L’eschatologie un peu « laissée dans l’ombre » par l’Instrumentum Laboris

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Eucharistie et résurrection de la chair par le P. Pantaloni

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ROME, Mardi 11 octobre 2005 (ZENIT.org) – Le rapport entre Eucharistie et résurrection de la chair doit être davantage souligné, a fait observer le Père Andrea Pantaloni, abbé général de la congrégation bénédictine Silvestrine : il faisait observer que « dans tout l’Instrumentum Laboris, l’eschatologie est un peu laissée dans l’ombre ». Il souhaite qu’elle soit présente dans les « propositions » et dans le message du synode.

« Pour moi, disait d’emblée l’abbé bénédictin, il est nécessaire de réaffirmer que le mystère eucharistique trouve son origine et son fondement dans la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ. C’est un fait historique. Je suggère que le Synode réaffirme la certitude de foi de la résurrection de la chair pour les fidèles qui mangent le Corps du Seigneur et qui boivent son Sang: “Qui mange ce pain vivra à jamais” (Jn 6,58). Convaincus de cela, les Pères de l’Église se sont exprimés à ce sujet. Saint Cyril d’Alexandrie, dans son Commentaire à l’Évangile de Jean, livre 10, dit: “Le Sauveur a dit: ‘Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui’ (Jn 6,56). La portée de cette œuvre est digne d’attention: le Christ dit qu’il ne viendra pas seulement en nous pour avoir une certaine relation affective, mais aussi pour participer à notre nature. Comme si on faisait fondre ensemble sur le feu deux morceaux de cire pour en faire un seul, ainsi, ainsi, en communiant au corps du Christ et à son sang précieux, nous devenons une seule chose, il est en nous et nous en lui. Ce qui, par nature, est corruptible ne peut être vivifié autrement qu’en étant uni corporellement au Corps de celui qui, par nature, est la vie, autrement dit le Fils Unique”. »

C’est pourquoi il faisait observer : « Les saints vivaient le mystère eucharistique avec l’idée de la Résurrection. “Dilectus Domini Benedictus, corpore et sanguine Dominico munitus… erectis in ceolum manibus, inter verba orationis spiritum efflavit…”. C’est par la prière et l’action de grâce que les 40.000 femmes et hommes qui suivent encore aujourd’hui la Règle de saint Benoît dans le monde s’adressent à Dieu chaque jour ».

« Aux numéros 68 et 69 et dans tout l’Instrumentum Laboris, précisait l’abbé Pantaloni, l’eschatologie est un peu laissée dans l’ombre. Il y a bien le titre “Attente du Seigneur”, mais ensuite il n’est pas question de la mort comme passage vers l’éternité; du Viatique comme gage de la résurrection future de la chair. Le n°9 traite du “sens chrétien de la vie”, mais ensuite il n’est pas fait allusion à la résurrection de la chair pour le croyant. Je considère donc que l’Instrumentum Laboris n’a pas suffisamment développé l’eschatologie au n°68. Cette insuffisance met encore plus en relief la nécessité de faire de la proclamation de la Résurrection et de la certitude de foi dans notre propre résurrection l’un des points centraux du Synode. Manger la chair du Christ et boire son Sang “dignement”, comme le dit saint Paul , est le gage, le principe et le germe certain de la résurrection de notre chair. La mission de l’Église est d’annoncer la résurrection de la chair: tout le reste se réduit à bien peu de chose, et ne sera jamais Évangile ».

L’abbé insistait également sur el lien entre création et eucharistie en disant : « Non seulement l’homme, mais toute la création, attendent les cieux nouveaux et la terre nouvelle, ainsi que la récapitulation de toute chose, y compris les choses terrestres, dans le Christ. Je considère que le problème le plus pressant pour les hommes d’aujourd’hui est de savoir ce qui se passera après leur mort! Or tel est précisément le proprium du Christianisme: la résurrection de la chair, que l’Eucharistie proclame et offre ».

« Si on ne comprend pas la relation entre Eucharistie et Résurrection de la chair, avertissait l’abbé Pantaloni, on risque de tomber dans une dévotion superficielle et repliée sur elle-même, ou dans une philanthropie qui a bien peu à voir avec l’évangélisation véritable – la bonne nouvelle de la vie qui ne meurt pas – et qui a donc très peu ou pas du tout d’élan missionnaire et évangélisateur. “Sauver” les autres veut dire faire en sorte qu’ils connaissent et croient à la vie qui ne finit pas, qu’ils croient en Celui que le Père a envoyé afin que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance. Le but principal de l’Eucharistie est d’annoncer l’Évangile de la Résurrection de la chair et le faire vivre dès à présent. Si l’on n’offre pas cet Évangile aux personnes, soit l’Eucharistie ne les intéresse pas, soit elle devient de la magie, soit encore elle se réduit à une dévotion sentimentale stérile. Mais l’Évangélisation doit aller plus loin, et ce plus loin promouvra avec force l’Eucharistie comprise, crue, reçue et vécue, comme germe de la vie éternelle, de l’immortalité ».

Il proposait finalement que l’eschatologie fasse l’objet d’une ou de plusieurs “propositions” finales et qu’elle soit citée dans le message final du synode.

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ZENIT Staff

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