L’Eucharistie et le défi des sectes en Afrique

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Une « source d’énergie »

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ROME, Mardi 11 octobre 2005 (ZENIT.org) – « La spiritualité eucharistique est une source d’énergie que les jeunes ne peuvent pas trouver dans tous les parcours spirituels que leur proposent les églises dites de réveil ou sectes », affirme Mgr Makaya Loembe, évêque de Pointe-Noire, en République démocratique du Congo.

Plusieurs évêques africains présents au synode sont intervenus lors des deux congrégations de lundi et la congrégation de mardi matin, comme Mgr Jean-Claude Makaya Loembe, évêque de Pointe-Noire (RDC), Mgr Frédéric Rubwejanga, évêque de Kibungo, au Rwanda, – qui évoquait le sens de la célébration eucharistique après le génocide -, et Mgr François-Xavier Yambandje, évêque de Bossangoa, président de la conférence épiscopale de la République centrafricaine, qui évoquait le défi des sectes. Mgr John Olorunfemi Onaiyekan, archevêque d’Abuja évoquait même le prochain synode pour l’Afrique.

« Depuis 1992, expliquait l’évêque de Pointe-Noire, les jeunes de l’Afrique centrale vivent de manière pénible l’éclatement des structures sociales garantes de leur éducation et le fait que la région et l’ethnie dans leurs pays sont devenues des prétextes de repli sur soi et d’exclusion des autres. Devant l’éclatement de leurs pays, provoqué par la violence et la délinquance entretenues par les adultes, certains jeunes se sont livrés à la drogue, l’alcool, la prostitution, la violence… La conséquence évidente chez les jeunes a été la perte des repères moraux et spirituels. C’est ainsi que de nombreux jeunes se sont tournés vers les sectes où ils espèrent trouver des solutions faciles à leurs problèmes matériels et spirituels ».

La spiritualité eucharistique est une source d’énergie
« Les jeunes ont besoin, comme le dit le n°79 de l’Instrumentum Laboris “de construire une société où prévalent la communion, la solidarité, la liberté, le respect des personnes, l’espérance et la confiance en Dieu” », soulignait l’archevêque.

Il affirmait cette position des évêques de son pays : « Au sein de notre Conférence épiscopale du Congo, nous pensons que la Spiritualité eucharistique est une source d’énergie que les jeunes ne peuvent pas trouver dans tous les parcours spirituels que leur proposent les églises dites de réveil ou sectes ».

Il ajoutait, toujours à propos de l’éducation des jeunes : « En comprenant que la Spiritualité eucharistique répond à la culture de la vie, nos jeunes peuvent apprendre à réfléchir sereinement sur leurs relations garçons et filles, sur leur sexualité et ses exigences ».

L’évêque concluait sur le thème de la JMJ 2005 : « Nos jeunes sont capables de vivre une relation profonde avec le Christ dans un élan d’adoration et de vivre des fruits obtenus dans cet accueil de la présence du Christ. Nous espérons que ce Synode réservera un paragraphe où seront consignées quelques indications précises sur cette Spiritualité eucharistique dont ils ont déjà eu un avant-goût dans le thème développé pendant les JMJ de Cologne:“Nous sommes venus l’adorer”. »

Pour sa part, Mgr Rubwejanga, évêque de Kibungo (Rwanda), soulignait comment l’eucharistie est un « remède au péché ». il faisait observer que « la culture post-moderne sécularisée, se refuse à regarder en face et à intégrer dans sa vision du monde, l’expérience quotidienne de la souffrance et de la mort ».

L’Eucharistie, remède au péché
Il expliquait : « Ces deux réalités sont occultées par les découvertes techniques extraordinaires dont l’homme se glorifie, mais elles résistent à ce genre de traitement superficiel.
La même expérience de souffrance et de mort est vécue différemment chez l’homme moins avancé en technologie; chez lui, elle est acceptée comme une réalité, parfois même comme une fatalité. Le Concile Vatican II parle d’un déséquilibre qui, finalement, s’explique par le péché de l’homme ».

« L’Eucharistie, comprise comme l’actualisation du sacrifice de la Croix, est le remède tout indiqué à ce péché et à la mentalité d’où il surgit, affirmait l’évêque rwandais. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas célébrer tranquillement la mort salvifique de Jésus sans nous laisser interpeller par des situations dramatiques de tant d’hommes et de femmes ».

Puis il en tirait les conséquences sociales : « Le Mystère pascal que le sacrement de l’Eucharistie nous fait vivre intensément devrait nous rendre continuellement sensibles à la misère d’autrui. On a cité ici l’interpellation de Saint Jean Chrysostome qui montre le paradoxe de soigner le Corps du Christ en ornant l’autel, mais sans prendre soin des pauvres. Il fallait faire l’un sans oublier l’autre ».

Il évoquait le génocide de 1994 et ses « massacres inouïs », en rappelant que « les médias ont diffusé ces événements et le monde en fut ému » et que le pays a « bénéficié assez largement de l’aide du Saint-Siège, de la Caritas Internationalis et des Caritas des Églises sœurs du Nord ».

Mgr Rubwejanga exprimait ainsi sa gratitude, en particulier envers le pape Jean-Paul II : « Nous en sommes profondément reconnaissants. Surtout l’intervention courageuse et pertinente du Pape Jean-Paul II a été appréciée. Le Pape a été le premier à tirer la sonnette d’alarme, pour dire les choses par leur nom et dénoncer ouvertement le génocide qui se commettait. La Communauté Internationale hésitait à parler de génocide pour ne pas devoir intervenir. Nous avons dans cette intervention du Pape Jean-Paul II un modèle de sensibilité ecclésiale que la célébration eucharistique devrait nous pousser à imiter ».

L’eucharistie rejoint le drame où les innocents ont péri
Parmi les conséquences du génocide, il faisait également observer : « Par ailleurs, il s’est fait que certaines personnes ont été tuées dans nos églises. Après un temps de consternation, il a été question de célébrer encore l’Eucharistie en ces églises profanées. Mais des voix se sont élevées pour s’y opposer. Car, disait-on, ces lieux rappelaient des choses horribles. Avec la délicatesse voulue, nous les responsables, avons amené les fidèles à comprendre que la célébration eucharistique, loin de briser le deuil, le soutenait et l’éclairait. Car, en célébrant la mort de l’Innocent Jésus, on rejoignait le drame où les innocents ont péri ».

L’évêque rwandais faisait observer que « ces célébrations eucharistiques ont bien repris progressivement et deviennent aujourd’hui plus importantes qu’avant le génocide. Il y a eu certes quelques défections, et les défis ne manquent pas, notamment celui de la réconciliation, mais la grande majorité des survivants du drame national a compris, mieux que jamais, la nécessité du sacrement de l’Eucharistie qui rassemble et scelle les liens de fraternité rompus. Parmi le signes prometteurs, il y a l’accroissement de la dévotion à Notre Dame de Kibeho, dont les apparitions ont été reconnues par l’évêque du lieu, voici quatre ans. Le message central de ces apparitions fut la conversion pendant qu’il est encore temps. Après le génocide ce message a été compris comme une prémonition que la Mère du Verbe nous a adressée, douze ans avant la catastrophe. Ainsi, la Vierge Marie est toujours auprès de son Fils qui se donne en sacrifice pour le salut des hommes, ses frères ».

Le danger des sectes était également souligné par Mgr Yambandje, évêque de Bossangoa. Il faisait observer que d’une part les célébrations eucharistiques sont, en Centre Afrique, « des moments de fête, de retrouvailles où le sens du sacré donne de la profondeur à ce qui est vécu ainsi ».

D’autre part, il déplorait qu’une « catégorie de fidèles » ne puisse « communier parfaitement à la source de cette vie, même s’ils en
gardent le souvenir merveilleux qui les soutient encore dans leur engagement chrétien ».

Il regrettait que « les sectes et autres cherchent toujours parmi nos meilleurs chrétiens en difficulté de vie, leurs adeptes futurs. Il est peut-être temps de penser un chemin pastoral pour les préserver de l’irréparable ».

« Que leur faim de pain de vie inassouvie ne les pousse pas à chercher ailleurs ce qu’ils ne peuvent plus espérer trouver chez nous », concluait l’évêque centre-africain.

Des propositions pour le synode africain
Pour sa part, Mgr John Olorunfemi Onaiyekan, archevêque d’Abuja, président de la conférence épiscopale du Nigeria et président du symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (S.E.C.A.M.), abordait la question de l’inculturation et des rites liturgiques, puis les aspects sociaux de la communion eucharistique, et il proposait des thèmes pour le prochain synode pour l’Afrique.

Il disait en particulier : « À l’occasion de la célébration du Synode Africain (Synode Spécial pour l’Afrique), déjà annoncé par le Pape Benoît XVI, les questions très importantes comme les suivantes, devraient figurer à l’ordre du jour:
– Inculturation du culte divin et Liturgie en Afrique
– Contexte général actuel de la «Mondialisation» et Mission de l’Église
– Solidarité inter-ecclésiale. Échanges et entraides.
– Situation et avenir des Instituts Missionnaires et des Congrégations Religieuses.
– Développement général de l’Afrique et engagements de l’Église.
– Défis de la Mission et voies de recherche théologique en Afrique ».

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ZENIT Staff

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