« L’Eglise n’a pas peur de la vérité historique ! », par Mgr di Falco

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A propos d’un documentaire sur la chaîne française TF1

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ROME, Lundi 28 mai 2007 (ZENIT.org) – « L’Eglise n’a pas peur de la vérité historique ! », rappelle l’évêque de Gap, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, dans ce communiqué à propos d’un documentaire diffusé à la télévision française faisant état de fouilles – à propos desquelles des archéologues chevronnés prennent leurs distances -, et intitulé – sans tenir compte de leurs critiques -: « Le tombeau retrouvé du Christ ».

Communiqué de Mgr di Falco

Ce 29 mai à 23h20, sur TF1, sera présenté un documentaire fiction intitulé « Le tombeau retrouvé du Christ ». Réalisé avec le cinéaste James Cameron, l’auteur du film à succès « Titanic », ce documentaire reprend sous la forme d’une fiction, le déroulement des recherches qui ont été récemment faites autour d’un tombeau par un réalisateur canadien, Simcha Jacobovici. A l’origine de son initiative, des rumeurs selon lesquelles ce tombeau, découvert en 1980, renfermerait en particulier une urne sur laquelle est inscrit « Jésus, fils de Joseph ». Le film est suivi d’un débat entre Simcha Jacobovici et Mgr di Falco. Voici quelques éléments de réflexion publiés sur le site internet du diocèse de Gap (http://www.diocesedegap.com) au sujet de cette découverte.

Il est tout d’abord intéressant de noter que l’intérêt du cinéaste pour ce tombeau coïncide avec le succès commercial de nombreux ouvrages à thème ésotérico-religieux, tels que le Da Vinci Code, alors que le tombeau était connu des archéologues depuis 27 ans. Ces derniers n’avaient apparemment pas jugé nécessaire d’approfondir la présence de l’urne funéraire d’un certain « Jésus, fils de Joseph », cette inscription n’étant pas rare à cet emplacement, à quelques kilomètres de Jérusalem.

La curiosité de Simcha Jacobovici a été suscitée par la présence, dans le même tombeau, d’autres urnes sur lesquelles des graffitis représentent les noms de Joseph, Marie, Marie-Madeleine, Jacques, Matthieu et Judas. La mention de ces prénoms, tous connus dans la Bible, fait ainsi dire au réalisateur qu’il s’agit du tombeau de la famille de Jésus : Jésus, « époux » de Marie-Madeleine, Judas, leur « fils », Jacques, le « frère »… Sur quoi se base-t-il ? La seule analyse ADN a permis de montrer que Jésus et Marie-Madeleine avaient un ADN différent. Simcha Jacobovici en conclut bien rapidement qu’ils sont mari et femme. Or, aucune analyse sur ce Judas, leur prétendu fils…

D’autant que cette conclusion repose sur une statistique douteuse : il y aurait une chance sur 600 pour une telle concordance de prénoms. Mais des archéologues se demandent quelles sources de données ont permis au réalisateur d’établir de telles statistiques puisqu’en Israël, le nombre de tombes non découvertes surpasse des millions de fois le nombre des tombes mises à jour. Par ailleurs, les prénoms de Jésus, Joseph et Marie-Madeleine étaient très fréquents à l’époque. Et même si ces statistiques s’avéraient justes, elles présupposent que Marie-Madeleine et Jésus sont mariés et que Judas est leur fils. Or, aucune indication n’est donnée en ce sens, ni dans la Tradition de l’Eglise, ni dans aucun évangile apocryphe.

D’ailleurs, concernant Marie-Madeleine, un problème survient sur celle qui est ainsi appelée, sans nuance, par le réalisateur. Pour tous les lecteurs du Da Vinci Code et d’autres récits du genre, ce nom de « Marie-Madeleine » fait tilt ; or, sur l’inscription retrouvée, on a le nom « Mariamne », qui pourrait se traduire, d’après les archéologues, « Marie, connue sous le nom de son maître ». Rien ne dit donc qu’il s’agit là de Marie-Madeleine des évangiles, d’autant plus que ce même nom condense la figure de trois femmes : Marie de Magdala, Marie sœur de Lazare et la femme de Béthanie. Autre curiosité, ces tombeaux contiennent des inscriptions en araméen, hébreu et grec ; il est étonnant que, dans une même famille, on ait ainsi des inscriptions de langues différentes.

Enfin, la localisation géographique pose question : si Jésus a été mis au tombeau à Jérusalem puisqu’il y a été crucifié, il n’y a aucune raison à ce que Joseph, père de Jésus, ait été lui aussi enterré (avant Jésus) à Jérusalem et non à Nazareth. De même, si Marie-Madeleine et son prétendu fils Judas ont vécu après la mort de Jésus, on peut supposer qu’ils seraient retournés à Nazareth ou du moins sur les bords du Lac, où ils auraient dû, selon la logique du réalisateur, être enterrés.

En conclusion, la découverte récente de la tombe du roi Hérode, par des archéologues qui ont travaillé dessus pendant une dizaine d’années, paraît plus sérieuse que celle d’un cinéaste et d’un réalisateur dont le premier est particulièrement connu pour ses fictions à succès commerciaux. En outre, l’évangile est passé au feu de la critique depuis 150 ans, et son interprétation dans l’Eglise, reste le meilleur portrait de Jésus qui soit recevable aujourd’hui, le plus crédible et le plus vraisemblable. Mais pour reprendre les propos du Pape Pie XII, qui donnait l’autorisation de faire des fouilles sous la basilique Saint-Pierre, où l’on craignait de ne pas retrouver les restes de saint Pierre, « l’Eglise n’a pas peur de la vérité ».

Mgr Jean-Michel di FALCO LEANDRI
Evêque de Gap

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ZENIT Staff

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