L'enfant et sa santé au centre des préoccupations de l'Eglise

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Conférence de l’OMS à Genève

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CITE DU VATICAN, Mercredi 21 mai 2003 (ZENIT.org) – L’enfant et sa santé sont au centre des préoccupations pastorales de l’Eglise qui demande des mesures concrètes à l’OMS pour lutter contre la pauvreté et pour le développement psychologique et social de l’enfant.

Mgr Barragan dénonce aussi bien le scandale de la faim, les enfants soldats, que celui des enfants abandonnés aux programmes télévisés ou aux jeux vidéo.

Mgr Javier Lozano Barragán, président du conseil pontifical pour la pastorale du monde de la santé est en effet intervenu sur ce thème, en espagnol, ce matin à Genève au cours de la 46e assemblée plénière de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Mgr Barragan mettait l’accent sur deux points. « Pour améliorer l’environnement de l’enfant, il faut en priorité combattre efficacement la pauvreté au niveau national et international, et fortifier la famille en même temps qu’une formation scolaire authentique ».

A propos du premier point –  » combattre la pauvreté par les moyens adéquats à l’intérieur de l’économie globale » – Mgr Barragan précise: « Une économie qui a sa fin en soi ne peut jamais qu’engendrer des injustices à tous les niveaux. L’économie, globalisée ou non, est faite pour la personne et non la personne pour l’économie. Le temps est venu de prendre au sérieux l’exigence du bien commun international que nous pourrions appeler maintenant le bien « global » international. L’inégalité existant entre les pays développés et les pays en voie de développement est absolument insoutenable ».

Ensuite, Mgr Barragan recommandait des mesures visant le comportement et le développement psychologique et social de l’enfant. « L’enfant, en tant que personne humaine, est un être très complet, et les aspects physiques, sexuels, psychiques, mentaux, économiques, sociaux, politiques et spirituels s’entrelacent: comme les vases communicants, ils exigent un environnement holistique et non sectoriel. Le comportement d’un enfant est l’auto-développement de ses propres projets vitaux; pour cela, il doit savoir qui il est, ce qu’il désire, ce qu’il construit, et ce qui le détruit; et dans cette complexité, il a besoin d’une direction claire et ferme ».

Quelle réponse donner? Mgr Baragan rappelait que « le milieu principal de l’auto-compréhension de l’enfant est l’affection et l’amour et la direction sûre donnée par ses parents, et par toute sa famille, et lorsque cela manque, le développement des autres aspects devient difficile et parfois nocif. Le milieu à privilégier est un milieu familial sain, que constitue une famille stable et bien fondée qui équilibre tous les autres aspects de la croissance de la personne humaine. L’école, à l’intérieur de la communauté éducative qui forme véritablement l’enfant doit être le milieu qui prolonge la famille (…). Elle exige une continuité (…) entre la famille et la communauté scolaire qui introduise (…) l’enfant dans le milieu social complet ».

« Devant la situation préoccupante de l’environnement de l’enfant, les 7 orientations que propose l’OMS pour l’avenir me semblent très adéquates, soulignait Mgr Barragan. Je pense en effet que l’on doit donner la priorité à la santé materno-infantile, prévenir les maladies contagieuses infantiles, éviter les accidents, améliorer l’environnement physique – spécialement en ce qui concerne l’eau, l’hygiène et les sanitaires, la pollution de l’environnement, les vecteurs de maladies, les dangers que représentent les composants chimiques, les coups et les accidents, la conduite des enfants et des adolescents, leur développement psychique et social, et l’attention aux enfants en situation spécial de risque comme les « enfants des rues ». « 

Mgr Baragan soulignait en effet des chiffres alarmants.
« Au cours de la décennie passée, disait-il, plus de deux millions d’enfants ont été assassinés dans les conflits armés, six millions sont restés invalides, des dizaines de milliers ont été mutilés par les mines anti-personnel; en 2002, 300.000 enfants ont été recrutés comme soldats, plus de 4, 3 millions d’enfants sont morts du sida, chaque jour, en Afrique, 7.000 enfants contractent le sida, et plus de 14 millions d’enfants sont orphelins du fait du sida. La pauvreté demeure la cause principale des maladies de l’enfant. 1, 2 milliard de personnes vivent avec moins de un dollar par jour. Même dans les pays les plus riches, un enfant sur six vit en dessous du seuil de pauvreté. Le fossé entre riches et pauvres se creuse chaque jour davantage. Et 30 % des enfants de moins de cinq ans souffre de la faim, ou sont mal nourris; 50 % de la population subsaharienne manque d’eau potable ».

Mais ce n’est pas tout. Mgr Barragan citait d’autres statistiques officielles: « 250 millions d’enfants de moins de 15 ans travaillent, dont 50 à 60 millions dans des conditions dangereuses. Selon l’organisation mondiale du travail, 120 millions de petits garçons et de petites filles entre 5 et 14 ans travaillent à temps complet, et pour beaucoup, six jours ou 7 jours par semaine. Il sont souvent contraints de le faire enfermés dans des locaux sans ventilation, mal éclairés et avec des gardes armés pour éviter qu’ils ne s’échappent ».

Mgr Barragan soulignait un autre problème, celui des enfants et des adolescents « abandonnés à eux-mêmes et à leurs instincts ». « Leur environnement est Internet et la télévision. Dans le monde entier on trouve des lecteurs stéréo de compact-disques, des ordinateurs, des « play-stations », des caméras numériques, des téléphones portables. Mais il n’y a aucun contrôle des programmes télévisés ou d’Internet, aucune forme de direction morale. On assiste à l’expansion du commerce sexuel et de la pédophilie, de la violence dans les écoles, des crimes, etc. Selon les données de l’ ISTAT, dans de nombreux pays un enfant en âge scolaire aura déjà vu 15.000 heures de télévision et aura « assisté » à 18.000 homicides dans un environnement plein de violence, de sexe et de drogue ».

« De nombreuses familles, déplorait Mgr Barragan, ont renoncé à leur devoir d’éducation. Le père et la mère travaillent et n’ont jamais de temps pour leurs enfants. Ils ne leur donnent pas l’amour, l’attention, la communication personnelle, la formation de leur conscience morale, ne leur enseignent pas à distinguer entre ce qui est bien et ce qui est mal. Mais c’est encore pire lorsque les familles sont divisées ou se partagent les enfants. Souvent, l’éducation scolaire se réduit à une simple information et renonce à la formation authentique du fait de la consigne de ne pas être « directif », parce qu’on estime que la norme entamerait le droit des enfants à l’autodétermination ».

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Rédaction

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