« L’éloge de la femme » : Méditation du prédicateur de la Maison pontificale

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Commentaire de la première lecture du dimanche 13 novembre

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ROME, Vendredi 11 novembre 2005 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de la première lecture de ce dimanche, tirée du livre des Proverbes, que proposait cette semaine le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale, dans l’hebdomadaire catholique italien « Famiglia cristiana ».

XXXIIIe Dimanche du temps ordinaire (Année A) – 13 novembre 2005

L’éloge de la femme

Livre des Proverbes 31,10-13.19-20.30-31.

La femme vaillante, qui donc peut la trouver ? Elle est infiniment plus précieuse que les perles.
Son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter, elle l’enrichira.
Tous les jours de sa vie, elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur.
Elle a fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain.
Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau.
Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux.
Décevante est la grâce, et vaine la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange.
Reconnaissez les fruits de son travail : sur la place publique, on fera l’éloge de son activité.

© AELF

Pour une fois, au lieu de concentrer notre attention sur l’Evangile (la parabole des talents), nous allons la concentrer sur la première lecture, tirée du livre des Proverbes, qui parle de la grandeur et de la dignité de la femme. L’éloge qu’on y trouve, aussi beau soit-il, a un défaut qui ne dépend pas de la Bible, mais de l’époque et de la culture qu’il reflète. Il part d’une vision masculine : heureux l’homme qui possède une femme qui lui tisse de beaux vêtements, fait honneur à sa maison, lui permet de marcher la tête haute. Aujourd’hui les femmes ne seraient pas enthousiastes de cet éloge.

Pour connaître la pensée biblique vraie et définitive sur la femme, il faut tourner son regard vers Jésus. Il n’était pas, comme on le dirait aujourd’hui, « féministe » ; il n’a jamais fait une analyse ou une critique explicite des institutions et des relations entre les classes ou entre les sexes. Dans sa mission, la différence entre l’homme et la femme n’a aucun poids. Ils sont tous deux des images de Dieu, tous deux ont besoin de la rédemption. Précisément pour cette raison, Jésus est en mesure de mettre à nu les déformations qui ont conduit à la situation de soumission de la femme par rapport à l’homme. Jésus est libre par rapport à la femme : il ne la voit pas comme un piège ou une menace, et cela lui permet de briser de nombreux préjugés.

Jésus ne dédaigne pas de parler avec des femmes, de leur enseigner, d’en faire des disciples. Ressuscité, il apparaît d’abord à quelques femmes qui deviennent ainsi ses premiers témoins. Jamais de sa bouche ne sort une parole de mépris ou d’ironie à l’égard de la femme, ce qui était une sorte de lieu commun dans la culture de l’époque, empreinte de misogynie. La santé de la femme est aussi important pour Jésus que celle de l’homme. Pour cette raison, un grand nombre de ses miracles concernent les femmes.

L’un d’entre eux me touche particulièrement : la guérison de la femme qui depuis 18 ans « était toute courbée et ne pouvait absolument pas se redresser » (Lc 13, 10ss). Jésus l’appela et lui dit : « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité ». A l’instant même elle se redressa et glorifia Dieu. Cette femme courbée à qui Jésus crie : « Tu es libre ! » et qui peut lever la tête, regarder les personnes en face, voir le ciel, glorifier Dieu, se sentir elle aussi une personne, est un symbole puissant. Ce n’est pas seulement une femme ; c’est la condition de la femme qui est représentée ; c’est la foule innombrable des femmes qui marchent courbées, non pas à cause d’une maladie, mais de l’oppression à laquelle elles ont été soumises dans presque toutes les cultures. Quelle libération, quelle espérance, renferme ce cri de Jésus !

L’un des faits les plus positifs de notre époque est l’émancipation des femmes, l’égalité des droits.
Dans la lettre apostolique sur la dignité de la femme Mulieris dignitatem, Jean-Paul II a souligné la contribution que l’Eglise entend donner à ce signe des temps. La femme (de même que l’homme) a un puissant allié sur ce chemin de libération authentique : l’Esprit Saint. « L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu » (Rm 8, 16) et nous donne le vrai sens de notre dignité et liberté. En hébreu, le nom de l’Esprit Saint, Rúah, est féminin. Mais sans trop insister sur ce fait, il est certain qu’il existe une affinité, une connivence, une certaine complicité entre l’Esprit Saint et la femme. On l’appelle le Paraclet, qui signifie consolateur, et « Esprit de vie » ; celui qui « réchauffe ce qui est gelé et guérit ce qui est blessé ». Qui, plus que la femme, partage, dans le domaine humain, ces prérogatives ?

On dit que la fille d’un roi de France avait l’habitude de traiter très durement sa jeune femme de chambre. Un jour, irritée, elle lui dit : « Tu ne sais pas, peut-être, que je suis la fille de ton roi ? » La jeune femme lui répondit, calmement : « Et toi tu ne sais pas que je suis la fille de ton Dieu ? ».

[Texte original en italien publié dans « Famiglia cristiana » – Traduction réalisée par Zenit]

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ZENIT Staff

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