, en Afrique, 20 minutes ne suffit pas, car les gens viennent de loin pour écouter la Parole de Dieu… nourrir le peuple de Dieu dépend de la culture… Dans une culture qui n’a pas le temps, il est difficile de prêcher longuement ».

Le P. Maggioni a noté que le temps consacré à l’homélie dépendait « d’une série de variantes », car « l’homélie est liée au rythme de la célébration » et elle « doit être en proportion avec le reste de la messe ». Avec les enfants, « l’homélie peut être dialoguée », a-t-il ajouté.

« Le plus important est que l’homélie ne soit pas ennuyeuse… le prêtre a la responsabilité d’apporter les réalités de la vie de Dieu et de les appliquer aux réalités de la vie de la personne humaine », a souligné Mgr Roche.

Quant à la matière de l’homélie, a précisé le cardinal Sarah, elle doit être suscitée « par les Écritures disposées par l’Église dans le lectionnaire » et « par la célébration dans laquelle ceslectures sont insérées, c’est-à-dire par les prières et les rites qui constituent cette liturgie, dont le protagoniste principal est Dieu, par le Christ son Fils, dans la puissance de l’Esprit-Saint ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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