« L'héritage de Jean-Paul II est devant nous », par Mgr Léonard

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Prédicateur des Exercices spirituels au Vatican en 1999

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ROME, Mercredi 13 avril 2005 (ZENIT.org) – « L’héritage de Jean-Paul II, un peu comme celui – toutes proportions gardées – du Concile Vatican II n’est pas derrière nous, mais devant nous, comme un programme », explique Mgr Léonard.

Mgr André-Mutien Léonard, évêque de Namur (Belgique, cf. http://www.diocesedenamur.be/index.asp), a été pendant plus de vingt ans professeur à l’université catholique de Louvain, et pendant treize ans supérieur du séminaire Saint-Paul de Louvain la Neuve. Il est docteur en philosophie et membre de la commission théologique internationale. Il a vécu la majeure partie de son ministère parmi les jeunes. Il est l’auteur de dix-huit ouvrages depuis 1970 et vient de publier: « La mort et son au-delà ». Jean-Paul II l’a appelé à prêcher les exercices spirituels au Vatican en 1999. Il évoque pour les lecteurs de Zenit la figure paternelle de Jean-Paul II.

Zenit : Le monde entier vient de rendre un hommage sans précédent au défunt pontife romain. Comment lire cette réaction? Pour vous, qui est Jean-Paul II?

Mgr Léonard – Jean-Paul II s’est comporté comme le curé du monde entier. Il est allé au devant de tous les peuples de la terre pour les rencontrer. Ces dernières années, ses visites pastorales lui ont coûté un énorme effort moral et physique. Les gens l’ont compris. Ils ont voulu aller à la rencontre de celui qui les avait tant cherchés de par le monde. Pour cela, ils ont été prêts à supporter un grand inconfort et de longues heures de patience. C’était leur manière, simple et éloquente, de rendre amour pour amour à ce Pape qui les a tant aimés. Par-delà les grands thèmes d’un pontificat exceptionnellement riche, méritant une profonde reconnaissance, c’est le cœur qui a parlé. Et c’était très bien.

Zenit : Jean-Paul II vous a choisi comme évêque de Namur, il vous a appelé pour prêcher la retraite de carême au Vatican: quelle parole ou quel « instantané » gardez-vous des rencontres plus personnelles avec lui?

Mgr Léonard : Je n’ai jamais connu mon père de la terre. Il est mort à la guerre quand j’avais dix jours. Jean-Paul II a été en quelque sorte pour moi un autre père. C’est lui qui m’a fait largement ce que je suis. Il m’a résolument nommé évêque de Namur en 1991. Et je lui suis redevable de tant d’inspirations et d’encouragements. Il m’a, en ce sens, engendré, comme un vrai père. En m’appelant à lui prêcher le Carême de 1999, il m’a fait une énorme confiance. Au terme de cette retraite, il m’a reçu une demi-heure pour un beau partage spirituel qui m’a beaucoup marqué. Quand il a pris congé de moi, il m’a serré dans ses bras avec tant d’affection que j’ai ressenti son amour comme un véritable amour paternel. Je l’ai donc pleuré, à sa mort, comme un fils pleure son père bien-aimé. Et tant d’autres l’ont fait avec moi.

Zenit : Ce dimanche, place saint-Pierre, les fidèles sont venus, un peu désorientés, sous cette fenêtre qui est restée fermée à midi. Mais ils étaient des milliers pour la messe des « novendials » dans la basilique le soir. Comment aider les fidèles à vivre ces jours, où le siège de Pierre est vacant ?

Mgr Léonard : Pendant la vacance du Saint-Siège, il faut beaucoup prier pour le Pape Jean-Paul II, mais aussi avec lui, tout spécialement pour que le Conclave soit parfaitement docile aux inspirations de l’Esprit Saint et élise bientôt un nouveau Pape qui, à défaut de « remplacer » Jean-Paul II, devra lui « succéder » avec beaucoup de courage et de confiance.

Zenit : Comment faire nôtre l’héritage que laisse le Saint-Père?

Mgr Léonard : L’héritage de Jean-Paul II, un peu comme celui – toutes proportions gardées – du Concile Vatican II n’est pas derrière nous, mais devant nous, comme un programme qui devra nous inspirer longtemps encore. Son successeur le prolongera immanquablement, mais à sa manière, car un Pape peut s’inspirer de son prédécesseur, mais non le copier. Il faudra surtout conjuguer, d’une manière nouvelle, la solidité doctrinale de Jean-Paul II, son ouverture prophétique aux inspirations de l’Esprit et son immense charité pastorale.

Zenit : Et se préparer à accueillir celui que l’Esprit appellera à lui succéder?

Mgr Léonard : Il faut surtout éviter d’avoir des idées toutes faites et trop précises sur ce que sera et qui sera le successeur de Jean-Paul II. Laissons les cardinaux discerner dans la prière celui que l’Esprit Saint a en vue. Quand la fumée blanche sortira, accueillons l’envoyé du Seigneur d’un cœur bien large. Et soutenons-le de notre prière et de notre amour filial.

Zenit : Qu’aimeriez-vous ajouter à l’adresse de nos lecteurs?

Mgr Léonard : Tout est dans les mains de Dieu et c’est sa Providence qui, en dernière analyse, conduit tout. Même ce qui, dans un premier temps, nous déçoit parfois, devient ensuite farine au bon moulin de la grâce. Soyons donc pleins de confiance. Avec le nouveau Pape, avançons au large, très bientôt. Nous ne serons pas déçus. Comme disait Thérèse de Lisieux, « on obtient de Dieu tout autant qu’on en espère ». Espérons donc le maximum. Et nous serons comblés. C’est le sens du mot célèbre de Julienne de Norwich: « vous verrez que tout finira bien ! »

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ZENIT Staff

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